
Accompagné d'une petite délégation de la Conférence des Evêques qu'il préside officiellement depuis le 1er juillet, Mgr Aveline s'est rendu en Terre Sainte du 16 au 20 août. Un voyage de solidarité à l'écoute des problématiques de chacun.
Heureuses qu’on les écoute, les communautés religieuses francophones de Jérusalem enchaînent les témoignages, ce mardi 19 août. Face à elles, dans la co-cathédrale du Patriarcat latin de Jérusalem, le cardinal Jean-Marc Aveline prête attentivement l’oreille. Le président de la Conférence des évêques de France est entouré de ses deux vice-présidents, Mgrs Benoît Bertrand, évêque de Pontoise, et Vincent Jordy, archevêque de Tours.
C’est le troisième jour d’un voyage de solidarité qui a pour objectif « de manifester notre soutien aux communautés chrétiennes locales, et à tous les « amis de la paix », quelles que soient leurs convictions ou religions », explique le cardinal Aveline aux communautés de Jérusalem, invitées à un temps d’échange : “Nous voulons écouter pour mieux comprendre, puis agir avec vous. »

Le frère Daoud Kassabry, directeur directeur du Collège des frères lasalliens évoque alors les problématiques des écoles chrétiennes ; sœur Macha, des petites sœurs de Jésus, parle des difficultés économiques liées à l’absence des pèlerins ; une sœur du Rosaire raconte le manque de perspective de la jeunesse palestinienne… En l’espace d’une heure, c’est un panorama quasi complet des défis rencontrés depuis le début de la guerre par les chrétiens de Jérusalem est dressé.
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Chaleureux et attentif, le cardinal Aveline prend le temps de répondre à chacun, alternant encouragements, spiritualité et empathie : “Notre message aujourd’hui, c’est que vous n’êtes pas seuls. J’ai informé le Pape Léon XIV de notre voyage. Il vous envoie son soutien, et attend nos retours, tout comme Emmanuel Macron.”
De Taybeh à Tel Aviv en passant par Bethléem
Les témoignages de Jérusalem s’ajoutent à ceux entendus à Taybeh, dernier village 100% chrétien de Cisjordanie occupée victime de violentes attaques de colons en juillet. La délégation s’est également rendue à Bethléem, où les familles chrétiennes peinent à joindre les deux bouts par manque de travail, et décident de quitter le pays. « Nous entendons la gravité, a réagi Mgr Aveline devant les communautés de Jérusalem. Il n’est pas impossible qu’il faille un sursaut exceptionnel pour aider les chrétiens à rester. À situation exceptionnelle, réaction exceptionnelle », lance-t-il sans s’étaler.

Alors que l’Église de France a réagi avec parcimonie aux différents développements de la guerre à Gaza, ce voyage en Terre Sainte était une priorité pour le cardinal Aveline, élu en avril à la tête de la CEF, et en poste depuis le 1er juillet. “C’était notre première décision. Nous n’avons pas encore réuni le conseil permanent, mais le premier geste que nous devions poser était de nous rendre ici”, détaille l’archevêque de Marseille lors de la conférence de presse donnée dans la foulée de la rencontre.
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Soucieux des périphéries comme l’était le Pape François, Mgr Aveline a fait de la Méditerranée sa terre d’engagement. “Il y a une très grande attente en France par rapport à notre voyage en Terre Sainte », assure-t-il devant les communautés de Jérusalem. Nous repartons avec des choses à dire à l’Église de France et d’Europe.” Il compte sur les relations bâties lors des Rencontres Méditerranéennes et de la venue du Pape François à Marseille pour créer un réseau d’aide qui inclurait la Terre Sainte.
Mardi matin, les évêques français ont appelé le curé de Gaza, le père Gabriel Romanelli. Alors que l’armée israélienne se prépare à conquérir Gaza-ville, les bombardements se sont intensifiés ces derniers jours autour de la paroisse latine où sont réfugiés près de 600 chrétiens. Le voyage doit se conclure mercredi, avec un passage sur la place des otages de Tel-Aviv.
« Intéressez-vous à ce qui se vit ici, et revenez en Terre Sainte.”
“Ce voyage est avant tout une expérience. Voir les lieux, rencontrer les personnes de chaque côté du mur… Tout cela nous a profondément touchés”, expose Mgr Vincent Jordy. “Nous avons perçu beaucoup de souffrances, de découragement, de désorientation, abonde Mgr Benoît Bertrand. De cela découle deux appels : intéressez-vous à ce qui se vit ici, et revenez en Terre Sainte.”

Relancer les pèlerinages sera ainsi une des priorités, a assuré la délégation de la CEF. “Mais nous avons entendu les communautés locales. Il faudra aussi appeler à un nouveau type de pèlerinage, qui doit s’intéresser aux chrétiens d’ici et à leurs défis”, note Mgr Jean-Marc Aveline, qui veut voir loin : “Ici en Terre sainte, il y a quelque chose du point de vue de l’histoire et du rayonnement qui dépasse la seule responsabilité française. Il y a une responsabilité de toute l’Eglise par rapport à l’Eglise mère de Jérusalem. Il s’agira de traduire cela en acte.”
Le cardinal a également souligné la nécessité de lire le conflit selon une « clé spirituelle » en réfléchissant au lien « profond et vital » de la foi chrétienne avec la foi juive, et en abordant sa complexité à la lumière de l’impossible débat sur les actions de gouvernement israélien et la montée de l’antisémitisme en Europe.
Mgr Aveline a conclu la conférence de presse avec un message d’espérance : « Quand toutes les raisons d’espérer disparaissent il reste dans le coeur de ceux qui croient aux Christ, l’espérance de sa résurrection. Quand tout s’effondre, il reste l’espérance que Dieu fera quelque chose. Le père André Louf, abbé du Monts des Cats écrivait ainsi : « Dieu sait faire des chefs-d’œuvre avec les décombres de nos rêves. » Voilà l’espérance. »