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Les interventions de la Custodie de Terre Sainte en Syrie

Carlo Giorgi
18 mai 2016
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Les interventions de la Custodie de Terre Sainte en Syrie
Désolation. Frère Bassam Zaza observe un immeuble du quartier Er-Ram à Alep, éventré par les bombardements ©Andrea Adevuto/ATS Pro terrasancta.org

Le récit de la visite en Syrie d’ATS Pro Terra Sancta - qui s’est déroulée au début de Pâques et à un moment de calme relatif dans les combats - nous permet d’en apprendre davantage sur la situation dramatique dans laquelle vivent les gens.


La véritable urgence en Syrie ? C’est l’éducation. “Nous étions à Alep et Damas il y a quelques jours, pour prendre la mesure de ce que vit là-bas la Custodie de Terre Sainte  que nous soutenons – explique Tommaso Saltini, directeur d’ATS – Pro Terra Sancta, l’ONG de la Custodie.

Mgr George Abu Khazen, vicaire apostolique latin d’Alep, tout comme Mgr Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie, ont réaffirmé que le plus urgent, pour vraiment regarder vers l’avenir, c’est l’éducation. De nombreuses institutions chrétiennes ont vu leurs écoles détruites par la guerre. La chose la plus importante pour l’avenir de ces jeunes, “c’est de les aider à redémarrer”.

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Le récit de la visite en Syrie d’ATS Pro Terra Sancta – qui s’est déroulée au début de Pâques et à un moment de calme relatif dans les combats – nous permet d’en apprendre davantage sur la situation dramatique dans laquelle vivent les gens. A Alep, les frères travaillent en trois lieux différents : dans la paroisse saint François, au Collège de Terre Sainte et dans la banlieue d’Er-Ram.

La pauvreté d’Alep

Dans la paroisse, un organisme de bienfaisance distribue régulièrement l’aide collectée par les frères – un panier alimentaire, des fournitures pour l’hygiène personnelle et des items de santé de base – à environ 2000 familles. “Compte tenu des besoins – précise Saltini – nous pensons subvenir très bientôt à au moins 3000 familles. Il s’agit de familles de toutes confessions chrétiennes, mais aussi, et cela est loin d’être évident dans le climat de méfiance qui règne, d’un certain nombre de familles musulmanes en difficulté”.

La pauvreté d’Alep est celle d’une ville fortement bombardée. De nombreuses maisons dévastées sont inhabitables. Une grande partie des fonds levés par la Custodie servent à la rénovation d’appartements. De nombreux civils portent des blessures sur leurs corps ; ils auraient besoin d’une chirurgie, de prothèses et de séances de réadaptation coûteuses. “A Alep, un hôpital est soutenu par la Custodie – raconte Saltini -, nous venons de lui fournir de nouvelles machines. Il y a deux autres hôpitaux de congrégations religieuses que nous aimerions être en mesure d’aider”.

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Il y a ensuite l’urgence de l’eau, elle maintient la survie de la population telle suspendue à un fil. De fait, les attentats à la bombe ont détruit les principales canalisations d’eau. Et l’État islamique (Daech) qui assiège la ville, contrôle de façon très stratégique le barrage l’ouvrant et le fermant à volonté. Dans ce contexte, la Custodie a mis en activité trois puits : l’un dans la paroisse, l’un dans le collège et l’autre dans la garnison de Er-Ram. Ils fonctionnent avec trois générateurs alimentés au diesel, le seul carburant que l’on trouve encore mais à des prix exorbitants et au marché noir.

Le robinet du puits de la paroisse donne sur la rue et permet à toute personne qui le désire, chrétien comme musulman, de boire. “La Custodie a également activé un service de minibus permettant d’acheminer l’eau aux personnes âgées et pauvres, détaille Saltini. Les conducteurs, s’ils n’ont pas d’autre emploi, sont payés pour leur service, mais il y a aussi ceux qui décident de le faire bénévolement”.

Une grande nation de croyants

Les habitants d’Alep vivent piégés depuis trop longtemps, pris entre les combats du gouvernement et des rebelles. “Les frères ressentent maintenant très fortement l’urgence de donner une perspective aux jeunes, continue Saltini. Grâce à des cours de formation professionnelle et au maintien de l’école. Mais il serait également important de se consacrer à la prise en charge des traumatismes de guerre, il y aurait besoin de psychologues et d’éducateurs désirant passer un certain temps à Alep, pour mettre en œuvre un travail de soutien efficace”.

Le grand jardin de la Custodie, dans ce contexte, a joué un rôle presque thérapeutique. Notre interlocuteur partage : “Il est telle une oasis pour les gens d’Alep. Chaque après-midi et le week-end il est fréquenté par des centaines de personnes à la recherche d’un peu de repos et de détente. Personne dans cette ville ne peut sortir, se détendre, partir en balade…mais dans ce jardin vous pouvez vous reposer presque en paix, il y a l’eau, l’électricité…Les étudiants, s’ils le souhaitent, ont accès à des salles de classe pour lire. Pour soutenir cette activité, nous avons décidé d’acheter des bus, ils auront pour objectif d’aller ramasser les gens afin de les conduire au jardin, il ne reste plus grand-chose non plus des transports en commun”.

“En Syrie, nous avons été en mesure de rencontrer de nombreuses personnes, en majorité des chrétiens, conclut Saltini. Ce qui m’a frappé c’est leur sentiment de faire partie d’une seule grande nation de croyants. Une jeune m’a dit que, durant ces années de guerre, ce qui l’avait soutenue c’était la foi. Mais pas une foi abstraite ; une foi vive pleine des gestes concrets d’entraide, parce que sinon cela n’aurait aucun sens”. 

Dernière mise à jour: 09/01/2024 20:32

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