Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

La péninsule arabique par une nuit de pleine lune

Marie-Armelle Beaulieu
21 novembre 2016
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À la une du numéro 646


Un jour, un homme voulu en avoir le cœur net. Il se rendit à la préfecture de Marseille et demanda à un préposé : “Combien y a-t-il d’Arabes à Marseille ?”. Du fait de la loi française, la statistique n’existe pas. En effet, en France, depuis la Révolution on est français ou étranger.

Depuis 1872, aucun recensement ne cherche plus à différencier les habitants sur des critères de couleur de peau ou d’ethnie. C’est d’ailleurs inscrit dans le premier article de la Constitution : la République “assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion”.

L’histoire ne dit pas si c’est la bonne volonté du préposé ou l’opiniâtreté du requérant, toujours est-il que le premier interrogea malgré tout les données à sa disposition. Quand enfin il leva le nez de son ordinateur, il annonça à son interlocuteur interloqué : “Deux”.

Deux, comme 1+1, deux… Deux, comme les tours jumelles, comme le nombre de nos mains. Deux comme… Deux ? Non franchement, si il y avait deux Arabes à Marseille ça se saurait !

Et le préposé de s’expliquer : “Il y a deux personnes enregistrées à Marseille originaires d’Arabie Saoudite.” Il y avait donc cette année-là deux Saoudiens à Marseille. Et le préposé avait raison, stricto sensu et sans contrevenir à la loi, eux seuls pouvaient à juste titre être qualifiés d’arabes.

Commencement

Au moment de choisir la photo de Une, nous avons d’abord pensé à mettre un beau visage. On exclut les femmes pour ne pas stigmatiser l’appartenance arabe avec le port du voile ou non. De même pour les djelbab (robes longues portées par quelques hommes) ou les keffiehs (châles) dont les couleurs, les motifs ou la façon de les porter varient d’un pays à l’autre.

Si il ne fallait pas stigmatiser la personne arabe par sa mode vestimentaire, alors pouvait-on le faire avec les traits de son visage ? Qui d’entre nous n’a jamais estimé de quelqu’un qu’il avait une “tête d’arabe” ? Mais c’est quoi une tête d’arabe ? Des quantités de visages et de morphotypes ont défilé dans nos esprits… Nous qui vivons ici, nous nous risquons parfois à dire que celui-ci est syrien, ou égyptien, ou algérien, ou marocain mais bien malin serait celui capable, en regardant ces quatre morphotypes, de leur trouver quelque chose en commun.

C’est ainsi que nous sommes partis du commencement, de la péninsule arabique. La photo que vous voyez ici n’a pas de caractère scientifique quant au relief présenté. C’est un travail artistique assisté par ordinateur, réalisé par un photographe russe, Anton Balazh, à partir de clichés pris par la Nasa.

Il a travaillé ainsi une bonne partie de la planète et on peut faire l’acquisition des photos en très haute définition pour une bouchée de pain ! 

Dernière mise à jour: 21/01/2024 22:45