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Saint-Sépulcre: sous les pavés, l’église paléochrétienne

Marie-Armelle Beaulieu
1 octobre 2023
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Saint-Sépulcre: sous les pavés, l’église paléochrétienne
Les découvertes se succèdent sous les paves du Saint-Sépulcre ©MAB/Terre Sainte Magazine

Les travaux de restauration du sol de la basilique se poursuivent. Avec la prudence qui sied, tant que les archéologues n’ont pas étudié tous les relevés et nombreux artefacts, deux communiqués publiés en juin et juillet lèvent le voile sur quelques découvertes.


Avancée des travaux

En rouge les deux zones qui ont fait l’objet de communications de la part de la professeure Stasolla de l’université La Sapienza de Rome : l’intérieur de l’édicule et la plateforme qui le relie au catholicon des grecs-orthodoxes et la partie nord du déambulatoire, entre la prison du Christ et la chapelle dite de la Division des vêtements. En vert les parties déjà fouillées. En bleu les zones dont le dallage n’a pas encore été relevé.

©MAB/Terre Sainte Magazine

 

Les franciscains à la manœuvre

Tandis que les Églises gardiennes du Saint-Sépulcre étaient convenues de confier le suivi de la restauration de l’édicule à l’Église grecque-orthodoxe, c’est sous la supervision des franciscains de la Custodie que se déroulent ceux de la restauration du sol. Ce qui permet l’intervention d’archéologues. Sur la photo, on voit au centre fr. Ibrahim Faltas, vicaire custodial, accompagné de fr. Dobromir Jasztal superviseur du suivi des travaux pour la Custodie.

©Hanna Atrash

 

Dans le déambulatoire

Sous le pavement du déambulatoire médiéval, les archéologues ont découvert le point de jonction entre les murs de séparation de la nef et ceux du bas-côté droit de la basilique paléochrétienne. On note la présence d’un conduit de pierres pour l’écoulement des eaux pluviales.

Ces éléments de maçonnerie – faits de gros blocs, parfois de réemploi – viennent compléter ceux déjà trouvés dans les années 1960 sous le sol du catholicon grec, de sorte que les plans de la basilique constantinienne pourront être précisés dans un travail de reconstitution.

©Archives Université La Sapienza, Rome

 

Trace de la dixième légion

Dans les remblais minutieusement tamisés, les archéologues ont eu la surprise de trouver deux fragments de briques (probablement des tuiles) portant les marques de la dixième légion romaine.

La dixième légion Fretensis a été postée à Jérusalem après la deuxième révolte juive de 132-135 ap. J.-C., lorsque l’empereur Hadrien a refondé la ville sous le nom d’Aelia Capitolina. « Comme la fouille archéologique se déroule par portions, il sera à nouveau nécessaire de compléter la zone afin de pouvoir lire le dépôt archéologique dans son intégralité », ajoute, prudent, le communiqué.

©Archives Université La Sapienza, Rome

 

Un événement

En 2016, la fermeture au culte de l’édicule durant 60 heures avait été un événement. Pour en soulever le dallage intérieur et extérieur, il aura été fermé 7 jours et 7 nuits. Stupeur pour les milliers de pèlerins qui découvraient la situation une fois sur place. Quant aux religieux, ils ont dû trouver des solutions de repli pour poursuivre la prière qui est restée continue.

©MAB/Terre Sainte Magazine

 

©Archives Université La Sapienza, Rome

On voit le solier

Les grandes dalles de pierre blanche que l’on voit sur la photo sont celles du pavement de la fin du IVe siècle, comme le date le trésor de monnaies trouvé dans la couche d’assise du sol.

Lire aussi >> Saint-Sépulcre : sous les dalles, les premières trouvailles

Les pièces les plus récentes sont frappées à l’époque de l’empereur Valens (364-378). On peut admirer au passage le méticuleux travail des différentes couches (base, fondation, forme) pour la stabilisation de la couche de surface.

 

Émotion

La fouille à l’entrée immédiate du tombeau « a révélé l’aménagement paléochrétien de l’édicule, auquel on accédait par deux marches de marbre blanc. » Ce sont ces marches que les pèlerins ont empruntées dans ce qui est une des plus anciennes églises de la chrétienté.

©Archives Université La Sapienza, Rome

 

La pierre qui ferma le tombeau

Dans la chapelle de l’ange, le pavement que nous connaissons repose directement sur la surface rocheuse arrasée, mais on aperçoit ici ou là des traces de son dallage à l’époque constantinienne fait de dalles de marbre gris.

Par ailleurs, les archéologues ont noté au sol « des entailles dans la roche marquant l’emplacement du petit autel qui supportait une partie de la pierre fermant le tombeau ». Pour rappel, le pèlerin Arculfe, vers 680, mentionne cet « autel carré devant la porte de l’édicule ».

©Archives Université La Sapienza, Rome

 

©Archives Université La Sapienza, Rome

Chasse au trésor

Parmi les artefacts trouvés lors des fouilles de l’édicule, il en est un assez significatif. Il s’agit d’un fragment de revêtement mural, probablement de l’édicule.

Il date d’avant la reconstruction du XIXe siècle et est couvert de graffitis datant du XVIIIe siècle dans différentes langues, dont le grec, le latin et l’arménien.

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