
Le 20 novembre, des caravanes ont été installées dans l'ancienne base militaire de Shdema, située à 350 mètres des premières habitations de Beit Sahour, une ville peuplée à 80% de chrétiens. Alors que la violence des colons explose, les habitants s'inquiètent.
Alors que le soleil se lève sur les collines de Judée et que des pelleteuses s’activent au sommet de l’une d’elle, Yoran Rosenthal adresse un sourire satisfait à la caméra : « Pendant 2000 ans, les Juifs ont rêvé de Bethléem. Nous voici de retour dans la ville de Rachel, la mère du roi David. »
Le président du Conseil régional de Gush Etzion a annoncé ce jeudi 20 novembre, la création d’un nouvel avant-poste illégal baptisé Shdema, situé sur une base de l’armée israélienne abandonnée en 2006. Dans la nuit, des tracteurs ont nivelé le terrain et, dès le lendemain matin, plusieurs caravanes étaient installées sur le site. « Cette nouvelle localité renforcera le lien entre le Gush Etzion et Jérusalem, et notre lien avec Bethléem », assure le colon dans la vidéo postée sur sa page Facebook.
Shdema est situé en zone C des territoires palestiniens occupés, à 350 mètres des premières habitations de la ville de Beit Sahour, mitoyenne de Bethléem. Ville des bergers qui annoncé la naissance de Jésus, elle est peuplée à 80% de chrétiens.

Le nouvel avant-poste domine également le checkpoint de Muzmarieh, seul accès qui lie Jérusalem au sud de Bethléem, régulièrement fermé par l’armée. La route qu’il permet de rejoindre a été construite en 2008 pour faciliter les déplacements des colons de Tqoa et de Nokdim.
« Quand ils s’installent ils ne partent plus«
Alors que les violences des colons explosent, avec plus de 150 incidents recensés en octobre par l’OCHA (le chiffre le plus haut depuis le début de ces statistiques), les Sahouri s’inquiètent. « On sait comment ça fonctionne. Quand ils s’installent ils ne partent plus », témoigne un chrétien dont la maison est située à 500 mètres de l’avant-poste. La brutalité de leurs exactions ces dernières semaines, lui fait craindre le pire.
L’ONG Peace Now a condamné l’établissement de cet avant-poste, qui, selon elle « vise à asphyxier la ville palestinienne de Beit Sahour et à bloquer son développement ». L’organisation a déposé une plainte auprès de la police, exigeant une enquête sur l’implication du conseil du Gush Etzion dans cette construction illégale. Celle-ci a peu de chance d’aboutir.
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Au début de la semaine, l’armée israélienne a démoli des structures construites illégalement par des jeunes des collines au sud-est de Bethléem, sur ordre de Bezalel Smotrich. Rare, ce démantèlement fait suite à la demande de Yaron Rosenthal, qui estimait dans une lettre envoyée en septembre, que ces constructions étaient le reflet de « l’anarchie » de ces jeunes incontrôlables.
« En réponse aux critiques suscitées par la démolition, il a peut-être agi rapidement pour créer un nouvel avant-poste – également sans autorisation légale – afin d’apaiser ses détracteurs de droite », estime Peace Now.
L’histoire de Shdema commencé il y a une vingtaine d’années. Quand l’armée a abandonné la base militaire, les États-Unis ont voulu lancé un projet d’hôpital pour enfants financé par l’USAID. Le gouvernement Olmert a approuvé le projet, le terrain se situant en zone C, sous contrôle israélien conformément aux accords d’Oslo.
Convaincus que la construction de cet hôpital mettrait les colons en danger, des Israéliens, notamment le mouvement radical des « Femmes en vert » se sont implantés sur le terrain et y ont organisé régulièrement des activités, jusqu’à ce que la pression fonctionne et que le gouvernement retire son autorisation. « La pression des colons façonne la politique territoriale en Cisjordanie, conclu Peace Now, tout en soulignant que ce nouvel avant-poste « prive Israël de la perspective d’un avenir de paix et de la solution à deux États.«


