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François: le pape du Moyen-Orient

Marie-Armelle Beaulieu
14 mai 2025
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François prie sur le mur de séparation à Bethléem en 2014 ©Vatican media

À l’exception du pape Jean Paul Ier, tous les derniers papes sont venus en pèlerinage en Terre Sainte. C’est LE pèlerinage aux sources, c’est là que bat encore aujourd’hui le cœur de l’Église universelle. Pourtant, le pape François a laissé une empreinte plus forte.


Peut-être parce qu’il ne s’est pas contenté de venir une fois, mais parce que sa sollicitude auprès des populations de cette région du monde a été continue, peut-être parce qu’il les a toutes embrassées juifs, chrétiens et musulmans, peut-être parce qu’il a porté son regard et son attention sur toutes leurs forces et leurs blessures.

Le pape à la source

François au Cénacle ©Andres Bergamini/LPJ.org

C’est à la Terre Sainte – Jordanie, Palestine et Israël – que le pape François a réservé son premier voyage en dehors des frontières italiennes. Le voyage aux JMJ du Brésil en juillet 2013, avait été “convoqué” par son prédécesseur le pape Benoît XVI.

Extrait de son homélie au Cénacle. “Ici est née l’Église, et elle est née en sortie. D’ici elle est  partie, avec le Pain rompu entre les mains, les plaies de Jésus dans les yeux, et l’Esprit d’amour dans le cœur. Au Cénacle, Jésus ressuscité, envoyé du Père, communiqua aux Apôtres son Esprit-même et, avec sa force, il les envoya renouveler la face de la terre (cf.Ps 104, 30). Sortir, partir, ne veut pas dire oublier. L’Église en sortie garde la mémoire de ce qui est arrivé ici.”

Avec tous les chrétiens

Sa venue à Jérusalem en 2014 voulait commémorer les 50 ans de la rencontre entre le pape Paul VI et le patriarche œcuménique Athénagoras Ier de Constantinople. Leur rencontre avait eu lieu sur le mont des Oliviers, la leur se tiendra dans la basilique de la Résurrection. En 2017, il rencontre au Caire le pape copte orthodoxe Tawadros II et rencontrera durant son pontificat tous les chefs de toutes les Églises.

©Nadim Asfour/CT

Ce qu’il dit à Jérusalem au Saint-Sépulcre le 25 mai 2014 résume l’esprit de ces rencontres : “Tenons-nous près du tombeau vide dans un recueillement respectueux, pour redécouvrir la grandeur de notre vocation chrétienne : nous sommes des hommes et des femmes de Résurrection, non de mort. Apprenons, de ce lieu, à vivre notre vie, les souffrances de nos Églises et du monde entier à la lumière du matin de Pâques. Chaque blessure, chaque souffrance, chaque douleur, a été chargée sur ses propres épaules par le Bon Pasteur, qui s’est offert lui-même et qui, par son sacrifice, nous a ouvert le passage vers la vie éternelle. […] Ne privons pas le monde de la joyeuse annonce de la Résurrection ! Et ne soyons pas sourds au puissant appel à l’unité qui résonne précisément de ce lieu, à travers les paroles de Celui qui, en tant que Ressuscité, nous appelle tous ‘‘mes frères’’.

Mesurer les souffrances

Quand le pape fait arrêter la papamobile pour aller au pied de la barrière de Sécurité, quand on le voit stupéfait alors qu’il en réalise la taille, et finalement quand sa main se pose sur le mur (puis son front) comme pour “absorber” les douleurs que ce mur symbolise, le pape François devient le pape des Palestiniens et de tous les opprimés. Nous sommes le 25 mai 2014.

Lire aussi : Comme François rêveur de paix

Le lendemain, le pape est à Jérusalem et se rend à Yad Vashem. Il répète le même geste que la veille sur le mur de Bethléem mais cette fois devant le mur des victimes de l’Holocauste. Le geste vient apaiser la gronde née la veille chez de nombreux Israéliens.

Chercher des solutions

Nous sommes le 26 mai 2014, le pape est à Gethsémani. Il demande à s’entretenir avec le custode de Terre Sainte, le frère Pierbattista Pizzaballa. Celui qui est devenu cardinal le rapporte en ces termes : “Tu dois préparer une rencontre de prière avec le président israélien Shimon Peres et le président palestinien Abou Mazzen (Mahmoud Abbas) au Vatican.” 

© IL/GPO

“D’accord, laissez-moi y réfléchir quelques mois” “Non, tu as 10 jours, c’est pour le 8 juin”. “Sainteté c’est quasi impossible !” “Tu vas te débrouiller”. En dehors de l’exploit, c’est le geste de faire prier ensemble des personnes politiques, de religions différentes, en vue d’avancer vers une solution qui reste le plus marquant.

Renvoyer les croyants à leurs devoirs

Rencontres avec les Grands Rabbins d’Israël, avec les musulmans, ici, aux émirats Arabes Unis, en Égypte, au Maroc, à Bahreïn etc. Signature de documents… Quiconque a vu des concessions faites aux autres religions, dans les efforts du pape François à conduire le dialogue interreligieux, n’a pas compris son objectif : permettre aux religions de diffuser le meilleur de leur message pour le bien de l’humanité tout entière. Spécifiquement au Moyen-Orient, c’est travailler aussi à garantir une place aux chrétiens dans une région du monde où ils sont minoritaires en face de l’islam.

Le pape de la compassion

Depuis le 7-Octobre 2023, pas un mois ne s’est écoulé sans que le pape ne fasse une ou deux interventions en faveur de la paix pour toute notre région et spécifiquement à Gaza. Avec la paroisse de la Sainte-Famille, le Saint-Père avait établi un lien spécial en les appelant tous les jours jusqu’à l’avant-veille de sa mort et même durant sa dernière hospitalisation à Gemelli.

D’un côté, comme de l’autre, il lui a été fait le reproche d’avoir de la compassion pour tous ceux qui étaient dans la souffrance. Il a refusé d’accorder l’exclusivité de la douleur. Cela demeure un exemple qui nous oblige.

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