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Fêter ensemble la Vierge Marie à Jérusalem

Frans Bouwen, m.afr.
30 septembre 2017
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Fêter ensemble la Vierge Marie à Jérusalem
Archimandrite Nektarios, higoumène de Gethsémani, portant l’icône de la Dormition à la sortie du quartier musulman porte des lions en direction du Tombeau de la Vierge dans la vallée du Cédron.

A Jérusalem, après la semaine sainte, la fête qui voit la plus grande participation œcuménique, surtout catholique et orthodoxe, est la fête mariale de la mi-août : “Assomption de la Vierge Marie” pour les catholiques, “Dormition de notre toute sainte souveraine, Mère de Dieu et toujours Vierge Marie” pour les orthodoxes. Le nom “Dormition” renvoie au dernier sommeil de Marie, quand elle s’est endormie dans le Seigneur pour être élevée auprès de Dieu. A Jérusalem, l’Église orthodoxe célèbre cette fête le 28 août, suivant le calendrier julien, qui a un retard de treize jours sur le calendrier grégorien pour les fêtes fixes. Cet écart n’empêche pas les fidèles catholiques de Jérusalem d’y participer en grand nombre. En cette fête ils se retrouvent chez eux avec les orthodoxes dans une ancienne tradition commune de l’Église de Jérusalem. Un autre signe que la communion entre les chrétiens de Jérusalem, comme dans presque tout le Moyen-Orient, déborde les limites canoniques des Églises en vigueur aujourd’hui.
Cette participation œcuménique se manifeste surtout le 25 août, quand une procession matinale transporte l’icône de la Dormition de la Vierge d’un monastère en face de la basilique du Saint-Sépulcre à l’église du Tombeau de la Vierge, dans la vallée du Cédron, près de Gethsémani. C’est le lieu où, selon la tradition, les apôtres auraient transporté et enseveli le saint corps de Marie après sa mort. Ce jour-là, les cloches du Saint-Sépulcre ou Anastasis se mettent à sonner très tôt, quand la procession se met en route. Dans le recueillement, couvert par les hymnes liturgiques en grec et en slavon, elle traverse la partie centrale de la vieille ville de Jérusalem, suivant la Via dolorosa en sens inverse. Les chœurs des moniales russes, roumaines et grecques sont suivis par la chorale de l’Anastasis qui entoure l’icône portée en bandoulière par un archimandrite, accompagné d’autres moines et d’évêques. Suit alors la foule des fidèles qui remplissent la rue, portant tous un cierge allumé. Une fois sortie de la vielle ville, la procession couvre la route principale et le trafic s’arrête le temps de la laisser passer pour descendre au Tombeau de la Vierge.

Du Saint-Sépulcre à la vallée du Cédron, une foule dense n’hésite pas à se retrouver avant l’aube pour accompagner l’icône de la Vierge.

 

Ceux qui ont le courage de se lever tôt pour accompagner cette procession ou pour la voir passer sont profondément touchés par la simplicité et la spontanéité de cette démarche du peuple chrétien, comme par l’atmosphère de prière.
Durant l’octave de la fête, les offices liturgiques sont célébrés chaque jour en ce lieu de Gethsémani, et chaque jour des fidèles catholiques s’y rendent, de manière moins visible. La procession qui, le 5 septembre, rapporte l’icône au monastère près du Saint-Sépulcre, voit moins de participants, mais son caractère œcuménique n’en est pas moins réel. Cette célébration œcuménique est bien connue des autorités religieuses, qui l’accueillent en silence, alors que le Patriarcat grec orthodoxe suit toujours la ligne stricte de ne pas participer activement à une prière commune avec d’autres chrétiens. N’y a-t-il donc pas de différences théologiques ? Certes, les orthodoxes se prononcent contre le fait que l’Église catholique a proclamé l’Assomption de Marie au ciel avec son corps et son âme comme un dogme de foi, sans leur participation. Mais la tradition et la foi des orthodoxes et des catholiques ont beaucoup en commun. En témoigne cette antienne de l’avant-fête de la Dormition dans la liturgie byzantine : “Vierge pure, ton sépulcre témoigne en même temps de ton ensevelissement et de ton passage corporel vers les cieux.”

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La Sainte Vierge Marie, la Theotokos, sait toujours trouver les moyens pour rassembler tous ses enfants, frères et sœurs de son Fils, et elle les accompagne tout au long de leur patiente marche qui les rapproche entre eux et les conduit tous au Christ. ♦

Dernière mise à jour: 24/01/2024 14:51