Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Le temple de l’histoire à la tradition

Eugenio Alliata, ofm Studium Biblicum Franciscanum
30 janvier 2018
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Le temple de l’histoire à la tradition

Autrefois, le Temple de Jérusalem occupait une position dominante, non seulement dans la vie des habitants de la ville de Jérusalem, mais de la nation juive tout entière. Chaque année, tout juif adulte devait payer une taxe d’un demi shekel en faveur du Temple (Mt 17, 24). Le Temple était un lieu de rencontre et de pèlerinage surtout pendant les fêtes de Pâques, de Souccot et de Pentecôte. Les rabbins ont ensuite enrichi le site de mémoires en y situant le “rocher de la fondation du monde”, le sacrifice d’Abraham sur le mont Moriah (Gn 22, 2) et le songe de Jacob à Béthel (Gn 28, 11-19). Les musulmans y reconnaissent la mosquée “la plus lointaine” al-Aqsa et le lieu de l’ascension de Mahomet. Les juifs religieux croient que, les deux premiers temples ayant été détruits, c’est le Messie lui-même qui livrera un troisième temple, lequel descendra du ciel tout achevé pour se poser sur le lieu déjà saint.

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La plupart de nos connaissances sur l’ancien temple juif proviennent davantage de sources littéraires que de l’archéologie, mais les auteurs modernes ne manquent pas de se raccrocher à tous les éléments encore visibles d’une façon ou d’une autre pour en reconstruire l’apparence. Cela aide en quelque sorte à diviser l’espace intérieur en deux parties : l’esplanade, le Haram al-Sharif, zone délimitée presque partout par les murs hérodiens, et la plate-forme ou mastaba, pour la partie centrale surélevée. Elle était aussi utilisée autrefois pour passer progressivement d’un espace à l’autre, de plus en plus élevé, en traversant différents patios du hiéron, pour atteindre finalement le naos, c’est-à-dire le sanctuaire à proprement parler. Mais ni l’esplanade, ni la plate-forme ne possèdent la forme carrée et les mesures précises indiquées par les sources pour l’enceinte sacrée et ses autres parties (selon la Mishna, traité Middoth II et Flavius Josèphe, Guerre des juifs-V, 5).

Depuis le XIXe siècle, des citernes souterraines et des tunnels ont été recherchés ; certains seraient utiles à l’identification des portes d’accès. Tout ce travail n’a donné que de vagues indications sur l’emplacement des bâtiments les plus intérieurs. Il y a à ce sujet au moins une douzaine d’hypothèses différentes proposées par les chercheurs. Les principales différences concernent la signification de la pierre nue située sous l’actuel Dôme du Rocher, qui selon certains peut indiquer le lieu de l’autel ou le Saint des Saints, ou rien de tout cela.
En raison de l’incertitude sur la position exacte du temple sur l’esplanade, les rabbins maintiennent une interdiction générale à l’entrée, bien que pour d’autres ce ne serait pas un problème d’entrer tant que l’on ne dépasserait pas les limites de l’enceinte.


Jésus et le Temple

Plusieurs épisodes des Évangiles et des Actes des Apôtres ont eu lieu dans les espaces, les porches et les cours du Temple, et la plupart d’entre eux avec Jésus comme protagoniste. Comme tous les premiers-nés de sexe masculin, il a été présenté au Temple (Lc 2, 22-24), à la Porte des Premiers-nés, du côté sud de la cour intérieure où étaient offerts les sacrifices. À l’âge de 12 ans, sous l’une des portes, Jésus s’entretient avec les docteurs, les écoutant et les interrogeant (Lc 2, 42-47). Le “pinacle”, lieu de la tentation du Christ au point le plus haut du temple (Mt 4, 5-7 ; Lc 4, 9-12) est à situer à l’angle sud-est de l’enceinte. Sous la colonnade est, dite “de Salomon”, Jésus allait et venait pendant la fête de la Dédicace (Jn 10, 22-24) s’entretenant avec les Juifs au sujet de son messianisme. Les étals des marchands et des changeurs (Mt 21, 12-13 ; Mc 11, 15 ; Lc 19, 45-48, Jn 2, 13-22) devaient être installés au portique du Midi, dit Portique Royal. A ceux qui admiraient les belles pierres et les ex-voto dont le Temple était orné, Jésus répondit : “Il n’en restera pas pierre sur pierre” (Mt 24, 1-2 ; Mc 13, 1-2 ; Lc 21, 5-6) annonçant ainsi sa destruction. Son édification, qui a duré 46 ans et n’a jamais vraiment été terminée, est utilisée par Jésus comme l’image de lui-même (Jn 2, 19-20), un temple qui n’est pas fait de main d’homme (Mc 14, 58) et destiné à être relevé au troisième jour.

Dernière mise à jour: 30/01/2024 23:15