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Deux noms cités dans la Bible mis au jour à Jérusalem

Christophe Lafontaine
1 avril 2019
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Deux noms cités dans la Bible mis au jour à Jérusalem
Le sceau « (appartenant) à Natane-Mélek, Serviteur du Roi » retrouvée à Jérusalem ©Eliyahu Yanai, City of David

Des archéologues israéliens ont révélé le 31 mars la découverte à Jérusalem d’un sceau et d’un tampon d’il y a 2600 ans portant les noms de Natane-Melek et de Mattanya. Tous deux cités dans la Bible.


« La question à un million de dollars est de savoir si je tiens dans ma main la bulle (ndlr : l’empreinte d’un sceau) du même Natane-Melek qui est mentionné dans la Bible ? », sourit Anat Mendel-Geberovich, de l’Université hébraïque de Jérusalem dans une vidéo de l’Autorité des Antiquités d’Israël mise en ligne hier. « Eh bien, répond celle qui travaille aussi pour le compte du Centre pour l’étude de l’ancienne Jérusalem, je ne pourrai jamais dire cela avec certitude. »

Le petit sceau d’argile de 1 cm2 qu’elle a déchiffré, a été retrouvé dans le parc national de la Cité de David à Jérusalem lors de fouilles menées par des archéologues de l’Autorité des antiquités israéliennes (AAI) et de l’Université de Tel Aviv.

Selon les archéologues, il remonte à une période allant du milieu du VIIème siècle au début du VIème siècle av. J.-C, à l’époque du Premier Temple. Le sceau porte l’inscription suivante : « (appartenant) à Natane-Mélek, Serviteur du Roi ». Il s’agit de la première preuve archéologique du nom biblique de Natane-Melek. Le nom apparaît une seule fois dans la Bible, dans le deuxième livre des Rois (23, 11) où il est décrit comme un fonctionnaire à la cour de Josias, roi de Juda, connu pour les réformes religieuses promulguées notamment contre les idoles comme le veau d’or : « Il supprima les chevaux que les rois de Juda avaient dédiés au Soleil, à l’entrée de la maison du Seigneur, près de la chambre du dignitaire Natane-Mélek, dans les dépendances ; et il détruisit par le feu les chars du Soleil. »

Anat Mendel-Geberovich qui reste prudente reconnaît « qu’il y a un chevauchement » d’indices qui se recoupent. « Premièrement, dit-elle, le nom de Natane-Melek est rare. Deuxièmement, la période dont nous parlons est celle du milieu du VIIème siècle avant notre ère, à l’époque du roi Josias (ndlr : 648 av. J.-C. – 609 av. J.-C). Troisièmement, le fait que nous ayons le titre indique que Natane-Melek était proche du roi. »

Les sceaux et les tampons étaient utilisés dans l’Antiquités pour sceller et signer lettres et documents. Ils mentionnaient généralement l’identité, la lignée et le statut de leurs propriétaires. Anat Mendel-Geberovich note à ce titre que le haut fonctionnaire précité n’est mentionné sur le sceau que par son prénom, ce qui indique qu’il était connu de tous, et que par conséquent il n’était pas nécessaire de mentionner sa lignée familiale. Il jouissait donc d’une très grande réputation.

Dans son communiqué du 31 mars, l’AAI fait état d’une seconde découverte. Celle d’un tampon, lui aussi de 1 cm2, en pierre d’agate bleutée datant de la même époque, retrouvé au même endroit que le sceau de Natane-Melek. Il est gravé comme suit : « (appartenant) à Ikar, fils de Mattanyahu». Le nom de Mattanyahu (Mattanias ou encore Mattanya) apparaît plusieurs fois dans la Bible, désignant plusieurs personnes. Mais avec ce tampon, il s’agit de la première référence au nom « Ikar », qui était jusqu’à présent inconnue. On ignore ainsi qui était la personne propriétaire de ce tampon.

Quoi qu’il en soit, les deux inscriptions, en hébreu ancien, ont été retrouvées dans une grande structure à deux étages, qui semble avoir été détruite au VIème siècle av. J.-C., « prrobablement pendant la destruction babylonienne de Jérusalem en -586 », souligne le communiqué de l’Autorité des Antiquités d’Israël.  « De gros débris de pierre, des poutres de bois brûlées et de nombreux fragments de poterie calcinés témoignent que les artefacts auraient survécu à un immense incendie. » L’importance de ce bâtiment se distingue notamment par sa dimension ainsi que par la qualité des pierres de taille avec lesquelles il a été construit. Ce qui laisse supposer qu’il s’agissait sans doute d’un édifice administratif.

 

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