Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Un Noël sans Enfant Jésus

Marie-Armelle Beaulieu
30 novembre 2019
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Les Italiens l’adorent. Littéralement.
Il bambino Gesù. L’Enfant Jésus. Sous les traits d’un bambin de trois à quatre mois, à la peau rose, aux yeux bleus et cheveux clairs, grassouillet à souhait, c’est la statue par excellence pour dire Noël. Les magasins de souvenirs de Bethléem en ont les étagères couvertes et des présentoirs pleins de cartes postales qui partent comme des petits pains.
Il est la vedette de la nuit de Noël lors de la célébration des catholiques romains appelés ici les latins. À minuit pile, tandis que les cloches sonnent à la volée et que l’assemblée lors de la messe entonne le Gloria, on le découvre, caché qu’il était, au pied de l’autel. Plus tard, à la fin de la cérémonie, le patriarche latin le portera allongé sur un coussin jusque dans la grotte de la Nativité et le déposera sur l’étoile à 14 branches – une par cycle de génération depuis le roi David cf. Évangile de Matthieu – et après la lecture de l’Évangile, il le reprendra pour le coucher cette fois dans la mangeoire, où il restera jusqu’à l’Épiphanie.
C’est vrai : Dieu s’est fait petit enfant et si une statue peut nous faire entrer dans le mystère de l’Incarnation, cet abaissement de toute la puissance de la divinité dans la faiblesse de la chair après tout pourquoi pas ? Reste qu’on aime ou pas le style de cette représentation de plâtre. Elle choque juifs et musulmans qui voient dans la vénération de la statue – et de toute statue – un signe d’idolâtrie. Quand bien même les musulmans sont nombreux sur la place de la Nativité à se faire photographier devant la crèche et avec une joie non dissimulée.
Dans les Églises orientales en revanche vous chercherez en vain un bambino Gesù. Et trouver la photo de Une pour faire entrer les lecteurs dans le sujet du dossier n’a pas été simple. Nous avons hésité avec la photo du patriarche grec-orthodoxe que vous trouverez page 42. Mais combien de lecteurs allaient au premier coup d’œil comprendre qu’il se trouve la nuit de Noël devant l’autel de la Nativité à la grotte ? Quels étaient les éléments susceptibles de dire le sujet ? Selon l’adage journalistique, une photo vaut mille mots. Celle-ci aurait pu nous laisser cois.
Autant la liturgie orientale est d’une richesse inouïe dans tous ses hymnes, anaphores, tropaires, kondakia et autres mégalinaires, autant malgré la beauté des textures des habits du clergé elle est sobre en représentations. Il faut regarder de près la chape du patriarche grec-orthodoxe pour remarquer que sur le flanc droit est représenté saint Joseph. Et il faut avoir l’œil pour voir que dans la procession du clergé qui l’accompagne un moine porte une petite icône de la Nativité.
Alors voilà, en Une nous avons choisi une photo du père Samuel de la communauté arménienne interviewé page 44, à ses côtés, les scouts pour dire la joie des parades lors des entrées solennelles, en arrière-plan, l’arbre de Noël de la municipalité, et au fond la basilique. C’est bien un Noël oriental à Bethléem.

Dernière mise à jour: 09/04/2024 12:17