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Incendie et vandalisme dans une mosquée à Jérusalem-Est

Christophe Lafontaine
27 janvier 2020
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Incendie et vandalisme dans une mosquée à Jérusalem-Est
Graffitis tagués à l’extérieur de la mosquée incendiée à Jérusalem-Est © Olivier Fitoussi/Flash90

Des graffitis en hébreu et un incendie déclenché dans une mosquée de Jérusalem-Est dans la nuit du 23 au 24 janvier, laissent penser à un crime de haine présumé. Enquête de la police et visite de solidarité.


« La police a été appelée dans une mosquée à Beit Safafa après des informations selon lesquelles un incendie criminel s’est déclaré dans l’une des pièces du bâtiment (…) », a indiqué la police israélienne dans un communiqué relayé par l’AFP vendredi 24 janvier.

La mosquée al-Badriya sert de lieu de culte aux musulmans de Beit Safafa et de Sharafat, deux quartiers palestiniens sud de Jérusalem-Est.

L’incendie, qui a probablement été déclenché dans la nuit du 23 au 24 janvier, a fait des dégâts dans une salle de prière, mais n’a pas endommagé le reste de la mosquée, a constaté un correspondant de l’AFP. L’incident n’a pas fait de blessés.

Outre l’incendie, des graffitis anti-Arabes ont été pulvérisés en peinture rouge sur un mur extérieur de la mosquée.

« Détruire [les biens des] Juifs ? Kumi Ori détruit [les biens des] ennemis ! », peut-on lire, d’après la traduction proposée par le Times of Israel. La mention « Kumi Ori » désigne une colonie sauvage israélienne dans le secteur de Naplouse, à l’extérieur de la colonie juive de Yitzhar en Cisjordanie occupée.
Les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée sont toutes jugées illégales par l’immense majorité de la communauté internationale. Israël en considère de son côté certaines légales et d’autres pas. C’est le cas des « avant-postes » ou colonies sauvages. Kumi Ori est l’une d’elles. Plus tôt en janvier, les forces de sécurité israéliennes y ont rasé deux maisons illégales. Après que la Haute Cour eut rejeté une pétition contre la démolition de l’avant-poste.

Visite de solidarité  

Le ministère palestinien des Affaires religieuses et le waqf, en charge de la gestion des mosquées, ont condamné l’attaque comme un « crime odieux ».

Le maire israélien de Jérusalem, Moshe Lion, a déclaré dans un communiqué qu’il « condamne fermement le crime de haine commis dans le quartier de Beit Safafa. De telles choses sont inacceptables et ne sont pas tolérées. »

Dans une déclaration vendredi, relayée sur la page Facebook de l’organisation Tag Meir qui lutte contre l’extrémisme, la haine, et le racisme en Israël et en Cisjordanie, a remercié les centaines de sympathisants qui sont venus manifester leur solidarité hier soir avec les habitants du quartier qui ont vu leur mosquée attaquée.

De fait, samedi 25 janvier au soir, au lendemain de l’incident, l’organisation a conduit un groupe de 200 personnes juives à la mosquée en signe de solidarité. Et d’après le Times of Israel, les visiteurs juifs qui s’y sont rendus ont également donné plus d’argent que nécessaire pour réparer les dégâts causés par l’incendie.

« Nous avons exprimé notre honte et notre colère face à ce crime épouvantable, avons souhaité ensemble des jours de paix et de fraternité et avons promis de rester en contact avec les habitants du quartier », a expliqué dans son communiqué, Tag Meir.

La police israélienne a annoncé l’ouverture d’une enquête. Les arrestations des auteurs sont très rares et les groupes de défense des droits civiques déplorent que les mises en examen soient encore plus rares. La majeure partie des affaires sont classées sans suite et les charges abandonnées.

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