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Au Liban, le gouvernement Diab demande la confiance

Terrasanta.net
25 janvier 2020
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Au Liban, le gouvernement Diab demande la confiance
L'équipe du gouvernement Diab pose avec le chef de l'Etat Michel Aoun (au centre) et le président du Parlement, Nabih Berri.

Les ministres libanais, qui ont pris les commandes du pays le 22 janvier, travaillent à l'élaboration d’un programme gouvernemental. Gagner l'assentiment de la rue et de la communauté internationale ne sera pas tâche aisée.


(g.s.) – Le nouveau gouvernement libanais, formé par le Premier ministre Hassan Diab, a pris ses fonctions à Beyrouth le 22 janvier 2020. La première réunion a eu lieu au palais présidentiel, sous la direction du chef de l’Etat Michel Aoun.

C’est un pas en avant. Les institutions républicaines sortent ainsi d’une impasse institutionnelle qui durait depuis l’automne, malgré les appels pressants, tant de l’intérieur du pays que de la communauté internationale, à trouver une solution rapidement.

Le gouvernement se compose de 20 ministres, dont six femmes. Parmi eux, huit sont musulmans (quatre sunnites et quatre chiites), 10 chrétiens (six catholiques, maronites et melkites, et quatre orthodoxes, grecs et arméniens), et deux druzes. Seuls deux membres du nouveau gouvernement (dont le Premier ministre) ont déjà une expérience ministérielle à leur actif. Tous les autres sont des experts possédant les compétences et le professionnalisme les plus variés. Beaucoup parmi eux ont effectué au moins une partie de leur formation académique dans une université nord-américaine ou européenne. Un autre élément commun est l’enseignement dans l’une ou l’autre des nombreuses universités (privées) du Liban.

Faire face aux urgences

Le Premier ministre Diab souligne que l’exécutif qu’il a formé est en quelque sorte, l’expression des aspirations qui sont nées des manifestations populaires ayant eu lieu dans la rue libanaise depuis octobre dernier. Le Premier ministre a aussi déclaré vouloir maintenir ouvertes des voies de dialogue avec les différentes âmes de la protestation (il y aurait selon lui plus d’une centaine de groupes organisés qui l’alimentent). Beaucoup parmi les observateurs et les manifestants pensent que le nouvel exécutif a été essentiellement façonné par l’Alliance du 8 mars, le groupement de forces pro-syrien, dans lequel les chiites du Hezbollah se taillent la part du lion.

Ces derniers jours, Diab a clairement indiqué que des mesures courageuses et en rupture avec le passé devaient être prises. D’un autre côté, a-t-il clairement dit, « nous sommes confrontés à une catastrophe et nous devons atténuer son impact et ses répercussions sur les Libanais ». Faisant référence aux conditions dramatiques de l’économie nationale.

Même le président Aoun, saluant les ministres, n’a pas tu les difficultés de la tâche à venir. Il s’agit essentiellement de travailler à « regagner la confiance de la communauté internationale dans les institutions libanaises et à rassurer les Libanais au sujet de leur avenir ». Sur les deux fronts – interne et externe – gagner la confiance ne sera pas facile. La rue ne semble pas disposée à faire des concessions.

En attendant, le 24 janvier, une réunion du conseil interministériel avait lieu pour la rédaction du programme à présenter au Parlement afin d’obtenir la confiance de l’organe législatif libanais.

Pour l’heure, la vigilance règne en  attendant de voir quels seront les plans du gouvernement Diab, qui devra se mesurer à une dette publique qui a atteint 150% du PIB. Les mesures possibles incluraient la possibilité d’inciter chaque année les détenteurs libanais d’obligations d’Etat à accepter une prolongation de la durée pour donner un souffle aux finances publiques. Une mesure risquée, cependant, car elle pourrait envoyer aux marchés un signal d’insolvabilité possible de l’Etat libanais. Qui, dans cette phase d’incertitude, ne peut même pas trop compter sur les envois de fonds et l’épargne des Libanais de la diaspora, versés aux banques nationales.

Autre chose à faire, tenter un recours possible auprès du Fonds monétaire international pour un chiffre variable entre 20 et 25 milliards de dollars. L’intervention de l’organisation internationale – non tenue pour acquise – nécessiterait l’adoption de mesures de politique économique douloureuses et impopulaires. Sans oublier que certains économistes craignent une phase de dépression lourde imminente dans tout l’Occident.

Le Liban se remettra-t-il sur pied ? Nous l’appréhenderons peut-être ces jours-ci.

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