Couvent franciscain à Beyrouth : après le choc, la reconstruction rapide

Derrière les murs épais du couvent, une pièce principale, majestueuse se dessine. Elle est ornée de poutres, de vitres massives et d’une décoration colorée. Un calme religieux y règne. Pourtant le bâtiment a traversé le pire il y a un an. Le 4 août 2020 il est soufflé par l’explosion du port. De la façade il ne restait rien. Le toit avait été largement détruit. Le rez-de-chaussée, dévasté, et la chambre d’un religieux, balayée : “Par chance, personne n’a été blessé”, indique le père Najib, un franciscain libanais.

© Photos ATS Pro Terra Sancta

Le soir de l’explosion, c’est lui qui accueillait au couvent Saint-Antoine, à Harissa, la colline sainte des chrétiens du Liban, les frères du couvent Saint-Joseph de Beyrouth. Le père Firas, supérieur de la région Saint-Paul et du couvent Saint-Joseph, mobilisa immédiatement ses contacts. Les franciscains reçurent de nombreux soutiens, le chantier débuta dans les jours qui suivirent : “Un architecte qui connaît le couvent nous a gracieusement aidé, indique le père Najib, et bien sûr l’Église nous a soutenus financièrement, tout comme l’ONG de la Custodie Pro Terra Sancta.” Implantée dans tout le Moyen-Orient, cette ONG réalise des projets pour la conservation du patrimoine et le soutien aux communautés locales.

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L’essentiel des travaux est réalisé en seulement trois mois : “Par rapport au reste du quartier, la reconstruction du couvent a été très rapide, note Fadi Bejani, responsable des opérations à Pro Terra Sancta. L’objectif était de finir l’essentiel du chantier avant Noël”. La façade, la toiture et la chambre du frère Angelico sont reconstruites. Courant décembre, les deux religieux hébergés à Harissa ont pu revenir et l’église à rouvert aux fidèles. “Mais les travaux ne sont pas encore terminés” souligne Fadi Bejani. Au rez-de-chaussée l’ancienne garderie est encore endommagée : “Les franciscains y accueillaient des enfants avant la Thawra (révolution d’octobre 2019).” Aujourd’hui, les fenêtres sont toujours abimées, des jouets sont éparpillés et la peinture est délabrée. Les murs portent les stigmates de la catastrophe du 4 août. “Tout sera bientôt restauré, assure Fadi Bejani, et on utilisera ces locaux pour accueillir les habitants du quartier qui ont besoin d’une aide psychologique.”

Maintenir la présence franciscaine

Ce chantier-express a eu un coût : 400 000$ selon le père Firas. Mais il était crucial pour les franciscains de reconstruire rapidement. Pour préserver un bâtiment historique central dans le quartier, mais surtout pour maintenir les actions franciscaines dans la capitale libanaise : “Leur présence au Liban remonte à l’époque des Croisés, indique le père Najib, mais c’est l’inauguration de ce couvent en 1855, qui a permis d’intensifier les activités des franciscains à Beyrouth.” Jusqu’à la Guerre des Six-Jours, ce couvent constituait un lieu de transit pour les pèlerins qui souhaitaient se rendre en Terre Sainte. Depuis, seuls quelques franciscains y séjournent, à l’occasion. Mais le lieu a aussi une église ouverte à tous, très fréquentée, selon le père Najib : “Depuis la réouverture en décembre, on a repris les services liturgiques et spirituels pour le sacrement de réconciliation. Les fidèles peuvent ainsi se confesser.”

“Tout sera bientôt restauré, assure Fadi Bejani, et on utilisera ces locaux pour accueillir les habitants du quartier qui ont besoin d’une aide psychologique.”

Soutenir les Beyrouthins

Avec la crise financière et le désespoir causé par l’explosion du port, les franciscains du couvent ont beaucoup à faire pour venir en aide à la population : “Chaque mois, nous aidons 500 familles chrétiennes avec des colis alimentaires et des médicaments” assure le père Najib. Le religieux souhaite que la présence franciscaine apaise les peines des Beyrouthins : “On cherche à leur redonner espoir à travers nos prières, notre accueil et la solidarité matérielle. C’est aussi à cela que sert le couvent.

Dernière mise à jour: 10/04/2024 11:04