📺 Sous la Porte de Damas, la Porte Romaine : un tournant dans la sacralité de Jérusalem
Après trois années de travaux de restauration menés par la Société pour le Développement de Jérusalem-Est, un site touristique situé sous la Porte de Damas, à Jérusalem, a été ouvert au public. Ce parcours emmène les visiteurs dans un véritable voyage à travers le temps, jusqu’à la cité païenne d’Aelia Capitolina, édifiée au IIe siècle sur les ruines de Jérusalem.
Après trois années de travaux de restauration menés par la Société pour le Développement de Jérusalem-Est, un site touristique situé sous la Porte de Damas, à Jérusalem, a été ouvert au public. Ce parcours emmène les visiteurs dans un véritable voyage à travers le temps, jusqu’à la cité païenne d’Aelia Capitolina, édifiée au IIe siècle sur les ruines de Jérusalem.
Gura Berger – Porte-parole – SociĂ©tĂ© de DĂ©veloppement de JĂ©rusalem-Est
Juste ici, derrière moi, se cache l’un des secrets les mieux gardés de la ville : la porte romaine d’Aelia Capitolina, construite par l’empereur Hadrien après la révolte de Bar Kokhba, comme symbole de la victoire sur Jérusalem.
La structure architecturale de la porte se composait d’un arc de triomphe décoré, avec trois arcades et deux imposantes tours latérales. L’arcade de gauche est restée presque intacte au fil des siècles. Au sommet de l’arc était gravé le nom de la ville romaine : Aelia Capitolina.
La porte avait des dimensions monumentales : environ 42 mètres de large, 20 mètres de haut et 10 mètres d’épaisseur. De part et d’autre des arcades se dressaient des colonnes à base surélevée, que l’on peut encore distinguer aujourd’hui parmi les vestiges archéologiques.
Gura Berger – Porte-parole – SociĂ©tĂ© de DĂ©veloppement de JĂ©rusalem-Est
Elle servait d’entrée principale à la ville, par laquelle passaient chars et marchandises le long de la route principale. C’est justement à proximité de cette porte que s’arrêtaient les douaniers, chargés de percevoir les taxes d’entrée dans la ville païenne d’Aelia Capitolina.
Derrière la porte s’ouvre une place pavée, où l’on peut encore voir les rainures gravées pour empêcher les roues des chars de glisser, ainsi que des carrés tracés sur la pierre, jadis utilisés par les soldats romains pour des jeux de divertissement.
Au centre de la place s’élevait une colonne, à partir de laquelle étaient mesurées les distances le long des routes menant à la ville.
La colonne est clairement visible sur la Carte de Madaba, et c’est précisément d’elle que la porte tire son nom arabe : Bab al-Amud, c’est-à -dire « Porte de la Colonne ». Une gravure moderne sur le sol de la place, indique l’emplacement d’origine de cette colonne.
La porte représentait l’entrée triomphale dans la ville, accueillant les visiteurs avec toute sa grandeur et sa solennité.
Au-delà de son aspect décoratif, la porte symbolise un tournant tragique dans l’histoire de la ville, qui abritait autrefois le Temple du Seigneur, avant de devenir une cité païenne. Les Romains érigèrent un lieu de culte dédié au dieu Jupiter exactement à l’endroit où se trouvait le Temple, exacerbant ainsi l’indignation des Juifs et préparant le terrain à la révolte de Bar Kokhba contre les Romains.
Gura Berger – Porte-parole – SociĂ©tĂ© de DĂ©veloppement de JĂ©rusalem-Est
Un premier débat s’éleva quant à l’opportunité d’engager la révolte. Les anciens s’y opposèrent fermement, se rappelant avec effroi les horreurs de la grande guerre survenue soixante ans plus tôt : cela avait été terrible.
Fr. Eugenio Alliata, ofm – ArchĂ©ologue – Studium Biblicum Franciscanum
Nous savons que les chrétiens étaient également présents à Jérusalem lors de la deuxième guerre juive, menée par Bar Kokhba, mais ils ne partageaient pas la position du reste du peuple juif.
Gura Berger – Porte-parole – SociĂ©tĂ© de DĂ©veloppement de JĂ©rusalem-Est
Au déclenchement de la révolte, les chrétiens informèrent les commandants romains qu’ils n’étaient pas impliqués dans le conflit.
Durant la révolte de Bar Kokhba, on estime qu’environ 600 000 Juifs furent tués, tandis que beaucoup d’autres furent réduits en esclavage, saturant les marchés d’esclaves de l’Empire romain.
Gura Berger – Porte-parole – SociĂ©tĂ© de DĂ©veloppement de JĂ©rusalem-Est
À la fin de la révolte, le prix d’un esclave s’était effondré, au point de ne valoir guère plus qu’un simple repas destiné à un cheval.
Le visage païen de la ville se révéla également à travers la construction d’un temple érigé directement au-dessus du tombeau du Christ.
Fr. Eugenio Alliata, ofm – ArchĂ©ologue – Studium Biblicum Franciscanum
Le théologien Jérôme, qui vécut au IVᵉ siècle, affirme que les païens construisirent ce temple comme un acte délibéré d’opposition aux chrétiens, dans l’intention d’ensevelir la source même de leur foi : le tombeau du Christ et la mémoire de sa résurrection d’entre les morts.
Dans la ville d’Aelia Capitolina, la présence des juifs étaient réduite, et l’Empereur Hadrien ne se contenta pas seulement de changer le nom de la ville.
Fr. Eugenio Alliata, ofm – ArchĂ©ologue – Studium Biblicum Franciscanum
Hadrien institua une nouvelle province appelée « Syrie-Palestine » pour remplacer la région de Judée.
Jérusalem retrouva son statut de Ville Sainte au début de l’époque byzantine, avec l’adoption du christianisme comme religion officielle de l’Empire. Quant à la porte de la cité païenne, située sous Bab al-Amud (l’actuelle « Porte de Damas »), elle s’incline aujourd’hui sous l’aura de sa sainteté.