Mar Saba : île de paix dans le désert

Au bout d’une route sinueuse

Depuis Bethléem, une vingtaine de minutes suffisent pour gagner en voiture le monastère Mar Saba, par une route qui se désertifie à mesure qu’elle descend vers la Mer Morte. Au-delà de quelques villages bédouins,  la route se fait plus sinueuse et aboutit au monastère,  au milieu du désert de Judée, face au mur d’enceinte et aux deux tours de garde.

Un lit et un bureau d’un côté, une chapelle de l’autre

Dans sa cellule, un moine étudie à la lumière d’une lampe à huile. “Tout enfant, j’avais rêvé de “l’Afrique et du désert” comme du pays où on se battrait enfin, sans voiles et sans cuirasse – à visage découvert, contre le péril et la mort.” Les moines mettent-ils leur foi à l’épreuve des austérités du désert ? Bureau d’étude est un terme spécifique pour architectes ou entrepreneurs.

Dans le silence du désert, le son des cloches

Ils vivent dans le désert aride et dépeuplé, dans le silence que seuls les appels à la prière viennent troubler. Les bédouins sont là par tradition, les moines de Mar Saba par choix.

Un des plus anciens monastères chrétiens

Un moine debout à côté de la tombe de saint Saba, originaire de Cappadoce et fondateur du monastère en 483, réputé pour avoir organisé la vie des moines de Palestine à la Grande Laure. Le mouvement fut initié par saint Chariton qui fonda la première laure (des ermitages regroupés autour d’une église, d’un four et d’autres bâtiments communs) dans le désert de Judée (vers 330) et poursuivi par saint Euthimius, connu pour avoir attiré des milliers d’ermites.

Au carrefour de l’élaboration et de la diffusion de la foi

En visite, le patriarche grec-orthodoxe Théophile III préside une célébration devant la chapelle qui fait mémoire de la tombe de saint Saba. C’est parmi ces moines grec-orthodoxes que leur patriarche est choisi. Pôle politique, Mar Saba fut également, à l’instar du monastère Sainte-Catherine dans le Sinaï, un centre d’érudition et d’élaboration de la foi. Poètes, historiens et théologiens de nationalités diverses ont habité ses murs. Saint Jean-le-Damascène, théologien et docteur de l’Église qui lutta au VIIIe siècle contre les iconoclastes, y a sa tombe.  Par ailleurs, le typikon qui règle la liturgie des monastères byzantins porte le nom de Saint-Saba.

L’étape presque bimillénaire d’un chemin de pèlerins

Si l’on poursuivait au nord le chemin qui longe le mur d’enceinte (à droite de la photo), on rejoindrait l’ancienne route romaine qui mène à Jéricho. En choisissant de franchir la vallée du Cédron vers l’est, poursuivre la descente vers la Mer Morte est possible en suivant les traces des bergers bédouins. Si on remonte le Cédron en direction du nord-ouest, on arrive à Jérusalem (cf. l’article de “La Terre Sainte” – mars 1963). Aujourd’hui, malheureusement le wadi draine des eaux usées.

La grotte de saint Saba

Un moine passe au-dessous de la grotte qui servit d’ermitage à saint Saba pendant cinq ans (478-483) avant qu’il fonde le monastère. On y accède par un conduit de quelques mètres sur l’autre versant du wadi. Il y aurait eu jusqu’à 15 000 moines dans le désert de Judée au plus fort du monachisme byzantin. Les hommes peuvent visiter le monastère,aujourd’hui habité par une quinzaine de moines. Les femmes quant à elles devront aller à Saint-Georges de Koziba, situé à quelques kilomètres de là.

Une présence continue depuis sa fondation au Ve siècle

Un moine grec-orthodoxe allume une bougie dans une grotte des environs du monastère le jour de la Saint-Saba. Des historiens font un lien entre la fin des persécutions romaines à l’encontre des chrétiens et le développement du monachisme au désert (IV-VIe siècle). Fuyant la tiédeur d’une religion officielle et politisée, les premiers moines du désert de Judée ont-ils voulu imiter le sacrifice du martyr ? La présence de moines à Mar Saba, malgré les persécutions successives, est ininterrompue depuis sa fondation. C’est le seul du désert de Judée.

Dernière mise à jour: 30/12/2023 17:57