Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Frère Samir, franciscain de rite copte

Marie-Armelle Beaulieu
20 juillet 2010
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Les Franciscains de la Custodie comptent dans leurs rangs quelques dizaines de frères arabes. Plusieurs parmi eux sont orientaux, car ils ont été baptisés dans une Eglise orientale. Frère Samir Narouz est égyptien et s’il n’a pas l’occasion de vivre dans son rite à Jérusalem, son amour pour lui reste intacte.


J’ai découvert la vie franciscaine dans ma paroisse de Kafr el Dawar, non loin d’Alexandrie. Notre curé était un franciscain italien qui avait adopté le rite copte.

Nous étions en 1968, il était impossible d’arriver au séminaire d’Emmaüs en Israël, aussi m’a-t-on envoyé, avec cinq autres postulants, me former dans le sud du pays à Assiout dans un vicariat des frères qui dépendait de la Toscane. En 1970,  la Custodie a ouvert un collège séraphique à Kafr el Dawar que nous avons rejoint. Nous étions une vingtaine. A la paroisse, les franciscains célébraient selon le rite copte le dimanche et selon le rite latin en semaine. Cette alternance nous a enrichis, cela nous a ouvert à d’autres réalités ecclésiales. J’ai été ordonné prêtre selon le rite copte en août 1981. Sur la photo de mon jubilée sacerdotal, je suis revêtu du vêtement liturgique dit copte pharaonique des prêtres. J’ai pu célébrer mes 25 ans d’ordination dans ma paroisse d’origine et sur le Mont Thabor. Voilà des années que je suis en service en dehors de l’Égypte, je n’ai donc plus de lien direct avec mon rite d’origine. Je suis au service de la communauté là où elle est dans les contingences locales, comme chacun d’entre nous. Les quelques coptes de Terre Sainte arrivés dans le pays, spécialement à Nazareth, à l’époque de Mohamed Ali Pacha qui a régné en Égypte jusqu’aux confins de la Turquie de 1805 à 1953. Ces coptes se sont assimilés soit à l’Église latine soit à la melkite. Bien sûr le rite copte me manque. De temps à autre j’écoute un disque de liturgie, j’en aime la musique, les rythmes et par-dessus tout la richesse des prières. Nous avons des préfaces fixes dans la messe de saint Basile mais dans la messe de saint Grégoire, il y a des textes, notamment ceux pour les fêtes mariales et les solennités de Noël et Pâques, d’une richesse et d’une beauté exceptionnelle. Ce sont de très vieux textes mais d’une très forte densité. Après mon ordination, envoyé à Alexandrie, j’ai voulu apprendre tous ces textes et leurs mélodies et j’ai pris des cours auprès d’un professeur aveugle qui savait tout par cœur, absolument tout. Quand on entend les musiques liturgiques de la Semaine Sainte on est vraiment transporté dans le mystère même. Dans la liturgie copte il y a une expression mélodique de la mort d’une incroyable intensité qui va puiser aux sources pharaoniques. Je payais chaque leçon 5 livres. C’était une somme mais je tenais à m’imprégner de ma culture. Il m’arrive aussi, mais exceptionnellement, de célébrer ici en Terre Sainte dans le rite copte. La dernière fois, c’était il y a trois semaines à l’occasion de la visite de ma sœur accompagnée de son mari.

 

Dernière mise à jour: 20/11/2023 18:39

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