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Vidéo: Enracinés dans l’espérance

Christian Media Center
28 avril 2023
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Durant quatre jours, les évêques et patriarches catholiques d’Orient se sont réunis pour relire le dernier texte magistériel signé par Benoit XVI: Ecclesia in Medio Oriente.
Revenant sur les dix années écoulées, ils ont réaffirmé leur capacité à être "enracinés dans l'Espérance".


Chypre est connue comme l’île de Barnabé, de Paul et de Lazare, ainsi que comme une route maritime importante pour les premiers voyages chrétiens. Aujourd’hui, cette île de la Méditerranée orientale continue d’être témoin d’événements majeurs. Ainsi, après la visite du Pape Benoît XVI en 2010 et du Pape François en 2021, elle a accueilli, du 20 au 23 avril, le symposium « Enracinés dans l’espérance », dix ans après la publication de l’exhortation apostolique post-synodale « Ecclesia in Medio Oriente« .

  • Bruno Varriano, ofm, Vicaire patriarcal pour Chypre

Chypre fait partie intégrante de l’histoire de cette exhortation : c’est sur cette île que le Pape Benoît a publié l’Instrumentum Laboris, à l’occasion du Synode de 2010 sur l’Église au Moyen-Orient. Voilà pourquoi nous revenons à Chypre, à ce pont entre l’Orient et l’Occident, cette porte vers l’Orient ou vers l’Europe, ce lieu stratégique mais aussi historique pour ce moment. En dix ans, le Moyen-Orient a été témoin de nombreux évènements : il est aujourd’hui devenu nécessaire de s’arrêter, de se souvenir et de relire le document à la lumière de la situation actuelle, en gardant allumée la flamme de l’espoir, ce qui est précisément la devise du symposium.

C’est en septembre 2012, lors de son voyage au Liban, que le Pape Benoît XVI signe et publie l’Exhortation Apostolique d’Ecclesia in Medio Oriente, fruit de l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques, qui eut lieu au Vatican en octobre 2010.

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Selon S.B. Pierbattista Pizzaballa, Patriarche latin de Jérusalem, cette Exhortation est toujours d’une extraordinaire actualité :

  • B. Pierbattista Pizzaballa, Patriarche latin de Jérusalem

Ce document aborde des thèmes qui sont au cœur de la vie de l’Église. Les méthodologies changent, les attitudes changent, mais les thèmes restent les mêmes. Aujourd’hui, nous sommes peut-être plus désabusés, plus réalistes sur cette société qui est la nôtre, mais cela ne signifie pas que nous devons cesser de travailler en communion les uns avec les autres, et de témoigner. C’est même sans doute, aujourd’hui, encore plus nécessaire qu’auparavant. Et c’est précisément à la lumière des tragédies causées par Daesh, des difficultés de relations avec l’Islam et le Judaïsme, qu’il est encore plus important de nous engager avec eux dans le dialogue et dans des relations pacifiques.

Ce symposium a non seulement réuni les chefs des Églises catholiques du Moyen-Orient et les représentants d’Églises sœurs, mais aussi des prêtres, des religieux et des laïcs de toute la région. Au total, ce sont plus de 250 personnes qui se sont rassemblées pour l’occasion, dont sept patriarches, 51 évêques et archevêques, deux nonces apostoliques et le Custode de Terre Sainte.

L’évènement a été un moment riche en spiritualité, qui s’est reflétée dans les différents rites des participants. Une richesse qui représente toutes les traditions du Moyen-Orient.

  • B. Pierbattista Pizzaballa, Patriarche latin de Jérusalem

Il s’agit des Églises d’où est parti le message de l’Évangile pour se propager dans le monde entier. Aujourd’hui, ce témoignage doit demeurer, non seulement par la communion qui doit régner entre elles, mais aussi par l’annonce de la Bonne Nouvelle – non pas du prosélytisme, mais un témoignage par les œuvres.

Pour le patriarche d’Antioche des Maronites, l’Exhortation est encore aujourd’hui un document prophétique :

  • B. Béchara Boutros Raï, Patriarche d’Antioche des Maronites

La convocation d’un Synode pour le Moyen-Orient fut une décision prophétique. Dix ans plus tard, on retrouve la même chose. C’est comme si cette exhortation avait été écrite aujourd’hui et c’est pourquoi j’emploi le terme “prophétique”. Il est vrai – tout le monde le dit – que beaucoup de choses ont changé, qu’il y a eu de nombreux bouleversements, mais l’exhortation reste la même : dans ses principes, son analyse, sa lecture. Nous pouvons l’appliquer aujourd’hui comme en 2012.

  • E. William Shomali, Vicaire général du Patriarcat de Jérusalem

J’étais présent en 2012, c’était une grâce pour moi. Je n’étais alors qu’évêque que depuis un an. Je peux dire que ce fut un moment de grâce, un kairos, comme on dit en grec ; un moment au cours duquel nous avons réfléchi, médité sur notre situation actuelle – ses causes mais aussi son avenir. Ce fut un synode prophétique. On peut lire aujourd’hui le document du Pape Benoît XVI avec le même intérêt qu’il y a dix ans. Et c’est pourquoi aujourd’hui encore est un moment de grâce, un autre kairos.

Parmi les thèmes abordés dans le document se trouvent ceux liés au contexte social – migration, vie consacrée, famille, jeunesse. Y figurent aussi l’œcuménisme, le dialogue interreligieux, la Parole de Dieu, la liturgie, les pèlerinages et l’évangélisation.

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Pour Mgr Martinelli, il est nécessaire de préserver son identité chrétienne en cultivant une relation créative et dynamique entre l’histoire et la tradition, exactement comme le montre son expérience au sein d’une Église de migrants.

  • E. Paolo Martinelli, Vicaire apostolique d’Arabie méridionale

Notre Église est entièrement composée de migrants. Il n’y a pas d’un côté les citoyens et de l’autre les migrants, non : toute notre Église est composée de migrants, de croyants issus de régions, de langues, de nations et même de rites différents. Nous devons donc apprendre à vivre ensemble notre foi tout en partageant des traditions différentes.

  • B. Ibrahim Isaac Sidrak, Patriarche d’Alexandrie des Coptes

Je suis heureux d’être ici aujourd’hui aux côtés de l’Église copte catholique pour participer à cette rencontre. Plus de 10 ans se sont écoulés depuis la publication de cette Exhortation, malheureusement peu connue. Avec les défis que connaît le monde aujourd’hui – guerres, émigration des jeunes ou des familles, difficultés économiques – le rôle de l’Église au Moyen-Orient est toujours aussi essentiel.

De la pleine citoyenneté des chrétiens à la vie publique, en passant par le problème de l’exode… Le symposium a couvert de nombreux sujets, et a également développé le thème de la dignité des chrétiens au Moyen-Orient, en portant une attention toute particulière aux jeunes.

  • Viola Raheb, Fondation Pro Oriente, Vienne

Ma présentation portait sur les droits et les libertés dans la région, en particulier la liberté de religion et la citoyenneté. Les jeunes sont notre présent. Si nous renonçons à la jeunesse, nous renonçons à notre présence et à notre témoignage chrétien au Moyen-Orient.

“L’engagement chrétien dans l’espace socio-ecclésial : les laïcs, les jeunes, les femmes et les seniors – croyants et citoyens actifs ». Tel était le thème du professeur Mirna Aimzawak.

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  • B. Yousef Matta, Archevêque melkite d’Acre, de Haïfa, de Nazareth et de toute la Galilée

Nous sommes réunis ici depuis le Moyen-Orient, toutes les Églises orientales, avec la présence du Saint-Siège – soit tous les nonces apostoliques – afin d’écouter les gens, les préoccupations, les difficultés rencontrées par les Églises au cours de ces années – comment elles ont vécu ce document, cette lettre apostolique – mais aussi pour donner la priorité à notre avenir, à ce que nous devons faire à la lumière des changements que nous connaissons tous. Nous sommes ici pour nous écouter les uns les autres et pour témoigner que les Églises orientales sont les Églises locales, qu’elles ont la grande responsabilité de transmettre la foi aux autres dans leur vie concrète et quotidienne.

  • Francesco Patton, ofm, Custode di Terra Santa

Pour en rester aux thèmes qui ont été abordés et discutés au cours de ces journées, je dirais que pour moi, cela fait partie de l’histoire de la Custodie : le thème de l’enracinement de la foi, par exemple – qui, pour nous, est également lié à la garde des Lieux Saints. La transmission de la foi ne se fait pas dans l’abstrait, mais dans des contextes très concrets. Pour nous, le fait qu’il y ait aussi des Lieux Saints au Moyen-Orient est une occasion supplémentaire de transmettre la foi de manière complète.

Pour le Custode de Terre Sainte, les écoles sont des lieux d’éducation et un exemple de coexistence entre chrétiens et musulmans.

  • Francesco Patton, ofm, Custode di Terra Santa

C’est un autre thème important pour nous, qui sommes nés, après tout, également de la rencontre, du dialogue entre saint François et le sultan qui a eu lieu il y a huit siècles. Ce thème du dialogue, c’est la tentative de construire un dialogue fraternel également avec les musulmans, qui sont majoritaires dans tout le Moyen-Orient.

Parmi les mesures prises figurent ainsi le voyage du Pape François à Abu Dabi et le document sur la fraternité humaine signé par ce dernier et le grand imam d’Al-Azhar, qui rappelle également la rencontre entre saint François et le sultan Malik al Kamil il y a huit cents ans.

  • Youssef El-Hage, Holy Spirit University – Kaslik (Liban)

Cette exhortation aura eu entre autres comme conséquence le document « Fratelli tutti », qui la cite d’ailleurs à de nombreuses reprises ; en fait, on y trouve même des pages entières issues d’Ecclesia in Medio Oriente. C’est vraiment unique ; pour moi, cela ne s’est jamais produit auparavant.

Mgr Claudio Gugerotti, préfet du Dicastère pour les Églises orientales, a exprimé en quatre points son appréciation de l’évènement ainsi que la proximité du Pape François avec les Églises du Moyen-Orient.

  • Mgr Claudio Gugerotti, Préfet du Dicastère pour les Eglises orientales

Tout d’abord, je pense à la solidité de la foi dans le Seigneur ressuscité, parce qu’il n’est pas possible de tenir dans les conditions actuelles sans cette foi profonde qui a marqué l’histoire de toutes les Églises ici présentes. Ensuite, il nous faut considérer la collaboration entre toutes les réalités chrétiennes présentes ici, parce que la division signifie la défaite. N’oublions pas non plus que le Saint-Siège fera tout son possible pour soutenir, promouvoir, aider et encourager tous ceux qui restent ici, pas seulement dans leur souffrance mais aussi afin de développer leurs droits et d’obtenir ce qui leur est dû en tant que citoyens à part entière de ces pays. Enfin, pensons à la coopération financière avec nos organisations, qui se doit d’être la plus transparente possible, d’autant que l’Europe envoie de moins en moins d’argent. Par conséquent, malheureusement, notre contribution sera pour le moment plus limitée. Le plus important est que ces Églises sentent la présence continue du Pape François parmi elles, comme s’il était physiquement là, parce que le Pape porte chaque jour dans son cœur ces communautés si anciennes et pourtant si vivantes, si capables de nous donner un témoignage de foi vibrant et vivant – parce que c’est tous ensemble et seulement tous ensemble que nous pourrons atteindre ce que le Seigneur a établi pour nous.

Des remerciements ont été adressés au Dicastère pour les Églises orientales, ainsi qu’au Patriarcat latin de Jérusalem, pour avoir organisé cette conférence si importante.

  • E. Mar Yacoub Ephrem Semaan, Vicaire patriarcal de l’Église syriaque catholique

Cette réunion était nécessaire pour repenser et réfléchir à notre vie et à notre existence, ainsi qu’à notre témoignage au Moyen-Orient. Il y a un besoin urgent aujourd’hui de re-méditer, de partager des expériences spirituelles, des informations et des expériences, et de s’écouter les uns les autres.

  • B. Pierbattista Pizzaballa, Patriarche latin de Jérusalem

La prochaine étape est dans le titre… Ce symposium s’intutle « Enraciné dans l’espérance » : pour donner des racines à l’espoir, pour, plutôt que faire de l’espoir un orphelin qui ne sait pas où vivre, qui n’a pas de maison, qui n’a pas de famille… faire en sorte qu’il soit chez lui dans nos Églises et dans nos communautés.

La messe de clôture du symposium a été célébrée au Terra Sancta College des Franciscains de la Custodie de Terre Sainte de Chypre.

 

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