Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

La passion de la rencontre télévisuelle

Marie-Armelle Beaulieu
21 septembre 2010
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Il se dit que Mgr Minassian a refusé par trois fois sa nomination au poste d’éxarque patriarcal de l’Église arménienne catholique à Jérusalem. Manque de confiance en soi ? Esprit d’humilité ? Maladie ? Non ! C’est sa passion qui le retenait en Italie. Sa passion d’être pasteur, prédicateur, accompagnateur en langue arménienne dans les programmes auxquels il a donné naissance il y a cinq ans. Mgr Raphaël est le créateur, le concepteur et demeure l’âme du programme de l’unique télévision arménienne catholique. C’est Telepace, canal catholique italien, proche du Saint Siège qui lui offre l’espace nécessaire pour émettre neuf heures par semaine. Au début il était tout seul, installant son matériel, se filmant, faisant le montage etc. Depuis, il a constitué une petite équipe autour de lui et étoffé les programmes et en a varié les genres. Mais cela exige toujours beaucoup de lui pour encourager, guider, orienter. Ce qui à l’occasion entraîne quelques discussions avec ses supérieurs.

« Nous Arméniens nous sommes fiers de nos origines apostoliques. Convertis par les apôtres, nous continuons de faire ce qu’ils nous ont enseigné : visiter les familles et écrire des lettres ou publier des journaux. Mais, ajoute Mgr Minassian, cette belle tradition apostolique nous a fait prendre du retard sur la modernité. Il n’y a qu’une dizaine d’années que la communauté arménienne a commencé à s’ouvrir à la communication moderne. »

« Dans les critères d’évaluation de la pastorale des prêtres, nos supérieurs donnent une place de choix à leur capacité à visiter les familles, les malades, les nouveaux mariés, à organiser des activités pour les jeunes. Je ne vais pas leur donner tort mais soyons aussi réalistes. Nous sommes incapables de faire face à la réalité Durant 14 ans, j’avais comme pasteur sous ma responsabilité 2 400 familles, sauf qu’elles étaient dispersées sur tout le territoire de la Californie, le troisième plus grand état des USA, presque aussi grand que la France.

Certes, l’âge de nos prêtres et de nos évêques les a peut-être tenus plus à l’écart de cette communication moderne, mais il faut dorénavant y recourir d’autant plus que nos communautés sont dispersées sur de grands territoires. Il y a des prêtres en charge de 30 000 personnes mais sur un territoire immense. La télévision, un media comme la Telepace arménienne nous permet de toucher d’un coup et régulièrement 160 000 personnes. Ce sont les chiffres pour les émissions en langue arménienne que j’anime. »

Malgré tout on va me demander combien de visite j’ai fait cette semaine ? 160 000 !


L’histoire d’une vocation

Je suis né à Bethléem, mon père, orphelin du génocide, a été éduqué chez les Salésiens en Italie, puis ici à Beit Jamal. Il a eu la chance de retrouver son frère, grâce à un Salésien, sur la frontière Turquie Syrie. Alors que mon père pensait au sacerdoce, c’est son frère qui lui a demandé d’y renoncer pour lui préférer le mariage. Mon père a rencontré ma mère, A 18 ans, elle était considérée comme une « vieille fille » et mon père lui dit : Si tu acceptes que notre premier fils soit consacré au service de Dieu je me marie avec toi ». Et elle, pour se libérer de cette honte d’être vieille fille, elle a dit oui…
Mais votre vocation propre dans tout cela ?
Mon père et le Seigneur m’ont pris par la main et j’ai suivi comme un enfant dans les mains de son père. J’ai essayé plusieurs fois de m’échapper mais cela n’a pas réussi et voilà jusqu’où le Seigneur m’a conduit.

Dernière mise à jour: 21/11/2023 10:03

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