Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Après Latroun l’engagement contre la haine

Giorgio Bernardelli
21 septembre 2012
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Après Latroun l’engagement contre la haine
L'un des moines de Latroun photographe les dommages causés par le vandalisme du 4 septembre. (Photo: Patriarcat latin de Jérusalem)

Les choses bougent au sujet du Tag Mehir, ces attaques perpétrées par certains groupes de colons violents contre des maisons, des églises et des mosquées, comme "protestation" contre l'expulsion des colonies illégales au regard du droit israélien. Suite à cet événement, le ministre de la Sécurité intérieure Yitzhak Aharonovitch a annoncé la décision de former une unité ad hoc de la police israélienne.


Les choses bougent au sujet du Tag Mehir, ces attaques perpétrées par certains groupes de colons violents contre des maisons, des églises et des mosquées, comme « protestation » contre l’expulsion des colonies illégales au regard du droit israélien. Le dernier et le plus grave de ces incidents a eu lieu, on s’en souvient, il y a deux semaines. Des écrits scandaleux contre Jésus ont été peints sur la paroi extérieure du monastère trappiste de Latroun, et leur porte d’entrée a été brûlée. Un geste qui a été suivi par de nombreuses expressions de solidarité pour les moines de la part des citoyens juifs israéliens, offensés eux-mêmes par ce type de violence inacceptable.

Suite à cet événement, le ministre de la Sécurité intérieure Yitzhak Aharonovitch a annoncé la décision de former une unité ad hoc de la police israélienne. Elle sera chargée d’enquêter spécifiquement sur le phénomène Tag Mehir (le slogan « le prix à payer » avec lequel les extrémistes signent leurs actions contre les chrétiens et les musulmans). Yitzhak Aharonovitch est membre de Yisrael Beitenu, le parti d’Avigdor Lieberman (ministre des Affaires étrangères) proche lui aussi du monde des colons. « Nous allons traduire les coupables en justice, nous ne tolérerons plus ces situations» a-t-il promis.

C’est ce que les Ordinaires catholiques de Terre Sainte avaient demandé le lendemain de l’attaque de Latroun. Dans un communiqué très explicite, ils ont dénoncé l’inaction des autorités face à ces violences répétées. En outre, les données citées dans l’annonce de la création de l’unité anti Tag Mehir parlent d’eux-mêmes: ces deux dernières années, il y a eu 170 incidents liés à ce qu’on appelle une « haine nationaliste ». Et dans seulement 23 cas, on a fini par enquêter sur quelqu’un. Aujourd’hui, avec ce nouveau groupe qui aura des dizaines d’agents et sera formé d’ici deux mois, on espère que les choses vont changer sérieusement.

Ceci dit, comme les évêques l’ont précisé dans leur appel, la répression du phénomène par la police n’est qu’une partie du travail nécessaire. Parce que le vrai problème se trouve à la racine, c’est-à-dire dans les communautés de l’extrême droite juive qui éduque à la haine contre les chrétiens et les musulmans. Et sur ce point, il est important de souligner un article récemment publié sur le site internet du Jerusalem Post. Il s’intitule « le coût de la haine» et a été écrit par Eugene Korn, un Juif activement engagé dans le dialogue avec les chrétiens. L’idée est intéressante ; Eugene Korn part de la Torah, et plus précisément du livre du Deutéronome (chapitre 23, verset 8) : « tu ne détesteras pas les Égyptiens », le commandement recommandé par Moïse au peuple d’Israël avant d’entrer dans la terre d’Israël. Les Egyptiens, rappelle Korn, étaient les ennemis qui les avaient réduits en esclavage. Et les enfants de ceux qui avaient été leurs esclaves étaient là, en face de Moïse. Et pourtant, le guide par excellence du peuple d’Israël invite à ne pas les haïr, pour ne pas rester esclave du passé. «Comme Pharaon et son armée, les ennemis chrétiens font partis du passé qui n’existe plus – écrit Korn -. Et si nous ne sommes pas d’accord, cette haine anachronique va nous empêcher de réaliser les idéaux spirituelles, culturelles et nationales pour lesquels Moïse, la Torah et les fondateurs de l’Etat d’Israël nous ont demandé de consacrer nos vies.  »

Ce sont des paroles courageuses, capables de lire en profondeur ce qui est susceptible de se produire dans certaines franges du monde juif. Des paroles d’amitié vraie qui valent vraiment la peine d’être rapportées.

Cliquez ici pour lire l’article de Yediot Ahronot annonçant l’institution de l’unité anti Tag Mehir

Cliquez ici pour lire l’article d’Eugène Korn sur le site Jerusalem Post

(Ambassade de France en Israël) – L’Ambassadeur de France en Israël, Monsieur Joël Bigot, s’est rendu aujourd’hui, 21 septembre, à l’abbaye cistercienne de Latroun, pour exprimer la solidarité de la France suite aux actes de vandalisme commis à l’encontre de l’abbaye pendant la nuit du 4 septembre.

L’Ambassadeur a rencontré le père Abbé et les frères du monastère, et a rappelé la ferme condamnation de la France à l’encontre de ces actes graves qui visent un lieu de culte.

L’abbaye cistercienne de Latroun est une des communautés religieuses protégées par la France en vertu d’accords passés avec l’Empire Ottoman, confirmés par l’État d’Israël -Échanges de lettres Chauvel/Fischer de 1948/49.

Le porte-parole du Quai d’Orsay avait, le jour même, condamné fermement cet acte de vandalisme et avait exprimé la totale solidarité de la France vis-à-vis de la communauté des moines. Le Consul Général à Jérusalem s’était aussitôt rendu sur place. L’Ambassadeur s’était entretenu il y a deux semaines avec le vice-ministre des affaires étrangères, M.Danny Ayalon, et le chef de la police israélienne, M, Yohanan Danino, et avait souligné auprès de ses deux interlocuteurs l’importance que la France accordait à ce que les responsables soient arrêtés et traduits rapidement en justice. Il a fait part aux moines du contenu de ses entretiens avec les autorités israéliennes et des contacts toujours en cours avec la police israélienne.

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