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Le monde arabe “charmé” par le pape François

Marie-Armelle Beaulieu
30 mai 2013
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Preuve, s’il en est, que l’élection d’un nouveau pape a valeur universelle : les réactions se sont multipliées.
Dans le monde arabe aussi, l’ouverture au dialogue manifestée par le pape François trouve de l’écho chez les musulmans et chez les chrétiens.


Après la méprise de Ratisbonne, Benoît XVI avait multiplié les dé–marches pour exprimer son respect de l’islam, priant dans une mosquée à Istanbul, exhortant, lors de son dernier voyage au Liban, chrétiens et musulmans à coexister au Proche-Orient sans chercher à se dominer les uns les autres (1). Mais las, les relations avec l’islam demeuraient tendues et l’université Al-Azhar du Caire n’entendait pas revenir sur sa décision qui avait coupé tout échange avec le Saint-Siège depuis que le pape, en décembre 2010, avait condamné “l’intolérance religieuse” après un attentat dans une église copte d’Alexandrie.

Les musulmans qui adorent Dieu unique

Il aura suffit au pape François de deux discours et d’un geste pour “séduire” le monde musulman. Le premier des discours, c’est celui qu’il adressa aux représentants des différentes religions le 20 mars. “Je vous salue (…) chers amis appartenant à d’autres traditions religieuses : d’abord les musulmans qui adorent Dieu unique, vivant et miséricordieux, et l’invoquent par la prière (…)”. Cette citation claire, comme l’avait été celle adressée aux juifs quelques instants avant, marqua les esprits.
L’autre intervention frappante fut le discours au corps diplomatique prononcé le 22 mars. “Le rôle de la religion, insista le pape, est fondamental. On ne peut pas en effet, construire des ponts entre les hommes en oubliant Dieu. (…) Pour cela, il est important d’intensifier le dialogue entre les différentes religions, je pense surtout au dialogue avec l’islam, et j’ai beaucoup apprécié la présence, durant la messe du début de mon ministère, de nombreuses autorités civiles et religieuses du monde islamique.”
Le chef spirituel de 1,2 milliard de catholiques (2) a donc invité à intensifier le dialogue avec 1,6 milliard de musulmans… Certes, c’est un dialogue rendu difficile par la multiplicité des courants et facettes de l’islam, mais le seul fait que leur religion soit citée nommément a touché les représentants de l’islam.
Dans ce même discours, le pape a parlé du choix de son nom en référence à François d’Assise, “personnalité bien connue au-delà des frontières de l’Italie et de l’Europe, et aussi de ceux qui ne professent pas la foi catholique”. François qui a rencontré le sultan d’Égypte en 1219.
Touchés, les musulmans l’ont aussi été en apprenant que le pape, le Jeudi saint, avait lavé et embrassé les pieds de deux des leurs.
Dans le monde arabe musulman (25 % des musulmans du monde), l’élection du pape est donc accueillie favorablement. Le chef de l’Organisation de la Coopération Islamique (qui réunit 57 États) a abondé dans le sens du pape, en formant le vœu que “la relation entre l’islam et le christianisme retrouve sa cordialité et son amitié sincère.”
Mais une autre composante du monde arabe s’est réjouie de cette élection : le monde arabe chrétien. Certes, les Églises du Proche-Orient savent ce qu’elles doivent aux prédécesseurs de François, elles qui ont été soutenues par Jean-Paul II et plus encore par Benoît XVI (3).
Mais c’est la chaleur du nouveau pape qui les encourage. Sa chaleur et son sourire.
Si tous les patriarches catholiques orientaux avaient fait le déplacement à Rome, ce sont les fidèles qui parlent avec le plus d’enthousiasme du nouveau pape.

Un sourire qui apaise

Non qu’ils pensent que plus que d’autres il ait la solution de leurs problèmes, mais parce que son sourire, son humilité, sa proximité manifeste avec ceux qui l’approchent, sa sollicitude paternelle pour les petits, les souffrants et les pauvres les émeuvent et leur font du bien.
On trouve chez le pape François certaines des aspirations que les fidèles avaient fait remonter dans l’Instrumentum Laboris, document préparatoire au Synode des Églises du Proche Orient : collégialité, témoignage par l’exemple, désir d’unité. Et encore ce sourire, qui vient éclairer leurs nuits et les aider à garder le leur.
Quand en plus le pape, le jour de Pâques, a expressément prié pour le Moyen Orient, ils se sont sentis aimés à leur tour personnellement.
Autant dire que le pape est le bienvenu s’il songeait à se rendre dans la région.

(1) Voir Terre Sainte Magazine novembre décembre 2012.
(2) Le nombre total des chrétiens dans le monde est de 2,2 milliards soit 32 % de la population mondiale. Chiffre décembre 2012.
(3) Voir Terre Sainte Magazine
mars avril 2013.

Dernière mise à jour: 30/12/2023 15:51

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