Quand on le regarde du site où Jésus fut baptisé, près de Jéricho, devant sa largeur d’à peine une dizaine de mètres, on pourrait se demander pourquoi il a fallu l’Arche d’Alliance pour permettre au peuple de traverser le fleuve.
Aujourd’hui, le Jourdain d e m e u r e infranchissable, certes, mais pour d’autres raisons.
Il constitue désormais la frontière naturelle entre Israël et la Jordanie, ce qui implique la présence de soldats armés sur ses rives, pour empêcher qu’on ne franchisse illégalement la frontière, et un certain nombre de mines dispersées tout autour, héritage de l’époque où le lieu était un no man’s land entre les deux pays.
Aux abords du fleuve, on s’imagine mal également, malgré les pèlerins qui le font encore parfois, les foules venir s’immerger dans son eau couleur-café pour être baptisées par Jean.
Il reste que c’est là, dans une eau plus abondante et plus limpide, que Jésus était venu à la rencontre de son précurseur et de sa destinée, et qu’il avait fait ouvrir non plus les eaux, mais les Cieux pour en faire descendre l’Esprit comme une colombe.
L’arche n’était-elle pas le signe de la Présence de Dieu au milieu de son peuple ? Normal que Jésus en suive les traces, avec un résultat encore plus impressionnant.
C’est alors que la voix du Père se fit entendre : “Tu es mon Fils, mon bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour”. Cette déclaration trouvera par contre tout de suite quelqu’un pour la mettre en doute. Poussé par l’Esprit au désert, 40 jours plutôt que 40 ans, Jésus y entendra le Tentateur lui dire : “Ah oui ? Eh bien, si tu es le Fils de Dieu…” Le diable le met au défi de prouver la vérité de la parole du Père, de la Parole de Dieu. Pour cela, il lui propose différentes épreuves, à travers lesquelles Jésus pourrait manifester sa puissance.
“Change ces pierres en pain… Réponds à tes désirs physiques”. Jésus démontrera par la suite qu’il en a la capacité, lorsque, dans un endroit désert, il nourrira de pain des milliers de personnes.
La grande différence entre la tentation du diable et l’accomplissement de Jésus dans la multiplication des pains, c’est la motivation qui le pousse à agir. Il ne centre pas le geste sur lui-même, mais en fait un service pour ceux qui l’entourent. Il faut dire qu’il les avait également nourris auparavant de la Parole de Dieu, puisque “ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre”.
Dieu garde la première place. On répond par la suite aux besoins physiques.
Le diable ne se laisse cependant pas décourager. C’est qu’il est têtu. De nouveau, il répète : “Si tu es le Fils de Dieu…”, qu’il accompagne cette fois de : “Jettetoi en bas…” “Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix…”, dira-t-on à Jésus quelques années plus tard.
Encore ici, un acte de puissance pourrait créer un bel effet, mais l’éloignerait du projet et de la volonté de Dieu. Jésus obéira à sa façon, en son temps, à cette invitation.
Il descendra jusqu’aux enfers, mais pour en libérer ceux qui y étaient enfermés.
Il ne reste au diable qu’une seule tentation : pousser Jésus à se contenter de régner sur le monde. Le pouvoir terrestre peut nous fasciner, alors que ce qui nous est promis est beaucoup plus grand. Ce que Jésus est venu établir, c’est le Règne de Dieu, qui agit sans bruit, qui prend le temps de croître et grandir comme le fait un arbre de sénevé, qui préfère même subir que d’imposer.
Le trône du Christ, ce sera la croix. C’est le modèle du Règne proposé par Dieu.
Ce n’est alors pas étonnant que ce soit sur la croix qu’on entende les mêmes discours, “Si tu es le Fils de Dieu…”, auxquels Jésus répondra de la même façon : en donnant préséance au projet et à la volonté de Dieu.
Et parce qu’il y fut fidèle jusqu’au bout, voilà que l’on entendra un autre son de voix, celui des païens, en la personne du centurion, qui s’exclamera devant sa mort : “Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu”. Jésus avait démontré sa puissance, qui en est une d’amour. Il prouva qu’il était Fils de Dieu en obéissant au projet que Dieu avait annoncé dès son baptême : en manifestant tout l’amour que le Père avait mis en lui.
Terre Sainte n. 2/2016 – Sommaire TSM 642
Voici le sommaire du numéro de mars-avril 2016 de Terre Sainte Magazine.
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Cet architecte palestinien de 56 ans a mené de nombreux projets de conservation en Terre Sainte. Ce qui compte le plus pour lui, sont pas tant les vieilles pierres que les hommes qui continuent de vivre à proximité.
Les archives historiques préparent leur avenir
C’est le "saint des saints" de la Custodie. Il y est plus difficile d’y entrer que de pénétrer dans le bureau du custode. Ce sont les archives historiques de la Custodie.
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Au XVIIIe siècle les franciscains répondaient à la dévotion européenne en instituant à Jérusalem le chemin de croix dans la vieille ville. Au XXe ils inaugurent une salle multimédia.