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Sauver la mer Morte, entre utopies et réalités

Cécile Lemoine
28 janvier 2022
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Sauver la mer Morte, entre utopies et réalités
Le photographe américain Spencer Tunick fait poser des milliers de gens nus partout dans le monde. Des “installations” qui ont gagné les rives de la mer Morte en 2011, 2016 et 2021 ©Miriam Alster/Flash90 2011

Ce ne sont pas les projets qui manquent pour tenter de stabiliser et protéger la mer Morte. De la plus concrète à la plus folle en passant par la plus poétique, panorama de ces idées dont aucune n’a pour le moment porté ses fruits.


  • L’idée la plus folle : le canal mer Rouge-mer Morte

Tout dans ce projet était hors-norme. Son principe : faire remonter le niveau de la mer Morte grâce à un canal long de 180km acheminant l’eau de la mer Rouge et la saumure issue d’une nouvelle usine de dessalement à Aqaba, tout en alimentant les Jordaniens en eau. Ses parties prenantes : Israël, la Jordanie et l’Autorité palestinienne, ennemies et pourtant signataires d’un accord tripartite inédit en 2013. Son coût, soutenu par la Banque Mondiale : 10 milliards de dollars sur 20 ans. Ses conséquences : des chercheurs de l’université Ben Gourion à Beer Sheva en Israël ont montré que la composition chimique unique de la mer Morte pourrait être altérée par l’arrivée d’une eau extérieure, allant jusqu’à la rendre rouge ou blanchâtre dans les pires des scénarios. L’ampleur de son infaisabilité : imaginé en 2003, le projet est tombé à l’eau 18 ans plus tard, sans qu’aucune construction n’ait été amorcée, quand les Jordaniens ont annoncé leur retrait au printemps 2021. 

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Ce qui devait être le “canal de la Paix” s’est transformé en une impasse politique, minée par le naufrage des relations israélo-jordaniennes, l’impossibilité du financement et les objections environnementales. “Dès le départ, le projet ne s’annonçait pas viable, souligne Oded Eran, chercheur émérite à l’Institut israélien des études de sécurité nationale. Israël se retrouvait à acheter de l’eau dont il n’avait pas besoin dans la zone Akaba-Eilat, la Jordanie, avec une installation de dessalement qui ne couvrait pas ses besoins en eau dans le nord du pays, tandis que l’Autorité palestinienne continuait de se faire l’illusion que l’accord renforcerait leur affirmation territoriale le long de la mer Morte.”

  • L’idée la plus enterrée : le classement à l’Unesco

Aussi curieux que cela puisse paraître, la mer Morte n’a jamais été classée au patrimoine mondial de l’Unesco. (…)


Retrouvez l’interview en entier dans le numéro 677 de Terre Sainte Magazine (Janvier-Février 2022)

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