Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Chypre, sur les traces de Barnabé

Beatrice Guarrera
19 septembre 2022
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Chypre, sur les traces de Barnabé
L’iconostase de l’église dans laquelle la fête du saint est célébrée à nouveau depuis 2005 par une divine liturgie au jour de sa fête le 11 juin © Dudlajzov |Dreamstime.com

Un modeste mausolée près de l’ancienne Salamine, sur la côte est de Chypre, aujourd’hui contrôlée par les Turcs, abrite les restes du plus célèbre des chrétiens chypriotes. Fondateur, avec saint Paul, des premières communautés chrétiennes d’Asie Mineure.


Près des vestiges de l’antique Salamine, également mentionnée dans les hymnes homériques des VIe-VIIe siècles av. J.-C., la tombe de l’apôtre Barnabé a résisté à des siècles de bouleversements et de conquêtes. Après la mort du saint, probablement survenue en l’an 61, le lieu de sa sépulture est resté inconnu jusqu’en 468 lorsque, selon la tradition, Barnabé lui-même apparut en rêve à l’évêque de Salamine, Anthemios.

Lorsqu’il parvint à l’endroit qui lui avait été indiqué, l’homme d’Église trouva la dépouille du saint avec, à ses côtés, une copie de l’évangile de Matthieu. L’évêque apporta les reliques à Zeno, empereur de Byzance, qui déclara l’Église de Chypre indépendante et fondée sur ses racines apostoliques.

Sur le site de la tombe vénérable, un petit mausolée a été construit en 477, ainsi qu’une église et un monastère à quelques pas de là. La structure actuelle date de la période de l’Empire ottoman, précisément de 1756. Avec l’occupation turque de la partie nord de Chypre, qui a commencé en 1974, l’ensemble du complexe a été transformé en musée. La tombe de saint Barnabé peut encore être visitée aujourd’hui, à environ 150 m du monastère qui lui est dédié, situé à une dizaine de kilomètres au nord de l’actuelle ville de Famagouste. Quelques marches plus bas mènent à une tombe souterraine de l’époque romaine, composée de deux arcosoliums, à l’intérieur desquels se trouve un sarcophage décoré.

Monastère en sommeil. Après 1974 le monastère et l’église sont restés ouverts tant qu’il y eut des moines. Les derniers partirent en 1976 et le monastère fut transformé en musée en 1991 ©Trabantos/Shutterstock.com

Aujourd’hui, en raison de la situation politique, aucune communauté religieuse ne peut résider en permanence dans le monastère, mais celui-ci reste un lieu de pèlerinage et de dévotion pour la population locale. « Chaque année, nous venons ici pour célébrer la liturgie du Vendredi saint devant la tombe du saint patron de l’île », explique le vicaire pour Chypre du patriarche latin de Jérusalem, le frère Jerzy Kraj, qui réside dans la paroisse de la Sainte-Croix à Nicosie. « Aujourd’hui encore, ici, il est possible d’identifier quelques fragments orientaux de l’abside de l’église d’origine ».

Ce que l’on sait de Barnabé

Comme Paul, Barnabé est appelé « apôtre », bien qu’il ne soit pas l’un des Douze mentionnés dans les évangiles. Son nom hébreu était Joseph. Il descendait d’une famille de souche lévitique. Lorsqu’il est devenu chrétien, il a été surnommé Barnabé, c’est-à-dire « fils de l’exhortation » (comme le rapportent les Actes des Apôtres 4, 36). Son histoire est liée à celle de saint Paul quelque quinze ans après la mort et la résurrection de Jésus.

Barnabé, en effet, a été le premier à accueillir Paul à Jérusalem après sa conversion sur le chemin de Damas, alors que beaucoup doutaient encore de lui en raison de son passé de persécuteur de chrétiens (Ac 9, 26-28). Avec son cousin Jean – dit Marc – et Paul, l’apôtre s’est consacré, vers 45, à l’évangélisation de Salamine, port florissant et ville importante sur la côte est de Chypre, à quelques kilomètres au nord de Famagouste puis de Paphos, la capitale de l’île sous domination romaine, située sur la côte ouest, jusqu’à ce qu’il atteigne l’Asie Mineure (Ac 13, 1-12).[…]


Retrouvez l’article entier dans le numéro 681 de Terre Sainte Magazine (Septembre-Octobre 2022)