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À Jérusalem, le Patriarcat grec ouvre un musée pour révéler des trésors cachés

Rédaction
24 novembre 2025
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À l’occasion des vingt ans d’intronisation du patriarche Théophile III, un musée patriarcal a été inauguré dans la Vieille Ville. Les collections restaurées – principalement d’icônes - attendent l’ouverture au public aussitôt les derniers préparatifs finis.


Samedi 22 novembre, à l’issue d’une liturgie solennelle au Saint-Sépulcre marquant le vingtième anniversaire de l’intronisation du patriarche Théophilos III, a été inauguré un nouveau musée dédié au patrimoine liturgique du Patriarcat grec-orthodoxe.

Après une visite au pas de charge, Sa Béatitude Théophilos III a béni les salles du musée, installé dans l’ancienne résidence du patriarche Diodoros.

Les collections rassemblées pour le musée sont d’une grande diversité. Elles comprennent principalement des icônes byzantines ou arabes palestiniennes, des œuvres d’ateliers grecs, géorgiens ou russes, des manuscrits enluminés, des calices et des vases sacrés, ainsi que quelques vêtements liturgiques qui ont servi aux patriarches de Jérusalem. Certaines pièces remontent au Moyen Âge, d’autres témoignent des relations anciennes que le Patriarcat entretenait avec les communautés chrétiennes d’Orient et d’Europe. Plusieurs objets étaient restés invisibles pendant des décennies, enfouis dans les cryptes, les sacristies ou les monastères de la Vieille Ville.

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Consultée par Terre Sainte Magazine, Anastasia Keshman, Docteur en histoire de l’art de l’Université hébraïque de Jérusalem, spécialisée dans l’iconographie byzantine estime que l’on trouve dans la collection « quelques exemples exceptionnels de l’époque byzantine tardive, quelques exemples d’art post-byzantin, principalement de l’école chypriote, et quelques icônes russes. Mais la grande majorité sont des icônes de l’école locale – syro-palestinienne en général et de Jérusalem en particulier – réalisées par des artistes locaux de langue grecque et/ou arabe. »  Une telle collection la laisse dit-elle « sans voix ».

La magnifique icône de type proskynetaia[1] consacrée à la vie de saint Sabbas est datée de 1786. Ce qui d’après la professeure Keshman en fait « l’une des plus anciennes icônes de ce type de Terre sainte. »

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Le projet de musée, porté personnellement par le patriarche Théophile III, a été confié à une équipe resserrée. Le chef de projet Igor Shapovalov, la muséologue Natalia Gorgova et l’archéologue Stavros Andreou ont supervisé la transformation du bâtiment et la préparation des collections. Ils ont travaillé en collaboration avec la Fondation russe de l’Archange Michel, représentée lors de l’inauguration par sa directrice Elena Milskaya. C’est grâce à la contribution financière et logistique de cette institution que de nombreux objets ont pu être restaurés sur place pour la plupart.

Depuis deux ans, les restaurateurs de la Fondation œuvraient pour redonner leur éclat à des icônes, des croix processionnelles, des reliquaires et bien d’autres objets.

L’une des salles sera consacrée aux dons historiques apportés au Saint-Sépulcre par des souverains et des pèlerins venus de Russie, un aspect documentaire de l’histoire du Patriarcat grec et du christianisme en Terre Sainte.

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Au cours de la cérémonie, le patriarche Théophile III a exprimé sa gratitude envers les artisans et mécènes qui ont permis l’ouverture du musée. Il a salué « ce travail de préservation des artefacts de Terre Sainte » et a souligné que la possibilité de consacrer ce lieu en ce jour d’anniversaire constituait « un magnifique cadeau ».

Si l’inauguration a officiellement ouvert le lieu, le musée ne sera accessible au public que dans un second temps. Les œuvres ont pris place dans les douze salles qui les accueillent mais les cartels n’ont pas tous été installés et la scénographie continue d’être ajustée. Le Patriarcat souhaite que l’ensemble soit totalement prêt avant d’accueillir les premiers visiteurs.

Lorsque l’installation des collections sera entièrement terminée, le musée ouvrira ses portes aux pèlerins et aux visiteurs. Le Patriarcat prévoit également la création d’une base numérique afin de rendre ce patrimoine accessible à un public plus large.

Depuis la refonte de la section archéologique du Terra Sancta Museum, après l’ouverture d’un musée au patriarcat arménien et en attendant l’ouverture de la section historique du Terra Sancta Museum consacré au trésor dit du Saint-Sépulcre, l’ouverture de ce nouveau musée montre à nouveau les efforts importants déployés par les Églises pour sauvegarder, restaurer et présenter l’héritage matériel dont l’histoire se confond avec celle des sanctuaires les plus anciens du christianisme et d’une communauté chrétienne qui a su les conserver et les enrichir au long des siècles.

Sources additionnelles : Fondation russe de l’Archange Michel et télévision Rossiya-1 


[1] Grandes icônes peintes, vendues comme souvenirs aux pèlerins orthodoxes en Terre sainte. Elles représentaient une vue topographique des lieux saints chrétiens, avec la ville fortifiée de Jérusalem et l’église du Saint-Sépulcre au centre. Elles constituent le genre le plus esthétique de l’industrie locale florissante des icônes à la fin de la période ottomane.

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