L’édicule restauré

Mais ça, c’était avant ! Le mur exposé au sud était le plus sale. C’est le côté ou depuis 1947, les pèlerins, prenant l’avantage des étais d’acier posés par les Britanniques, mettaient le plus de cierges à brûler. La chaleur dégagée la journée, le froid qui lui succédait la nuit - alors qu’à la fermeture des portes les religieux les éteignaient - sont une des causes de la fragilisation de l’édifice.

Un simple nettoyage Le dôme en oignon, c’est ainsi que s’appelle le chapeau de l’édicule. Sauf aux endroits où le bois était manquant, il n’a en fait subit qu’un simple nettoyage. Mais le résultat est saisissant. Les restaurateurs ont fait le choix de ne pas combler toutes les lacunes de couleurs. Il n’est donc pas “déjà”abîmé. Il a juste 207 ans. La nouveauté, c’est la croix qui a été ajoutée. Aucune des représentations des édicules antérieurs, ni des gravures, daguerréotypes, ou photos dont on dispose ne montre de croix au sommet de l’édifice. C’est un désir de la communauté grecque. Si l’idée de mettre une croix a été approuvée par les Églises, sa forme a occasionné quelques discussions. Au point de changer de modèle ? Celle-ci est une copie de la croix (plus petite) que l’architecte grec Komnenos avait cachée dans les murs de l’édifice. Une chose est sûre, la Croix n’est pas constituée de 8 kilos d’or massif comme on n’a pu le lire.

Quelque 350 personnes étaient invitées le 22 mars 2017 à la rencontre œcuménique marquant le rendu des travaux (voir page 22). Devant la porte, les officiels religieux représentants des trois principales confessions. Devant l’édicule mais de côté, les représentants des autres confessions chrétiennes et les autorités civiles. De chaque côté de l’édicule, les généreux donateurs, les religieux des fraternités de la basilique, et autres religieux et laïcs liés aux travaux, à l’œcuménisme, ou proches des institutions religieuses. On inviterait les mêmes, on ne pourrait plus faire cette photo, à votre avis pourquoi ? Cherchez un peu.

Photo rare Dans quelques années cette photo pourrait être une pièce de collection. Pourquoi ? Elle a été prise dans la nuit du 20 au 21 mars. Le 22 mars à 20 h on ne pouvait déjà plus la prendre ainsi. Vous l’avez noté, la façade est nue. Ni tableau, ni lampes à huile et seulement une paire de candélabres inamovible au lieu des 5 paires en temps normal.

Le Ressuscité de retour Statu quo oblige, il fallait rendre à la façade ses décorations. La pièce la plus haute, une Résurrection, huile sur toile de Paolo de Matteis (1662-1728), nécessitait d’être installée la première. Elle appartient aux franciscains qui en profitèrent pour installer la rangée de lampes à l’huile qui est la leur.

Détail de la façade Une Résurrection gravée dans le marbre orne la façade. Elle n’est pas lisible dans le détail du fait de l’oklad d’argent qui la protège et des suspensions des lampes qui cachent l’ensemble. Comme on peut le deviner, l’œuvre a été recouverte d’or. Une intervention postérieure (1839 - 1842) à la construction de 1810. Ce style rococo ne correspondant pas au baroque ottoman de l’ensemble, les restaurateurs ont fait le choix de ne pas redorer.

Paléographie grecque Que les férus de grec s’y essaient ! Cette inscription, sous le tableau de la Résurrection de la façade est écrite - comme toutes celles qui sont sur ou dans l’édicule - en grec byzantin. Sauriez-vous la déchiffrer sur la photo ? En voici le texte restitué. ΑΝΩΚΟΔΟΜΗΘΗ ΤΟ ΚΟΥΒΟΥΚΛΙΟΝ ΤΟΥ ΠΑΝΑΓΙΟΥ ΤΑΦΟΥ ΟΛΟΝ ΕΚ ΘΕΜΕΛΙΟΥ ΔΙ’ΕΛΕΟΥΣ ΤΩΝ ΟΡΘΟΔΟΞΩΝ ΡΩΜΑΙΩΝ ΕΠΙ ΤΗΣ ΠΑΤΡΙΑΡΧΕΙΑΣ ΚΥΡΙΟΥ ΠΟΛΥΚΑΡΠΟΥ ΕΝ ΕΤΕΙ, ΑΩΙ’: ΚΑΤΑ ΜΗΝΑ ΜΑΡΤΙΟΝ. Ce qui vous l’aurez compris signifie : L’édicule du Saint-Sépulcre a été entièrement reconstruit depuis ses fondations grâce à la charité des romains orthodoxes (grecs byzantins) pendant le patriarcat de Polycarpe en l’année 1810 au mois de mars. Heureusement, d’autres de ces inscriptions ont un caractère de foi un peu plus prononcé !

Intérieur Même si les décorations ont repris leur place, l’intérieur de la tombe n’est plus tout à fait le même. A gauche, on voit la “fenêtre”taillée dans le marbre qui s’ouvre sur un des pans restant du caveau funéraire taillé dans le roc et qui a “vu” le corps de Jésus et a été témoin de sa Résurrection.

Au-dessus de nos têtes Sur les murs tout autour de la coupole de la chambre funéraire, cachées par la multitude des lampes dont les Églises se partagent la propriété, sont peintes des fresques représentant les myrrhophores, les femmes qui portaient la myrrhe nécessaire aux rites funéraires. Parmi elles, la Vierge Marie vêtue d’un manteau rouge que l’on aperçoit au centre, en bas de la photo. Après de longues discussions, toutes les lampes à l’huile des Églises ont été remises, malgré la préconisation d’en diminuer le nombre pour réduire les fumées grasses…

Mais ça, c’était avant (bis) L’intérieur du tombeau, 48 h avant l’inauguration. Au-dessus des planches, les restauratrices travaillent à enduire les fresques d’une couche de protection. Il sera fait de même sur tous les murs de l’édifice après qu’ils aient été décapés, puis lessivés. Ils ont considérablement éclairci. Au-dessus du lit funéraire (déformé par l’objectif très grand angle utilisé, une nouvelle Résurrection gravée dans le marbre. Elle aussi depuis recouverte d’un oklad, ces plaques de métaux précieux qui servent à protéger les icônes.