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La restauration de l’édicule signe d’une nouvelle étape

Frans Bouwen, m.afr.
30 mai 2017
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La restauration de l’édicule signe d’une nouvelle étape
Les chefs des Églises ont bien prié le Notre Père ensemble, chacun dans sa langue. Quel dommage que le micro exceptionnellement installé au Saint-Sépulcre n’ait pu transmettre à l’assemblée ce temps fort. Geste manqué ?

L'oecuménisme avance en Terre Sainte, en témoignent les travaux sur le Tombeau de Jésus.


Heu-reux ! Ils étaient heureux les invités (triés sur le volet) qui ont pu participer à la rencontre œcuménique de remise des travaux de restauration du tombeau du Jésus. Le père Bouwen apporte pourtant un petit bémol à ce concert de joie œcuménique.

L’inauguration officielle de l’achèvement de la première phase des travaux de consolidation et de restauration de l’édicule du Tombeau du Christ, le mercredi 22 mars 2017, constitue une nouvelle étape dans la marche des Églises de Jérusalem vers l’unité. Il y a encore du chemin à faire avant d’atteindre le but de la pleine communion, mais il est bon de marquer les étapes sur la voie qui y conduit, car, comme le pape François a dit à plusieurs reprises, c’est en marchant ensemble que nous faisons l’unité.

Il y a quelques mois, notre rubrique a signalé la nouveauté et la signification œcuménique de l’accord conclu entre le Patriarcat grec orthodoxe, la Custodie de Terre Sainte et le Patriarcat arménien orthodoxe pour entreprendre ensemble ces travaux à partir des fêtes pascales de 2016. Conformément au plan, ceux-ci ont pu être menés à terme avant la semaine sainte de 2017. La cérémonie qui a marqué cet achèvement illustre bien ce qui est actuellement possible dans le domaine œcuménique à Jérusalem, tout en laissant transparaître ce qui reste encore à faire.

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Sur le podium de la présidence, face au Tombeau du Christ, avaient pris place les Chefs des trois communautés partenaires dans le statu quo des lieux saints : le patriarche grec orthodoxe Théophilos III, le Père custode Francesco Patton, ofm, et le patriarche arménien Nourhan Manougian. Ils étaient entourés du patriarche œcuménique Bartholomaios Ier, du délégué apostolique Giuseppe Lazzarotto et d’un représentant du patriarche Catholicos de tous les arméniens Karékine II. La présence de ces trois dignitaires, chef suprême ou représentants des chefs suprêmes des Églises grecque orthodoxe, catholique et arménienne orthodoxe voulait signifier que cette réalisation dépasse le plan local et concerne les Églises dans leur ensemble. Le Tombeau vide du Christ est vraiment au cœur du monde chrétien. Cela se reflétait aussi dans le fait que toutes les Églises de Jérusalem prenaient part à la cérémonie.

Après des chants exécutés par les chorales grecque, latine et arménienne, l’une après l’autre, le patriarche grec, le custode et le patriarche arménien, dans cet ordre, prirent la parole ; ils étaient suivis du patriarche œcuménique, du Délégué apostolique (qui lisait un message du cardinal Leonardi Sandri), et du représentant du Catholicos arménien (qui lisait un message du Catholicos). Comme nouveauté est à noter le fait que l’Administrateur apostolique du patriarcat latin, Mgr Pierbattista Pizzaballa, était aussi invité à parler, alors que le patriarche latin ne joue traditionnellement pas de rôle aux lieux saints ; c’était sans doute en reconnaissance pour sa contribution importante à la signature de l’accord pour ces travaux alors qu’il était custode de Terre Sainte. Partant du mystère de la Passion et de la Résurrection du Christ, tous soulignaient la dimension œcuménique des travaux réalisés, chose que beaucoup jugeaient encore impossible il n’y a pas si longtemps. Chaque discours était suivi d’un chant par la chorale de l’Église respective. L’ensemble constituait un beau concert œcuménique qui fit la joie des nombreux assistants qui entouraient le Tombeau.

Après les discours, le programme de la cérémonie prévoyait la récitation commune du Notre Père, chacun et chacune dans sa langue. Quel ne fut pas l’étonnement de l’assemblée quand la présidence a commencé à se disperser sans que cette prière ait été annoncée ni récitée de manière audible. Était-ce un oubli ? Est-ce que certains ont prié en silence ? Pour un grand nombre, cette absence mettait une certaine sourdine à la joie de cet événement œcuménique qui restait ainsi comme inachevée. On ne peut pas ne pas y voir une douloureuse illustration de ce qui n’est pas encore possible à Jérusalem dans le domaine œcuménique, malgré les grands progrès faits ces dernières années. Chaque année, lors de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, nous nous heurtons à une réticence semblable, quand l’Église grecque orthodoxe, dont le patriarche est accepté comme le premier parmi les Chefs des Églises à Jérusalem, s’abstient de participer activement à une prière commune. Il ne nous appartient pas de juger, mais nous avons le droit de le regretter.

C’est dans ce sens que cet événement œcuménique historique est une étape sur le chemin, nous permettant de reprendre souffle et de réfléchir sur la meilleure manière d’aller de l’avant.

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