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A la découverte des dolmens de Terre Sainte

Marie-Armelle Beaulieu
11 septembre 2020
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Le saviez-vous, en France, 75 départements recensent un ou des dolmens classés ou inscrits aux Monuments historiques.
Des milliers de dolmens ont été recensés dans le monde (et continuent de l’être), dont plus de 20 000 en Europe. La Corée à elle seule en compterait près de 30 000. La Terre Sainte n’est pas en reste !


Les dolmens au Proche-Orient

Qui l’eut cru ? La Terre Sainte, élargie aux pays bibliques, compte des milliers de dolmens. La Galilée en Israël, le plateau du Golan occupé par l’État hébreu, la Syrie et la Jordanie concentrent l’essentiel des dolmens du Proche-Orient, sur un territoire de 150 km de long sur 100 km de large.

Mais on en trouve également de la Turquie à l’Égypte, en passant par le Liban et jusqu’au Yémen.

James Fraser, auteur d’un livre Les dolmens au Levant paru en 2018 en anglais, a montré la répartition des champs de dolmens et leur rapport avec les strates géologiques de Jordanie et d’Israël. Pour le seul Golan, on recense à ce jour 5200 structures.


Des familles de dolmen

On entend par dolmen, une structure funéraire mégalithique construite à partir de méga-pierres non taillées et sans ciment entre elles. Comptez sur les chercheurs pour introduire un bel éventail de nuances. L’archéologue israélienne C. Epstein classifiait les dolmens en sept familles. Tandis que l’australien, J. Fraser, préférait ne comparer que ce qui est comparable, à savoir les “dolmens tables” : une ou plusieurs grosses dalles de couverture posées sur des pierres verticales qui lui servent de pieds (les orthostates).

©ZeevStein.jpg

Sur la photo, la structure mégalithique de Rujm el-Hiri sur le plateau du Golan, à 16 km à l’est du lac de Tibériade. Son diamètre maximal est de 160 m, et le tumulus central fait près de 5 m de haut. On estime qu’il a fallu déplacer 40 000 tonnes de pierres de basalte pour le construire.


Nombre et datations

Pour la zone géographique qui comprend Israël/Palestine, Liban, Syrie et Jordanie on évalue à 15 000 monuments encore visibles. Hélas, de nos jours des nécropoles entières disparaissent sous les bulldozers, soit qu’elles gênent à l’expansion des villes soit que leurs pierres sont convoitées dans la construction de grands hôtels régionaux.

Les archéologues ont du mal à placer ces monuments mystérieux dans leur véritable contexte culturel. En Jordanie et en Israël, dans de très rares structures ont été retrouvée des restes humains, des outils ou des bijoux. La plupart des dolmens de la région datent de l’ère du Bronze Moyen au Levant (distinct du Bronze en Europe) soit il y a environ 2500 ans avant J.-C.

Sur la photo, un spécimen du champs de dolmens de Kuejiyeh près de Madaba en Jordanie. Les envions de Madaba sont très riches en dolmens.

© Gajus Scheltema


Les dolmens et la tradition juive

Les dolmens ne sont pas mentionnés spécifiquement dans la Bible, mais il est possible que les histoires de tribus de géants, et d’Og roi du Basan, aient leur origine dans l’impression faite sur les Israélites par les grands dolmens. Les Israélites connaissaient probablement les dolmens, car ils étaient déjà très anciens à leur époque, mais ils ne connaissaient pas leur origine. Il est naturel qu’ils les attribuent à des géants, car les dolmens sont construits avec des pierres gigantesques, qu’une personne ordinaire n’aurait pas pu soulever. Par ailleurs, les dolmens sont mentionnés dans la Michna et le Talmud.

Sur la photo, le dolmen du Kibboutz Shamir en Haute Galilée d’Israël, sur les pentes occidentales des hauteurs du Golan.

© Gonen Sharon/ Tel Hai College.


Dolmens et traditions arabes

Les Arabes ont deux traditions sur la source des dolmens. Dans le Golan et le nord de la Transjordanie, ils sont appelés kubur bani israil, c’est-à-dire les tombes des enfants d’Israël. En revanche, dans le sud de la Transjordanie, à Ammon et Moab, ils sont appelés beit el-ghol, avec la conviction qu’ils servaient d’habitations aux démons.

Sur la photo, dolmen trilithe de Wadi Rayyan en Jordanie.

© Adam Carr/North Jordan Tomb Project


Des peintures rupestres

Une première découverte en 2017 avait fait sensation en Israël quand avaient été découvertes dans un dolmen des gravures, sans que l’on puisse dire ce qu’elles représentaient au juste.

© Yaniv Berman/ Israel Antiquities Authority.

Mais en juillet dernier, dans un des dolmens du Golan, les chercheurs ont identifié les seules peintures rupestres zoomorphes connues à ce jour au Moyen-Orient . Sur une des pierres, on distingue six animaux à cornes de tailles différentes : trois ont la tête en direction de l’est et trois de l’ouest.

© Yaniv Berman/ Israel Antiquities Authority.

Des découvertes qui ont relancé l’intérêt des chercheurs pour les dolmens de la région quand leur étude a commencé il y a 200 ans.


Exposition virtuelle sur les mégalithes

Merci au Dr. Tara Steimer-Herbet du Laboratoire d’archéologie préhistorique et anthropologie de l’Université de Genève pour ses éclairages et de nous avoir signalé une exposition qui se tient à Genève (à partir du 1er septembre) et aussi en ligne :
Mégalithes d’ici,
Mégalithes d’ailleurs
www.unige.ch/expositions-virtuelles/megalithes/

Dernière mise à jour: 11/03/2024 15:23

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