🎧 Mgr Ballot (Moselle) : Une visitation pour raviver l’EspĂ©rance
Du 9 au 27 octobre 2025, 17 pèlerins de Moselle venus avec leur évêque ont rouvert les chemins de pèlerinage pour la France. C’est ce que souhaite Mgr Ballot qui explique au micro de RCF Jerico Moselle la démarche de ce groupe de pèlerins et revient sur les premières impressions suite à leurs rencontres.
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Parole d’évĂŞques, avec l’aimable autorisation de RCF JĂ©rico – Moselle
RCF Jerico Moselle – SĂ©bastien Souici
Bonjour et bienvenue en Terre Sainte pour un numéro exceptionnel de parole d’évêque, enregistré à Jérusalem en Terre Sainte. Notre invité, monseigneur Philippe Ballot, archevêque-évêque du diocèse de Metz. Monseigneur, Bonjour.
Mgr Ballot – Archevêque du diocèse Metz
Bonjour !
RCF Jerico Moselle – SĂ©bastien Souici
Alors là , on n’est pas dans le studio ni place sainte Glossinde à l’évêché. Où sommes-nous ?
Lire aussi sur le site du diocèse de Metz → Des pèlerins mosellans en visitation en Terre sainte
Mgr Ballot – Archevêque du diocèse Metz
Eh bien, nous sommes chez les Bénédictines, à Jérusalem. Nous avons une très belle vue sur Jérusalem et nous venons d’aller au Carmel où il y a toutes les traductions dans toutes les langues du Notre Père. Et donc nous sommes dans cette visitation, c’est comme ça que nous l’appelons, c’est à dire venir rencontrer nos frères et sœurs chrétiens de Palestine, d’Israël, de Terre Sainte, pour leur signifier que nous ne les oublions pas, que nous sommes profondément liés à eux, que l’Église Mère, qu’est l’Église et Jérusalem, demeure notre Église-Mère et que nous ne voulons surtout jamais l’oublier.
RCF Jerico Moselle – SĂ©bastien Souici
Sous les rameaux d’olivier, comme un beau symbole de paix, du 19 au 27 octobre, vous accompagnez notre groupe de 17 pèlerins de Moselle ici en Terre Sainte. Au moment où nous enregistrons, le pèlerinage n’est pas terminé, mais a déjà été riche de rencontres. Jérusalem, Jéricho, Bethléem, Taybeh, Abou Gosh, Césarée, Haïfa ou encore Nazareth. Impossible de tout citer, mais quelles sont d’ores et déjà les rencontres qui vous ont le plus marqué ?
Mgr Ballot – Archevêque du diocèse Metz
Les rencontres qui nous marquent, c’est lorsque nous sommes avec des personnes qui sont au cœur de l’actualité de cette Terre sainte. Lorsque nous allons à Bethléem et que nous rencontrons ces personnes qui vivent sur place, qui depuis deux ans ne voient personne venir, comme si elles n’existaient plus aux yeux du reste du monde.
Comme si ce qui faisait leur vie, ce qui fait leur vie, c’est-à -dire d’accueillir, d’accompagner et puis d’offrir ce que l’artisanat et ce que les personnes sur place produisent. Eh bien ça c’est arrêté. Et voilà des personnes qui sont dans une situation… quand ils nous voient ils disent « C’est un peu comme l’hirondelle qui annonce le printemps », c’est à dire un petit pèlerinage qui vient, qui revient.

Et donc ce fond-là est important. Nous rencontrons aussi des religieux, des religieuses et nous voyons poindre des larmes sur les yeux en disant que va être notre avenir ? Y a-t-il encore une espérance ? Y a-t-il encore quelque chose qui soit possible là où nous vivons ? Et ils sont touchés quand on peut leur dire que nous sommes sur une terre (La lorraine ndlr) qui a connu aussi des affrontements et des haines tellement importantes et qui aujourd’hui est devenue une terre de la fraternité, notre Moselle comme l’Alsace, même si ce n’est pas parfait.
Alors les rencontres, c’est aussi ce qui nous guide. Je pense à Marie-Armelle qui nous a permis d’entrer dans la profondeur du lieu qu’est le Saint-Sépulcre, le Golgotha. Et quand on est seul, seul, notre groupe, dans ce lieu où habituellement il faut faire la queue, on est saisi et comme on l’a vécu aussi à Bethléem.
Et puis je n’oublie pas la maison d’Abraham où nous logeons, une maison qui est sur la colline du Mont des Oliviers et qui nous permet d’avoir tous les jours une vue sur Jérusalem, le Saint-Sépulcre, les mosquées, le mur occidental et l’emplacement de l’ancien Temple de Jérusalem. Et là je dis il y a une unité, une communion possible et si on pouvait en être les porteurs et les messagers.
RCF Jerico Moselle – SĂ©bastien Souici
Avec les pèlerins, vous le disiez, vous avez célébré une messe au Saint Sépulcre, en compagnie notamment de Marie Armelle Beaulieu, rédactrice en chef de Terre Sainte Magazine. Depuis deux ans et les guerres, notamment à Gaza, les pèlerins sont beaucoup moins nombreux. Or, les chrétiens qui vivent ici, on a entendu plusieurs fois, ont besoin de ce soutien. C’est ce que vous avez reçu à travers les différents témoignages.
Mgr Ballot – Archevêque du diocèse Metz
Oui, je voudrais faire une petite diversion si j’ose dire, au lieu de parler de Marie. Armelle Beaulieu est un magazine qu’elle édite, Terre Sainte Magazine et bien j’invite tous ceux qui m’écoutent, tous ceux qui m’écoutent vraiment, s’ils peuvent le faire et vont chercher sur Internet de s’abonner à cette très belle revue que j’aime lire et qui nous met en lien direct avec ce que vivent nos frères et soeurs chrétiens et au-delà . C’est un très beau magazine. Il faut s’abonner. C’est un petit signe, un petit geste qui montre que ce qui se vit là -bas, eh bien il y a nous. Et c’est vrai, comme vous l’avez dit. Et tous ces lieux que nous que nous rencontrons nous permettent d’aller au plus profond de notre foi, d’aller au plus profond des relations qui existent entre chrétiens dans le monde entier.
Et je suis touchée de pouvoir voir que les quelques pèlerins qui reviennent, eh bien, j’en vois beaucoup d’Asiatiques et aussi les Philippines, Inde, Chine, quelques-uns d’Amérique latine.
RCF Jerico Moselle – SĂ©bastien Souici
Afrique du Sud.
Lire aussi → Dossier – Pèlerins, artisans de paix
Mgr Ballot – Archevêque du diocèse Metz
Afrique du Sud, les Etats-Unis, et l’Europe ? Et la France ? Il faut rattraper notre retard, si j’ose dire. Mais c’est aussi cette expérience-là que nous faisons et tous les lieux que vous avez cités sont des lieux où nous avons, où nous rencontrerons, nous avons rencontré, où nous rencontrerons dans quelques jours des communautés des chrétiens et il faut que vous puissiez les aider à rester là où ils ont été plantés par le Seigneur, c’est à dire en Terre Sainte, et qui ne sont pas tellement marqués par une sorte de désespérance quand ils pensent que leur avenir est ailleurs.
RCF Jerico Moselle – SĂ©bastien Souici
Il y a eu des larmes aussi dans ce pèlerinage. Nous avons tous été très touchés, lors de la visite de la crèche Bethléem en Cisjordanie, les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul accueillent près de 80 petits enfants, voire bébés, abandonnés ou placés. L’Autorité Palestinienne ne remplit pas ce rôle. Les enfants dépendent donc de la générosité de bienfaiteurs. Les Filles de la Charité.
Mgr Ballot – Archevêque du diocèse Metz
Oui. Alors là aussi, vous avez raison de signaler cette visite. On va dans un orphelinat, des petits enfants qui ont été abandonnés ou qui ont pu être élevés par la famille, qui sont là et qui sont accueillis, fragiles. S’il n’y a personne (pour prendre soin d’eux) ils meurent et c’est toute la charité, la solidarité, l’amour qui s’exprime. On pourrait dire à l’état pur et c’est beau que dans cette terre meurtrie, eh bien on puisse dire oui, la vie naissante, nous voulons encore la protéger, nous voulons encore l’accueillir, nous qui sommes issus de pays, de sociétés qui ont tellement de mal à accueillir la vie jusqu’au bout ou quand elle apparaît, la vie humaine, et qui sommes dans des logiques tellement autres, très matérialistes, très hédonistes, très repliées sur soi soi-même. Et c’est vrai que là où on devrait être tentés par le repli sur soi et les choses et le sauve qui peut, chacun se débrouille, eh bien non, il y a la solidarité la plus grande, la plus profonde avec ces tout petits.
Et quand vous dites oui, les larmes, on les a vues aussi parce que, avec ce témoignage, eh bien on voit bien que nous sommes aussi les uns les autres, très fragiles et avec une puissance qui est elle-même l’amour, eh bien, n’est pas quantifiable et qui sans cesse peut se développer, mais qui aussi nous rappelle notre grande fragilité, notre petitesse.
Mais nous ne désespérons absolument pas.

RCF Jerico Moselle – SĂ©bastien Souici
[Je signale que l’on peut soutenir les orphelins de Bethléem de manière très concrète en écrivant aux Filles de la Charité Crèches de Bethléem, 140 rue du Bac, Paris.]
Comment rester insensible aussi MgrBallot au témoignage de sœur Bénédicte, 42 ans, marseillaise et moniale melkite au monastère de l’Emmanuel, à deux pas du mur qui sépare Israël et les Territoires palestiniens.
Seule ou presque, elle vient en aide à la population locale. Cette présence chrétienne en Terre sainte ne doit pas s’éteindre. Êtes-vous optimiste pour la paix ? Ce n’est pas le cas de tout le monde ici.
Mgr Ballot – Archevêque du diocèse Metz
Oui, je comprends que lorsqu’on est au cœur de l’événement, c’est difficile de voir au-delà et de ne pas voir les tristes conséquences humaines. Mais le regard du chrétien, dans la nuit la plus profonde, va plus loin et dit au fond de l’obscurité la plus totale une lumière, le Christ, Dieu ! Et je souhaite que notre visitation ait pu raviver cette espérance.
Et il est vrai, comme vous le dites, que lorsqu’on est avec cette sĹ“ur – elles sont quatre sĹ“urs, une très âgĂ©e, deux qui n’étaient pas au monastère quand nous sommes passĂ©s parce qu’elle Ă©tait occupĂ©e autrement ailleurs – il y avait cette sĹ“ur seule, et quand tout va rencontrer cette sĹ“ur sur le site, on longe Ă quelques mètres Ă peine le mur qui sĂ©pare la zone Palestinienne de la zone israĂ©lienne.
Et sur ce mur, elles ont écrit une icône d’une vierge à l’enfant, c’est à dire Marie, protectrice, Marie toujours là , Marie qui n’abandonne pas et là quand on passe on dit : Oui, oui, nous espérons qu’un jour ce mur n’existera plus et que son emplacement sera un lieu d’échanges, de fraternité. Parce que nous pouvons dire que dans l’histoire, aucun mur construit pour séparer n’a duré.
Le rideau de fer de Berlin, la Grande Muraille de Chine, ça ne dure pas et on peut espérer que quand il disparaît, c’est parce qu’une autre réalité a pris le dessus la fraternité, l’amour mutuel, comme nous l’avons connu entre Français et Allemands. Et donc peut être, comme l’a dit la sœur également, devant un mur et se taper la tête contre le mur au risque de se blesser de plus en plus ou bien regarder un peu plus haut, comme si le mur nous disait « regarde plus haut » et quand on regarde plus haut, on voit que c’est la communion, communion des saints, communion de l’humanité qui est réelle. Et donc cette fraternité dont je vous parlais. Donc les larmes laisseront place, je le souhaite de tout mon cœur, et dès que possible, au sourire de celui qui aime.
RCF Jerico Moselle – SĂ©bastien Souici
Merci à vous, Mgr Philippe Ballot, 104ᵉ évêque de Metz, d’avoir accepté cette invitation exceptionnelle en Terre Sainte. Et merci à vous, chers amis auditeurs, pour votre confiance. Paroles d’évêques, c’est chaque dimanche à 9 h. Prenez soin de vous et à la semaine prochaine.
Encore un dernier mot, Monseigneur, nous portons toutes les intentions de prière des diocèses lorrains la Moselle, la Meuse, les Vosges, la Meurthe et Moselle qui nous écoutent, ici en terre Sainte.
Mgr Ballot – Archevêque du diocèse Metz
Bien sûr. Et qu’ils sachent que d’une certaine manière, avant qu’eux, ils puissent peut-être le faire très concrètement, ils étaient là . La Lorraine était là , la Lorraine, les différents diocèse que vous avez cités et bien sûr, le diocèse de Metz. Tous ses habitants étaient là à travers nous. C’est une visitation de 17 personnes, mais de tout ce peuple qui est heureux de pouvoir dire à tous ceux qui habitent sur cette Terre sainte : « Nous ne vous oublions pas, nous sommes liés à vous, nous sommes en relation avec vous. Nous sommes vos frères et sœurs.












