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Une inscription assyrienne découverte à Jérusalem éclaire

Rédaction
24 octobre 2025
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Le Dr Ayala Zilberstein, directrice des fouilles tenant la rare découverte d'un sceau akkadien. © Emil Aladjem/Autorité israélienne des antiquités

Tous les Akkadiens, toutes les Akkadiennes vont pouvoir fêter ça en musique. À Jérusalem, une découverte archéologique met leur langue à l’honneur et nous parle des relations entre l’empire mésopotamien et Juda.


Une minuscule tablette d’argile portant une inscription cunéiforme en akkadien, datée d’environ 2 700 ans, a été mise au jour près du mur occidental de l’esplanade du Temple, au nord de la Cité de David. L’objet, de 2,5 cm à peine, constitue la première inscription assyrienne jamais trouvée à Jérusalem pour la période du Premier Temple (VIIIe–VIIe siècles av. J.-C.).

Découverte lors de fouilles de l’Autorité israélienne des antiquités dans le parc archéologique de Davidson, la tablette a été identifiée comme un fragment de sceau royal assyrien : un cachet apposé sur une lettre ou un message officiel envoyé depuis la cour du roi d’Assyrie vers un destinataire du royaume de Juda.

L’analyse du texte suggère qu’il évoquait un retard de paiement d’un tribut ou d’un impôt, avec mention du premier jour du mois d’Av, selon un calendrier commun à la Mésopotamie et à Juda. On y trouve aussi la mention d’un « conducteur de char », personnage de haut rang dans l’administration assyrienne.

Selon la directrice des fouilles, Dr Ayala Zilberstein, cette découverte apporte une preuve directe de communications administratives entre Jérusalem et l’Empire assyrien, alors puissance dominante du Proche-Orient. Elle confirme la profonde imbrication politique et économique du petit royaume de Juda dans les réseaux impériaux de son temps.

Le sceau – ​​une preuve rare de communication écrite entre le roi d’Assyrie et le roi de Juda. © Eliyahu Yannai/Fondation de la Cité de David

Les analyses pétrographiques menées par Dr Anat Cohen-Weinberger montrent que l’argile ne provient pas de Jérusalem : elle correspond aux formations géologiques du bassin du Tigre, région de Ninive, Ashur ou Nimrud, ce qui confirme une provenance assyrienne directe.

Le fragment a été retrouvé dans des remblais associés à des couches du Premier Temple, piégés sous un canal d’évacuation de la période du Second Temple. Sa position, au sud des remparts de la vielle ville, en fait un indice précieux sur la topographie du quartier administratif de Jérusalem à l’époque où le royaume de Juda vivait sous tutelle assyrienne.

Les chercheurs estiment que l’objet a pu être adressé au roi Ézéchias, à son fils Manassé ou à leur successeur Josias, à une époque où Juda oscillait entre soumission et résistance à la domination assyrienne. Si le texte ne permet pas de trancher, il témoigne d’un moment de tension diplomatique, que les récits bibliques ont aussi conservé : celui d’un royaume pris entre loyauté et révolte face à l’empire de Sennachérib.

Pour les archéologues, il ne s’agit pas d’une « preuve » biblique, mais d’un échantillon rare de correspondance impériale, illustrant comment l’écriture cunéiforme et la culture administrative assyrienne ont pénétré jusqu’à Jérusalem.

Cette minuscule tablette ouvre une fenêtre sur les relations complexes entre Juda et l’Assyrie, dans un Proche-Orient où la diplomatie passait déjà par l’argile et le sceau des rois.

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