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Syrie : les Arméniens veulent relancer la vie sociale à Homs

Christophe Lafontaine
25 mars 2021
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Syrie : les Arméniens veulent relancer la vie sociale à Homs
A Homs en Syrie, l'école arménienne Ishakian en voie de réhabilitation © Middle East Council of Churches (MECC)

Dans le quartier d'al-Hamidieh de Homs, la réhabilitation de l'église arménienne et de l'école attenante, veut encourager les familles déplacées à revenir. Un projet soutenu par le Conseil des Eglises du Moyen-Orient.


Pendant la guerre de Syrie, les habitants de la vieille ville de Homs, troisième plus grande ville de Syrie, ont été contraints de quitter leur domicile en raison des hostilités. « La guerre a détruit plus de 70% de la vieille ville de Homs. Cela a ruiné la vie sociale des citoyens qui ont été forcés de quitter leurs maisons et ont été dispersés en Syrie et à l’étranger », déplore l’archevêque orthodoxe arménien oriental de Damas, comme l’a fait savoir dans un communiqué le Conseil des Eglises du Moyen-Orient (Cemo). Mgr Armash Nalbandian dont la juridiction comprend Homs, ne cachant pas sa crainte de ne pas voir revenir les familles chez elles. Avant la guerre, il y avait environ 110 familles arméniennes à Homs.

Dans le quartier d’al-Hamidieh, où la majorité était chrétienne, l’église arménienne Saint Mersrob et l’école privée Ishakian adjacente ont été partiellement détruites en raison des bombardements et ont été réutilisées par des groupes armés. Il y a cinq ans, le journal arménien Arewelk expliquait que les soldats avaient en effet « transformé la salle du sous-sol en hôpital, la salle des professeurs en mosquée, l’église en dortoir » et qu’ils avaient « profané le saint autel ».

« Impact positif sur les citoyens »

« Nous, les Arméniens, avons vécu un génocide douloureux et avons été déplacés à travers le monde. Aujourd’hui, les Arméniens ont de nouveau été déplacés avec les Syriens. La réhabilitation de l’église et de l’école est importante pour relancer la vie sociale et locale de la population de la vieille ville et de notre paroisse », a déclaré l’archevêque Nalbandian, indique le Cemo. La branche régionale du Conseil œcuménique des Eglises soutient de fait le processus de restauration de l’ensemble, et ce, en coordination avec l’Eglise évangélique des Pays-Bas. L’objectif étant de participer au rétablissement en Syrie des communautés locales en réhabilitant leurs lieux de culte ainsi que leurs écoles, leurs dispensaires et autres installations communautaires endommagés par le conflit.

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Avec le but de garantir le retour des populations déplacées dans leurs zones de résidence ou sur leurs lieux de travail. Pour ce faire, un « fonds de restauration des services sociaux d’inspiration religieuse et des infrastructures religieuses endommagées pendant la crise en Syrie » a été créé en juin 2020. Et c’est ainsi qu’on apprend que la reconstruction de l’école « se poursuit rapidement et régulièrement » comme annoncé le 25 janvier dernier sur la page Facebook de l’église St Sarkis de Damas, siège de l’archevêché arménien apostolique.

Le Cemo souligne qu’à Homs « les activités de réhabilitation auront un impact positif sur les citoyens ». Ils pourront être « rassurés que leurs enfants puissent recevoir une éducation décente à l’école Ishakian, leur offrant des opportunités d’emploi au sein de l’école, comme des emplois d’enseignant et d’autres postes ». Et l’archevêque Armash Nalbandia de se réjouir : « Cette église et cette école seront le phare qui ramènera les citoyens dans leur ville et leurs quartiers. »

Les Arméniens : partie intégrante de la société syrienne

Outre la vie scolaire et la vie de paroisse, le prélat annonce que la salle paroissiale sera mise à profit « pour organiser des réunions pour les jeunes et les citoyens de la région, quelle que soit leur religion, pour les amener à se connaître, promouvoir la compréhension mutuelle et jeter les bases d’une coexistence dans la paix et la sécurité ». De plus, seront mises en place des formations professionnelles pour les femmes et les jeunes telles que la couture, la broderie, la photographie, l’informatique ou l’apprentissage des langues.

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L’école privée Ishakian qui enseigne bien sûr la langue arménienne et l’église Saint-Mesrob ont été construites en 1920 en vue d’aider les Arméniens à s’installer à Homs après avoir fui le génocide perpétré en Turquie entre 1915 et 1917. A l’époque, environ 20 000 Arméniens avaient immigré à Homs et dans les villages environnants. « Nous sommes la troisième ou la quatrième génération de survivants du génocide arménien. De nombreux Arméniens se sont réfugiés ici grâce à leurs frères syriens. Et au fil des années, nous sommes devenus partie intégrante de la société », a d’ailleurs rappelé Mgr Armash Nalbandian le mois dernier auprès des autorités syriennes qu’il remerciait, après l’adoption par le Parlement syrien le 13 février 2021 de la résolution sur la reconnaissance du génocide arménien.

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