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Le pape nomme deux évêques auxiliaires à Jérusalem

Cécile Lemoine
11 mars 2022
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Le pape nomme deux évêques auxiliaires à Jérusalem
P. Rafic Nahra (en blanc à gauche) et P. Jamal Khader (en blanc à droite) lors de l'annonce de leur nomination au Patriarcat Latin de Jérusalem le 11 mars 2022. ©Cécile Lemoine/TSM

Le père Rafic Nahra et le père Jamal Khader, respectivement vicaires pour Israël et la Jordanie, ont été nommés évêques auxiliaires du patriarcat latin de Jérusalem par le pape François le 11 mars 2022.


Pour assister le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Pierbattista Pizzaballa, le pape François a désigné, le 11 mars, le père Rafic Nahra et le père Jamal Khader comme évêques auxiliaires du Patriarcat Latin de Jérusalem. Présents à Jérusalem, les deux prêtres d’origine arabe ainsi que Mgr Pierbattista Pizzaballa, ont exprimé leur gratitude envers le Saint-Père, lors d’une conférence de presse donnée dans les locaux du Patriarcat Latin, en présence du nonce apostolique en Israël et à Chypre et Délégué apostolique pour Jérusalem et la Palestine, Mgr Adolfo Tito Yllana.

« Il y a eu de la synodalité et de l’écoute tout au long de ce processus et je pense que ces nominations sont de bonnes conclusions pour notre diocèse. Je suis heureux pour la Jordanie, car je sais que le pays attendait une telle décision. Même chose pour Israël », a déclaré le patriarche Latin de Jérusalem.

« Il nous faut prier les uns pour les autres. J’essaierai de donner le meilleur de moi-même pour l’Eglise et les fidèles », a réagi le père Rafic Nahra, suivi par Jamal Khader : « J’ai hâte de continuer mon travail avec le Patriarcat Latin ».

Un ancien prêtre du diocèse de Paris

Prêtre libanais né en 1959 en Égypte, Rafic Nahra avait été nommé vicaire patriarcal à Nazareth en juillet 2021, soit il y a seulement 9 mois. Auparavant, le père Rafic Nahra portait la double casquette de vicaire patriarcal pour les catholiques hébréophones (Vicariat Saint-Jacques) et de vicaire patriarcal pour les migrants et les demandeurs d’asile.

Père Rafic Nahra ©B.Guarrera/CTS

Rafic Nahra a émigré à l’âge de 20 ans à Paris, où il a travaillé comme ingénieur avant d’entrer au séminaire diocésain. Ordonné prêtre dans la capitale française en 1992, le père Rafic parle couramment l’arabe, l’hébreu, le français, l’anglais et l’italien. C’est au cours d’un séjour d’étude à Jérusalem en 1993 qu’il entre en contact avec des communautés de chrétiens d’expression hébraïque, et se lie à la Terre Sainte.

« Je connaissais déjà la situation au Moyen-Orient, l’hostilité et l’ignorance mutuelles entre Eglise arabophone et hébérophone. J’ai été très touché par cela en tant que prêtre et j’ai ressenti le besoin de faire quelque chose », raconte-il dans un entretien donné à Terre Sainte Magazine en 2017. « Je voulais rapprocher les gens entre eux : les chrétiens avec les juifs et les chrétiens arabophones avec les chrétiens hébréophones. »

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De retour à Jérusalem en 2004, il obtient un master en pensée juive à l’Université Hébraïque de Jérusalem en 2007 (Littérature de la période du second Temple, et mystique juive du Moyen-âge), tout en se mettant au service de la pastorale au Vicariat Saint-Jacques et à la paroisse Maronite de Jérusalem. Toujours animé par cette volonté de construire des ponts entre religions et communauté, il termine un doctorat en littérature judéo-arabe à l’Université hébraïque de Jérusalem en 2016. Il est en parallèle nommé responsable de la Communauté catholique hébréophone de Jérusalem, et en septembre 2017, coordinateur pour la Pastorale des migrants.

Peu après sa nomination en tant que vicaire patriarcal à Nazareth, le père Rafic Nahra confiait les lignes directrices de sa nouvelle mission dans un entretien avec l’Ordre Equestre du Saint-Sépulcre (OESS): « Je vois deux grandes priorités. D’abord la formation théologique des laïcs (…) Ensuite, la pastorale des jeunes en Israël. Celle-ci a besoin d’être développée et unifiée. Les jeunes et les enfants sont la prunelle des yeux de l’Église. Le dialogue interreligieux est également très important. J’y suis déjà sensibilisé de par mes missions précédentes, et je voudrais m’y engager. »

Un palestinien fin connaisseur du monde de l’éducation

Nommé vicaire pour la Jordanie dans le même mercato de juillet 2021, le père Jamal Khader était jusqu’alors directeur des écoles du Patriarcat latin en Palestine.

Palestinien, né en 1964 à Zababdeh, Jamal Khader a été ordonné prêtre en 1988, pour d’abord servir en Jordanie. Après dix années de service à l’Université de Bethléem comme responsable du département des Sciences religieuses, il est nommé Recteur du séminaire de Beit Jala en juin 2013. Une position qu’il tiendra quatre ans avant de devenir le curé de la paroisse Sainte-Famille à Ramallah.

Père Jamal Khader ©Eglise catholique

Une expérience qu’il aime qualifier de « grâce » dans une interview pour l’OESS suite à sa nomination en Jordanie : « La rencontre des paroissiens, l’administration des sacrements, la collaboration avec les laïcs… Tout ceci m’a appris ce que veut dire être pasteur. La paroisse est une grande famille, et la solidarité parmi les paroissiens fait qu’ils forment un seul corps, une communauté vivante dans le Seigneur. La messe du dimanche me manquera ! », confie-t-il à François Vayne.

Il retourne vers le milieu éducatif en 2019, lorsqu’on lui confie la charge des écoles du Patriarcat Latin en Palestine. Son parcours, ancré dans l’enseignement et la vie pastorale, ont convaincu ce fervent défenseur de la cause palestinienne d’une chose : « Ce que je garde dans le cœur est l’urgence d’annoncer la Parole, à l’Université, au Séminaire, à l’école… La préparation de pasteurs, de catéchistes et de bons éducateurs doit rester une priorité dans l’Église locale », expliquait-il toujours à l’OESS.

Une conviction qui ne l’a pas quittée quand il a été nommé vicaire patriarcal pour la Jordanie, pays dans lequel il a vécu quelque temps : « La priorité sera le travail avec les prêtres, ceux qui travaillent directement dans la vie pastorale. Par eux et avec eux, nous pouvons vivre en tant qu’Église en Jordanie. (…) Aider les écoles dans leur mission d’écoles catholiques ouvertes à tous sera un souci constant. Cela inclut la préparation de catéchistes, l’appui financier, la planification pour le futur… », indiquait-il à l’OESS.

Avec ces deux nominations, le Patriarcat latin de Jérusalem dispose désormais de trois évêques auxiliaires. Mgr William Hanna Shomali étant en poste depuis 2010. Ce dernier est vicaire patriarcal général et vicaire en charge de Jérusalem et de la Palestine.

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