Dans l’homélie de l’ordination épiscopale de Mgr Jamal Daibes, le 6 mai 2022 à Bethléem, le patriarche latin, Pierbattista Pizzaballa, s’adressant au nouvel évêque lui fit des recommandations dont celle-ci : “La Jordanie est un grand pays et une grande partie de la communauté diocésaine se trouve en Jordanie. La responsabilité qui t’est confiée est donc grande. Tout d’abord, ne confonds pas la Jordanie avec Amman. Il est vrai que de nombreuses initiatives et paroisses sont concentrées dans la capitale. Mais la Jordanie commence à Aqaba, au sud, et se termine à Irbid, au nord. N’oublie donc pas les zones plus éloignées, qui sont tout aussi importantes.”
Dès lors, quand nous nous mîmes en tête à Terre Sainte Magazine d’aller rencontrer la communauté chrétienne de cette partie du diocèse, il fallait faire nôtre la recommandation.
À ceci près que les distances en Jordanie ne se parcourent pas tout à fait avec la même aisance qu’en Europe et quatre jours de reportage sur le terrain ne permettent pas de parcourir les 344 kilomètres à vol d’oiseau qui séparent Irbid, à la frontière syrienne, d’Aqaba à la frontière avec l’Arabie Saoudite. Il a fallu revoir nos ambitions à la baisse. Ce sera donc d’Irbid à Madaba, en passant par Amman pour y rencontrer Mgr Daibes et Renée Hattar de l’Institut Royal pour les études interreligieuses de Jordanie.
Il y a 32 paroisses en Jordanie. Il a fallu faire des choix prenant en compte la réalité géographique, quelques données pastorales, certaines pratico-pratiques (où loger) et finalement s’orienter en fonction des réponses apportées à nos sollicitations par les éventuels interlocuteurs. Quand ils ont répondu. Les étapes se dessinaient et avec elles, le nom et curriculum des curés. Certes une paroisse ne se résume pas à celui qui en a la charge. Il faut des laïcs, mais en semaine, en pleine journée, cela compliquait les choses, sans parler du facteur de la langue d’échange. Dans notre arabe trop rudimentaire la conversation était impossible, et quand bien même à trois nous maîtrisions cinq langues, la pratique courante de l’arabe local nous a fait défaut. Nous étions parties à l’économie des moyens et donc du traducteur.
Nous sommes allées à la rencontre de la communauté chrétienne comme un géologue opère un carottage ou un archéologue un sondage. En prélevant des échantillons, en soulevant partiellement le voile sur un grand champ à moissonner.
C’est un peu la loi du genre. Cela invite à la modestie et à l’humilité. Ça n’empêche pas de trouver avec un peu de chance des pépites. Cela aiguise aussi l’appétit. Nous sommes loin d’avoir épuisé les réalités de la communauté chrétienne du royaume hachémite. Il n’y a plus qu’à y retourner ! Peut-être cette fois, à la découverte d’une autre réalité : la Jordanie et ses lieux de pèlerinages.
Dernière mise à jour: 15/05/2024 14:25