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Mont Sion : profanation d’une chapelle grecque-orthodoxe

Christophe Lafontaine
9 juin 2022
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Mont Sion : profanation d’une chapelle grecque-orthodoxe
Cimetière arménien sur le mont Sion à Jérusalem ©Hadas Parush/Flash90

Le Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem a dénoncé la profanation de l’une de ses chapelles, sur le mont Sion, par des radicaux israéliens le 6 juin. Le ministère grec des Affaires étrangères a également protesté.



Le ministère grec des Affaires étrangères s’est dit très préoccupé par de nouvelles menaces et des actes de vandalisme dans une chapelle grecque-orthodoxe à Jérusalem.

De fait, l’intérieur d’une chapelle située sur le mont Sion, dans le « jardin grec » – propriété du Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem -, a été profané lundi dernier au matin, vers 10h30, heure locale, a rapporté l’agence de presse palestinienne, Wafa.

Pour prouver l’incident, le Patriarcat a publié le jour même un communiqué dans lequel il a glissé deux photos et une courte vidéo de l’incident.

« Nous savons où vous habitez et nous vous tuerons »

Dans sa déclaration, le Patriarcat explique qu’ « un groupe d’une cinquantaine de radicaux israéliens d’origine inconnue a fait irruption » – en forçant le portail et les grilles –  dans la chapelle et l’a « souillée ».

Photo de l’intrusion dans la chapelle de radicaux juifs israéliens le 6 juin 2022 dans la chapelle du Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem, sur le mont Sion ©Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem

C’est le gardien de la chapelle qui a réussi à alerter la police malgré les « dures intimidations » et « la fureur des radicaux » qu’il a subies, du type : « nous savons où vous habitez et nous vous tuerons ». Grâce à son attitude, la police a pu se rendre sur les lieux et intervenir.

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Le Patriarcat a « vivement » protesté contre « ce comportement inacceptable et vérifiera toutes les possibilités pour obtenir justice pour ses droits et son personnel », a-t-il encore fait savoir dans son communiqué, rappelant que « ce type d’intrusion, d’intimidation et de menaces a eu lieu à plusieurs reprises dans cette chapelle, violant sa sainteté et le témoignage continu de la présence chrétienne depuis l’époque de la Dernière Cène et du jour de la Pentecôte ».

L’incident a eu lieu à quelques jours de la célébration de la Pentecôte, dimanche prochain pour les orthodoxes. La chapelle étant utilisée pour la fête.

Un acte perpétré dans le périmètre de la tombe de David 

L’agence Wafa explique que le Patriarcat, en coordination avec la police locale, avait pris la décision de verrouiller les portes de sa propriété avant Shavouot, la pentecôte juive, conscient que « des radicaux juifs ont déjà dans le passé pénétré dans la propriété, campé sur le terrain et saccagé le site » : peinture dans la chapelle, urine dans la crypte et dommages à l’aménagement paysager.

Les vandales radicaux juifs souhaitent supprimer toute présence chrétienne dans le périmètre de ce qui est considéré comme la tombe de David – plus exactement un cénotaphe, monument funéraire vide -, l’un de leurs lieux de pèlerinage qui se trouve au rez-de-chaussée du Cénacle, ayant appartenu aux Franciscains de la Custodie de Terre Sainte jusqu’en 1552 avant d’être transformé en mosquée. Aujourd’hui, une yeshiva (école talmudique) s’est installée dans le complexe, de facto sous juridiction israélienne.

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Sur le mont Sion ces dix dernières années, les sites d’autres confessions chrétiennes notamment chez les Arméniens, les bénédictins de la basilique de la Dormition ou encore le cimetière de la paroisse latine sur le Mont Sion à Jérusalem, ont aussi été attaqués par une poignée de juifs extrémistes ces dix dernières années.

Athènes exprime « la plus vive inquiétude »

Mercredi, la Grèce a vivement réagi dans une déclaration émanant de son ministère des Affaires étrangères qui rappelle qu’Athènes a « toujours exprimé son intérêt pour le Patriarcat de Jérusalem et les sanctuaires sacrés qui sont inclus dans le statu quo établi de la Terre Sainte ».

« Nous exprimons notre plus profonde préoccupation au sujet de l’incursion d’hier dans une propriété appartenant au Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem et de la profanation de la chapelle par des membres d’un séminaire juif », a réagi le ministère grec qui a en outre appelé les autorités israéliennes compétentes à prendre « les mesures appropriées pour enquêter sur l’incident, traduire les responsables en justice et empêcher que des actions illégales similaires se reproduisent à l’avenir ».

Des tags antisémites également au musée de la Shoah du mont Sion

Par ailleurs, la chaîne de télévision i24News, basée en Israël, a rapporté que des graffitis à caractère antisémite – « Sionistes = Nazis », « Les sionistes ont perpétré l’Holocauste » – avaient été également découverts sur le mont Sion au Musée de la Shoah, le 8 juin.

Ce musée, inauguré en 1949, est le premier musée créé en Israël à la mémoire des victimes juives du génocide nazi. I24News, explique que le grand rabbinat de l’époque avait choisi le mont Sion comme site du Musée de la Shoah « en raison de sa proximité avec le tombeau de David, qui connote symboliquement l’histoire juive ancienne et la promesse de la rédemption messianique ».

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