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Le pèlerinage doit être une source d’inspiration

entretien avec Mgr Tremblay - propos recueillis par Marie-A. Beaulieu
15 septembre 2022
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Mgr Pierre-Olivier Tremblay au Thabor,© Marc Cabaret

Jusqu’au mois de juillet, Mgr Pierre-Olivier Tremblay était évêque auxiliaire au Canada. Son nouvel évêque, Mgr Martin Laliberté, lui proposa de prendre un temps sabbatique avant que le pape ne l’appelle à de nouvelles fonctions. Direction la Terre Sainte. “Je suis canadien, j’ai un peu été cueilli par la chaleur !”

C’est à la veille de son retour outre-Atlantique qu’a lieu notre entretien, l’occasion de faire le point sur son séjour. Certes, l’évêque a pu visiter les Lieux saints mais il avait surtout le désir de prendre le temps d’y prier. “J’avais des quantités d’intentions. Le diocèse que je quittais, celui que je savais recevoir bientôt, le voyage du pape parmi nous, les premières Nations du Canada etc.”

Mgr Tremblay a désiré partager son expérience sur les réseaux sociaux “spécialement Facebook”. Il y a multiplié les vidéos pour montrer ce qu’il voyait, expliquer et aussi prier avec ceux qui le rejoignaient par écran interposé : “Ça a été incroyable le succès de ces échanges.”

Sans être un familier de la Terre Sainte Mgr Tremblay y était déjà venu. “C’est mon troisième séjour. J’ai fait un premier pèlerinage en 2010 et un second en 2015 avec ma paroisse d’alors à Ottawa. Cette fois, étant seul, je vois d’autres réalités. Celles des tensions politico-religieuses m’apparaissent davantage alors qu’au cours d’un pèlerinage on n’a pas trop l’occasion de les sentir. Mais ce qui me touche aussi c’est la rencontre de gens de tous les continents. La rencontre des peuples c’est fort et touchant.”

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Accueilli par les franciscains de Jérusalem, Mgr Tremblay a pu discuter avec eux et entendre leurs témoignages de vie dans les Lieux saints. “Le frère Stéphane nous a fait une catéchèse remarquable sur Jérusalem comme centre du monde et sur le Saint-Sépulcre où j’ai eu l’occasion d’aller prier à plusieurs reprises. Jusqu’ici l’endroit m’apparaissait assez confus. Mais cette fois, j’ai eu le temps de l’apprivoiser et c’est probablement devenu mon lieu préféré.”

“Au-delà des tensions réelles éprouvées, on peut trouver des lignes de convergence. C’est important car ici je n’ai pas rencontré beaucoup d’optimisme mais j’ai trouvé de l’espérance. Et cette espérance nous est donnée.”

Que doit-on faire, vers quoi on s’en va, que peut-on attendre et espérer dans la foi pour la suite ? Les visites ne sont pas une fin.

Lors de son séjour Mgr Tremblay a eu l’opportunité de se joindre à un circuit d’accompagnateurs de pèlerinage. “Ça m’a donné l’occasion de réfléchir sur ce que l’on peut attendre de la démarche. On peut être noyé par le guide sous un flot d’informations. Elles sont intéressantes mais le pèlerinage c’est par excellence le moment de l’inspiration. Je suis persuadé que c’est important de venir en pèlerinage. Je crois qu’il est important de le faire particulièrement avec les nouvelles générations parce qu’il y a quelque chose de touchant, de bouleversant, de renversant, de fondateur. J’espère avoir l’occasion de revenir.”

Découvrir des perspectives

C’est en pensant aux plus jeunes, dans un Canada où le rapport au christianisme n’est pas simple, que Mgr Tremblay poursuit sa réflexion à voix haute. “Il faut penser autrement la manière de faire vivre un pèlerinage. Quelques pistes m’habitent. La plupart de nos pèlerinages sont sursaturés d’informations, alors qu’on a besoin de transformation. On n’a pas juste besoin d’être intéressé, on a surtout besoin d’être inspiré. Il y a un intérêt aux découvertes de natures historiques et patrimoniales mais, il y a quelque chose qui doit être reçu dans le présent et qui peut être de nature à nous ouvrir des perspectives d’avenir, dans l’espérance, pour s’apprêter à vivre ce qui va se présenter à nous. Que doit-on faire, vers quoi on s’en va, que peut-on attendre et espérer dans la foi pour la suite ? Les visites ne sont pas une fin.”

Mgr Pierre-Olivier Tremblay au Saint-Sépulcre. © Marc Cabaret

“Quand j’étais venu en 2015, le groupe était toujours en cercle, et je ne suis pas le seul à avoir donné les enseignements. Chacun s’était préparé des semaines à l’avance. Chacun avait son rôle d’animateur et moi je faisais, comme prêtre, le lien avec tous mais je n’étais pas le seul émetteur, d’informations ou de contenu au service du groupe.

Lors de ce pèlerinage nous avons vécu une dynamique d’Église. Nous n’étions pas des individus passifs qui reçoivent ce que le guide ou l’animateur spirituel a à nous dire. Chacun était participant. Ça a été une expérience absolument remarquable. J’ai l’impression que ça fait partie de l’avenir du pèlerinage en Terre Sainte. C’est quelque chose qui demande une forme de virtuosité car il faut être capable de connecter les pierres anciennes – l’Histoire, le passé, les textes – avec les gens d’aujourd’hui, de partout. Ça nécessite ce que j’appelle des “connecteurs”, des gens capables de mettre en lien toute sorte de réalités très différentes. Quand on arrive à faire cela, on peut changer le monde !”

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