Les Israéliens ont-ils annexé la Judée-Samarie ? – TSM 607
Nous sommes samedi, il fait doux et c’est un temps idéal pour aller se promener. Au programme aujourd’hui visite de Sébaste.
Nous sommes samedi, il fait doux et c’est un temps idéal pour aller se promener. Au programme aujourd’hui visite de Sébaste. C’est l’ancienne Samarie de la Bible, rebaptisée Sébaste par Hérode le Grand. Et c’est justement les vestiges de la ville romaine, puis byzantine, puis croisée que je vais visiter. Depuis quelques années la Coopération italienne, quelques passionnés italiens et palestiniens, ont convaincu les villageois de veiller à ce riche patrimoine et de le conserver. La visite du jour est destinée à collecter des fonds pour poursuivre ce travail.
Sébaste se trouve aux portes de Naplouse, au cœur de la Cisjordanie, en plein territoire palestinien et pour monter de Jérusalem à Sébaste, on emprunte cette route toute droite ou presque qui traverse les collines de la « West Bank ». Nous sommes à l’intérieur de l’enclave délimitée par le mur de séparation. Le paysage est magnifique. A quelques jours près nous aurions vu beaucoup plus de coquelicots. Mais dans les jours où nous sommes, fleurit toute autre chose. C’est bleu et blanc, frappé d’une étoile de David. Le drapeau israélien est partout le long de la route. Israël, de l’autre côté du mur fêtera mardi prochain les 62 ans de son indépendance. Il m’aura fallu quelques minutes pour réaliser l’incongruité de ce que je vois.
Je sais bien que la terminologie israélienne s’agissant de la Cisjordanie est «yéhoudâ we-shomrôn », la Judée Samarie, pour insister sur la relation historique d’Israël à cette région, capitale de l’antique royaume d’Israël. Sauf qu’elle est tout de même destinée à devenir le territoire de l’État palestinien, dixit le Droit international. D’ailleurs cette floraison de drapeaux du point de vue palestinien, c’est un peu comme si à Chypre la partie chypriote était pavoisée de drapeaux turcs. Les Chypriotes n’aimeraient pas du tout.
En fait de Palestine putative ou potentielle, j’en viens à réaliser que, par cette démonstration de force et d’impunité, se traduit peut-être une réalité que d’aucuns qualifient de solution possible : Israël pourrait annexer la Cisjordanie, gérer un État pour deux peuples et on en finirait avec cet improbable État palestinien non viable et mort-né.
C’est le rêve des colons, à ceci près qu’un certain nombre préfèrerait que tout ce qui reste d’Arabes sur le territoire veuille bien déménager en Jordanie, au Liban, où bon leur chante, pour permettre à l’État d’Israël de garantir son caractère juif. En mars 2010, 50% des étudiants israéliens (juifs et arabes) ont estimé que les droits dus aux citoyens juifs n’étaient pas applicables aux arabes. La démocratie survivra-t-elle à l’annexion ?
Dernière mise à jour: 20/11/2023 15:46