Placer l’Homme au coeur de toutes nos missions
Frère Roger Marchal a été plusieurs années Provincial en France puis Définiteur général et enfin responsable du Service du Dialogue interreligieux et œcuménique pour l’Ordre franciscain. En janvier 2018 il a accepté la fonction de Commissaire de Terre Sainte pour la France et la Belgique, il revient avec Terre Sainte Magazine sur le sens et l’importance de la Collecte pour les Lieux saints.
Frère Roger, que signifie pour vous cette nouvelle mission et pourquoi l’avoir acceptée ?
Je ne m’attendais pas du tout à recevoir cette demande, ce fut une nouvelle surprenante ! Mais dès le premier instant la mission m’a intéressé et j’ai accepté avec bonheur : la Terre Sainte c’est quelque chose d’essentiel pour moi. J’aime ce que les frères font et vivent là-bas, j’ai envie de le partager, que ce soit davantage connu du grand public mais aussi de la Famille Franciscaine de France, de Belgique et du Luxembourg. Il y a tout un travail de connaissance et de redécouverte de la Terre Sainte à effectuer. J’ai eu cette chance de pouvoir y aller plusieurs fois et même d’y résider deux mois. Ce fut une expérience très intense notamment à Nazareth ; descendre chaque midi à la grotte de l’Annonciation pour l’Angélus, partager le travail d’accueil des frères, célébrer la messe pour des groupes de pèlerins sans prêtre, demeurer de longues heures au confessionnal… cela a été un merveilleux cadeau. Et à chaque fois s’est posée à moi cette question : comment être davantage présent à la réalité de cette terre et à celle de mes frères de la Custodie ? Saint François, en homme concret, a voulu aller sur les Lieux saints pour visualiser ce qu’il ressentait au niveau de sa foi, il voulait toucher du doigt ce mystère de l’Incarnation. Ce lien sensible et physique avec la terre de Jésus, il l’a transmis à ses fils, alors comment, à notre tour, pouvons-nous le transmettre ?
Chaque Vendredi saint a lieu la Collecte pour les Lieux saints. Comment les franciscains de Terre Sainte emploient-ils la générosité des fidèles du monde entier ?
La Terre Sainte a de gros besoins, bien sûr pour entretenir des Lieux saints puisqu’ils ont été confiés aux frères, mais avant tout pour favoriser leur accès au plus grand nombre. Ne l’oublions pas, depuis huit siècles les frères sont fidèles à cette terre et à ses habitants. Ils ont vécu parfois dans des conditions difficiles, ont été martyrisés, tout cela pour permettre aux pèlerins d’aujourd’hui et de demain de marcher dans les pas de Jésus. Vous savez il n’y a pas de petit ou de grand sanctuaire, la Custodie, au nom de l’Église catholique, doit prendre soin de tous. Il me vient à l’esprit celui d’Emmaüs où le Christ ressuscité se manifesta (Lc 24, 13-35).
Il y a dix ans, Emmaüs était l’une des étapes préférées des pèlerins. Du fait de la construction du mur de séparation, ils ont déserté ce sanctuaire mais une communauté de frères demeure alors que le village est presque entièrement musulman. La Custodie a d’ailleurs fait appel à des frères conventuels pour maintenir une lumière chrétienne à Emmaüs. Soutenir les franciscains en Terre Sainte c’est soutenir ce charisme de saint François d’Assise qui place l’accueil, la rencontre, la présence, l’Homme au cœur de toutes nos missions.
Concrètement, comment cela s’exprime-t-il ?
Le volet social de la Custodie ce sont des écoles, des maisons de retraite, des centres de loisirs, des logements – avec à Jérusalem par exemple plus de 400 appartements loués à bas prix à des familles nécessiteuses. La quête du Vendredi saint, ce n’est pas uniquement l’entretien de murs, aussi vénérables soient-ils, ce sont des hommes, des femmes et des enfants, chrétiens et non-chrétiens. En effet, on ne travaille pas que pour notre propre “boutique”, développer l’humanité ce n’est pas se limiter aux chrétiens et c’est heureux de savoir que nos écoles accueillent de nombreux enfants musulmans. Jésus a versé son sang pour tous les hommes. C’est une chance que nous puissions mettre notre charisme au service de tous, en Syrie, en Jordanie ou encore au Liban et en Égypte.
La Custodie c’est aussi une institution stable, un lieu d’embauche avec plus de mille salariés. Voilà justement un des défis pour les frères : l’émigration de la jeunesse chrétienne. Une fois formés, ces jeunes veulent partir ; nous pouvons les aider à rester, à trouver un emploi, à fonder une famille, c’est l’avenir de la chrétienté qui est en jeu, le nôtre ! Il ne faudrait pas qu’un jour on en arrive à n’avoir que des sanctuaires visités par des pèlerins étrangers. Bethléem ou Nazareth sont certes des sanctuaires pour l’Église universelle mais chaque dimanche l’église est comble de fidèles arabes, les paroisses tenues par les frères sont très vivantes.
Le Vendredi saint nous rappelle que le Seigneur a souffert et qu’aujourd’hui encore, en Terre Sainte, des gens souffrent car ils ne connaissent pas la paix. C’est notre rôle à travers cette Collecte de leur dire que non seulement nous avons besoin d’eux mais que nous comptons sur eux.
Pour aller plus loin
Appel pour la Collecte des Chrétiens en Terre Sainte, Lettre du Cardinal Sandri préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales
Syrie et Irak au cœur de la collecte, article paru dur Terrasanta.net
KIT Collecte
affiche au format A4 à télécharger ici