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« Tout vol d’antiquité supprime des lignes de l’Histoire »

Christophe Lafontaine
30 janvier 2020
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« Tout vol d’antiquité supprime des lignes de l’Histoire »
Quelques-unes des 232 pièces d'antiquité volées et récupérées par l'Unité de prévention du vol de l'Autorité israélienne des antiquités. © Yaron Bibbs, Israel Antiquities Authority

L’Unité de prévention du vol de l'Autorité des antiquités israéliennes (AAI) a révélé le vol de 232 pièces anciennes. De tels faits contribuent gravement à effacer la date et le contexte des sites antiques, alerte l’AAI.


Des pièces de monnaie des périodes perse, hellénistique, romaine, byzantine et ottomane. Qui représentent environ 2000 ans d’histoire du Vème siècle avant J.-C. à il y a 500 ans. Voilà un butin non négligeable de 232 sous d’antiquités qui ont été volés sur divers sites de fouilles dans le nord d’Israël, a fait savoir l’AAI dans un communiqué, publié sur sa page Facebook, le 27 janvier 2020.

C’est grâce à la collaboration avec la police de Kfar Kana que l’Unité de prévention du vol de l’AAI a pu fouiller la maison du coupable et saisir son petit trésor secrètement camouflé.

Le voleur d’antiquités a alors été arrêté pour interrogatoire. Et d’après la presse israélienne, il sera inculpé dans les prochains jours.

L’AAI avait l’œil sur cet habitant de Kfar Kana qui a déjà été arrêté deux fois après avoir fouillé dans le sol à l’aide de détecteurs de métaux sans permis. Dans les deux cas, il avait été jugé et condamné par un tribunal à payer une amende. A priori, une sanction qui ne l’a pas découragé. Au grand dam de l’AAI.

Pièces manquantes au puzzle historique du pays

Malheureusement, l’Unité de prévention du vol de l’AAI voit un nombre croissant de non professionnels de l’archéologie acquérir des détecteurs de métaux et pour déterrer des pièces sans permis. Pour les conserver ensuite.

Mais ces vols endommagent gravement la valeur des sites antiques en rendant impossible tout travail scientifique futur. En effet, selon le Dr Eitan Klein, directeur adjoint de l’Unité de prévention du vol de l’AAI, les pièces peuvent notamment être utilisées pour dater et contextualiser des sites d’antiquités avec une grande précision. Le chercheur sonne l’alerte clairement dans le communiqué de l’AAI. Intitulé « Tout vol d’antiquité supprime des lignes de l’Histoire », la déclaration souligne qu’une pièce de monnaie ancienne volée sur un site d’antiquités est un élément d’information archéologique, scientifique et historique important que ne possèderont plus les archéologues lorsqu’ils voudront effectuer une fouille archéologique sur tel ou tel site à étudier. En substance, c’est une pièce du puzzle historique du pays qui manquera à tout jamais.

Appel à une plus forte réglementation et à la responsabilité civique

L’Unité de prévention du vol de l’AAI traite quelque 300 vols d’antiquités par an, selon le Times of Israel. A la lumière de cela, l’Unité travaille à resserrer les réglementations entourant la détention de détecteurs de métaux. Et exhorte les tribunaux à prononcer des peines plus sévères pour créer un moyen de dissuasion contre les criminels qui volent et convoitent des trésors historiques.

Et le directeur de l’Unité de prévention du vol l’AAI de lancer à cette fin un appel relayé sur le site des Amis de l’Autorité des antiquités d’Israël : « il est important que le public sache que toute fouille sur un site d’antiquités ou découverte d’antiquités, même dans des terrains privés, nécessite un signalement immédiat à l’Autorité israélienne des antiquités. »

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