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Frère Emile (Taizé): « Le pèlerinage de la confiance, une rencontre véritablement oecuménique »

Giampiero Sandionigi
3 mai 2022
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Frère Emile (Taizé): « Le pèlerinage de la confiance, une rencontre véritablement oecuménique »
Prière dans l'église de la Réconciliation à Taizé (photo D. Jelic/Wikipedia)

À l'initiative de la communauté œcuménique de Taizé, 600 jeunes se réuniront du 8 au 15 mai en Terre Sainte autour d'une thématique : Marcher ensemble vers les sources de l'espérance. Discussion avec Frère Émile, membre de la communauté et coordinateur du projet à Jérusalem.


Des centaines de jeunes de différentes parties du monde participeront au « Pèlerinage de la confiance » en Terre Sainte proposé par les moines de la communauté œcuménique de Taizé du 8 au 15 mai. Ils visiteront diverses localités et lieux saints, tels que Bethléem, Beit Jala, Jérusalem et Bethléem. Les matinées seront surtout consacrées à la rencontre de témoins pour discuter d’expériences – même difficiles – d’espérance (un nom surtout : la Tente des Nations, aux portes de Bethléem). En fin d’après-midi et en soirée, des prières communes réuniront les différents participants.

Depuis Jérusalem, le frère Emile, l’un des membres de la communauté de Taizé, a coordonné les préparatifs au cours de ces derniers mois.

Pourquoi avoir choisi « Marcher ensemble vers les sources de l’espérance » comme slogan pour ce pèlerinage ?

Face à une situation aussi complexe que celle que nous trouvons dans cette région du monde, il est facile de rester immobile, explique le Frère Emile. Personne ne peut prétendre avoir des solutions faciles à tout ce qui fait obstacle à la paix. Mais le thème de la réunion exprime bien ce qui nous anime. Chaque mot me semble important. « Marcher », c’est-à-dire aller, partir, ne pas se laisser paralyser. « Ensemble », car l’isolement engendre le découragement et le cynisme. Ensuite, nous parlons de « sources » car nous voulons puiser dans ce qui ne vient pas de nous et qui ouvre de nouvelles possibilités. Parfois, ces sources ne sont accessibles que lorsque nous sommes ensemble, lorsque nous nous aidons mutuellement à nous engager sur le chemin des sources, ou à y revenir. Enfin, « l’espérance » : ne pas prendre nos désirs pour des réalités, mais accueillir cette force qui vient de l’Esprit et qui nous empêche finalement de fuir.

Comment est née l’idée de ce pèlerinage ?

Nous devons revenir à la rencontre promue à Beyrouth par Taizé en mars 2019. Parmi les autres jeunes, il y avait une trentaine de Palestiniens. Ils ont eu l’occasion de voir 1600 jeunes de nombreux pays fraterniser, chanter ensemble nos canons en arabe, faire l’expérience de l’hospitalité libanaise et de l’accueil des Eglises de toutes confessions. Le dernier jour, l’idée d’organiser une rencontre similaire en Terre Sainte est venue tout naturellement. La pandémie de Covid-19 a ensuite bouleversé nos plans et nous a contraints à reporter la réunion à ce mois de mai 2022.

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Dès le début, le patriarche grec orthodoxe de Jérusalem, Theophilos III, a soutenu l’initiative. Il en va de même pour le patriarcat latin et les melkites, syriaques, arméniens, luthériens et anglicans de Terre Sainte. Une grande collaboration a été initiée avec la pastorale des jeunes de ces Églises et avec l’Institut œcuménique de Tantur, qui en 2016 a suggéré à notre communauté d’être plus présente en Terre Sainte. Trois cents jeunes, originaires de 23 pays et âgés de 18 à 35 ans, viendront d’Europe et d’autres continents. A la fin de la semaine, du 12 au 15 mai, 300 autres jeunes de Terre Sainte devraient nous rejoindre.

Les événements en Europe et la guerre en cours en Ukraine ont-ils eu un effet sur le pèlerinage ?

Étant en Terre sainte ces derniers mois, j’ai senti l’anxiété grandir dans les semaines précédant l’invasion russe de l’Ukraine. Dans ces régions, nous savons ce que signifie une guerre. Parmi les personnes inscrites au pèlerinage de la confiance en Terre Sainte figurent des jeunes de Russie et d’Ukraine. Nous espérons qu’ils pourront vraiment venir. Comme dans d’autres pays, la guerre ne semble pas avoir dissuadé les jeunes de se rendre en Terre Sainte. Peut-être sommes-nous tous plus conscients de nos responsabilités en matière de paix.

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La plupart du temps, dans ce genre de rencontre, on essaie de mettre les jeunes invités en contact avec les familles locales, qui les accueillent chez elles. Là aussi, la pandémie nous a obligés à nous recalibrer. Les organisateurs ont dû prévoir un plan A (accueil dans les familles) et un plan B (accueil dans les hôtelleries des communautés religieuses). Dans l’état actuel des choses, nous optons pour un mélange des deux plans. Les scouts de toutes les dénominations ont pris contact avec de nombreuses familles, tout comme certaines paroisses. On nous demande parfois : « Faut-il être chrétien pour pouvoir accueillir ? ». L’hospitalité est une réalité importante au Moyen-Orient et il est probable que les personnes qui hébergeront les pèlerins ne soient pas toutes chrétiennes.

« La rencontre qui aura lieu du 8 au 15 mai est véritablement œcuménique. Trente personnes de différentes Églises ont participé aux réunions de coordination, toutes désireuses de travailler ensemble au développement du programme. La générosité des communautés religieuses nous a tous impressionnés. Nous sommes particulièrement reconnaissants aux Franciscains qui ont tant fait pour rendre possible un programme aussi riche et aussi beau.

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