Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Jérusalem: un cortège arménien visé par des crachats de militaires

Christophe Lafontaine
29 novembre 2022
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable
Jérusalem: un cortège arménien visé par des crachats de militaires
Procession du clergé arménien arrivant l'église du Saint-Sépulcre dans la vieille ville de Jérusalem ©Anna Kaplan/Flash 90.

Des soldats israéliens ont eu un comportement irrespectueux sur des chrétiens arméniens et la croix qu’ils portaient lors d’une procession, début novembre, dans la vieille ville de Jérusalem. Les soldats vont être jugés.


« C’est la première fois que des soldats nous crachent dessus, qu’ils crachent sur la croix et sur les prêtres qui étaient là ». Tels sont les propos du chancelier du patriarcat arménien de Jérusalem, Koryun Baghdasaryan, tenus auprès de Haaretz. Le journal israélien s’est fait l’écho dimanche dernier de ces gestes antichrétiens survenus le 7 novembre dans la vieille ville de Jérusalem contre une procession arménienne. Les membres de l’Eglise arménienne ont déjà subi ce genre d’agression humiliante mais ce n’était encore jamais venu de la part de militaires mais plutôt de Juifs religieux radicaux. 

D’après Haaretz, cette fois-ci donc, les fauteurs de troubles sont des soldats de Givati, la brigade d’infanterie de l’Armée israélienne. Cette unité est à l’origine d’une série d’incidents controversés ces dernières semaines, dont l’agression d’un militant israélien de gauche dans la ville palestinienne d’Hébron.

Selon le journal, l’archevêque Sevan Gharibian, grand sacristain du patriarcat apostolique arménien de Jérusalem menait une procession formée des membres du clergé arménien et de pèlerins en partance du Saint-Sépulcre.C’est en arrivant dans le souk qu’on lui a craché dessus, comme sur d’autres processionnaires. La croix a été également souillée de salive. « Ils étaient là et ils ont choisi d’exprimer leur haine de la croix et du christianisme », a amèrement déploré le chancelier du patriarcat arménien dans les colonnes de Haaretz.

Lire aussi >> Gestes antichrétiens : solide mise au point des Arméniens

Toujours selon le même article, les responsables du Patriarcat arménien ont déposé plainte et les membres du clergé qui ont subi les outrages ont été convoqués au lendemain de l’agression pour faire entendre leur témoignage. L’armée israélienne a déclaré que les soldats impliqués dans l’incident seraient jugés dans le cadre d’une procédure disciplinaire.

Des antécédents dénoncés

Pour l’heure, l’enquête policière est toujours en cours. Pour l’armée, il s’agit là d’ « un incident qui n’est pas conforme aux valeurs de Tsahal ». Et de souligner notamment que deux des soldats ont eu « un comportement irrespectueux envers les prêtres ». L’armée a prévenu que deux soldats recevront une sanction disciplinaire pour leur « comportement irrespectueux ».

Du côté du Patriarcat arménien, qui sort rarement de sa réserve, il n’y a pas eu directement de déclaration officielle. La dernière fois que le patriarcat avait officiellement réagi remonte en mai 2021 après que deux membres du clergé arménien – dont un fut blessé – ont été pris à partie en pleine nuit par de « jeunes Juifs » à Jérusalem. L’Eglise avait alors porté plainte et « exigé » une « enquête impartiale » afin d’« éviter que de tels incidents ne se reproduisent à l’avenir ». Depuis cette altercation, des Israéliens endossent chaque dimanche un gilet jaune se portant volontaires pour entourer les processions arméniennes, de leur couvent vers le Saint-Sépulcre. Une initiative émanant de l’association « Fenêtre sur le mont Sion ».

Lire aussi >> Sur le mont Sion, faire retomber la tension anti-chrétienne

Mais déjà en juin 2019, après une bagarre entre des séminaristes arméniens et des jeunes Juifs qui les avaient provoqués avec insultes et crachats, le Patriarcat avait brisé le silence en voulant officiellement corriger les informations erronées de l’incident colportées par des juifs extrémistes religieux dans une certaine presse, faisant croire aux lecteurs que les non-juifs les détestaient.

Le Patriarcat avait alors profité de l’occasion pour insister sur le fait que « les Arméniens sont des gens respectueux de la loi et de la paix en aimant ceux qui vivent à Jérusalem ». Le communiqué dénonçait également toute forme d’enseignement antichrétien en Israël : « Nous pensions qu’Israël était un pays démocratique » ; « Qui oserait cracher sur les juifs en Europe et aux Etats-Unis ? » ; « Est-il permis en Israël de cracher sur les chrétiens ? » ; « Devrions-nous alors nous permettre de dire qu’il existe un mouvement antichrétien en Israël ? ». Et d’avoir également déploré que « malheureusement, cela fait des décennies que certains extrémistes religieux juifs n’ont jamais voulu avoir un « bon enseignement » pour respecter et accepter les autres communautés chrétiennes en Israël ».

Sur le même sujet