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Claude Fallik : Accompagner les chrétiens dans la découverte

Marie-Armelle Beaulieu
15 septembre 2025
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Son site préféré : les villes nabatéennes. "J’adore le lac Tibériade et les paysages autour mais là où je me sens à l’aise, c’est dans un des sites nabatéens du Négev. C’est une entrée en matière formidable pour l’expérience du pèlerinage." Sur la photo Avdat ©Yaakov Naumi/Flash90.

Les groupes manquent à Claude Fallik. Il a hâte de les retrouver pour l’aventure humaine qui lui permet de sillonner la terre qu’il aime faire découvrir.


« Je ne suis jamais entré », raconte Claude, au moment de pousser la lourde porte en fer forgé du Terra Sancta College. En arrivant au bureau de Terre Sainte Magazine, il raconte l’histoire israélienne du lieu après qu’Israël se soit emparé de l’école franciscaine en 1948 : “La maison d’édition de l’université hébraïque se trouvait là.” Guide un jour, guide toujours !

Il émane de Claude, de son regard, une douceur bienveillante, apaisante. De sa voix aussi, ni grave ni aiguë, laisse échapper une pointe d’accent qui ferait croire qu’il est du sud de la Loire. Pas du tout, c’est juste que ce natif de Belgique a fait son alyah, sa montée vers Israël, il y a près de 50 ans. C’est l’accent hébreu qui affleure. Guide, Claude l’est devenu un peu par hasard : “Avant d’aller à l’école des guides, j’ai été guide au Sinaï”, formé sur le tas pour conduire des randonnées aventureuses.

Nom : Fallik

Prénom : Claude

Âge : 69 ans

Numéro de licence : 4314

Naissance : Belgique

Résidence : Israël

Ensuite, il a travaillé dans un parc national et un jour a eu la chance de rencontrer des guides de pèlerinages. Il en parle comme d’une chance et une trentaine d’années plus tard, il se réjouit encore de l’avoir eue. Juif et israélien, il n’a pas eu d’appréhension à s’orienter vers les pèlerinages chrétiens : “Je suis né dans une famille juive, j’ai étudié dans une école juive, j’ai fréquenté un milieu juif, mais je dois à l’éducation reçue de mes parents un esprit d’ouverture. À l’école des guides, à cette époque, on nous formait dans la connaissance du christianisme et de l’islam, presque plus qu’à celle de l’histoire juive. Et ça m’intéressait beaucoup.”

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“Personne n’a jamais essayé de vous convertir ?” Claude sourit : “Il est bien arrivé une fois ou l’autre que l’on me demande si mon intérêt s’arrêtait là, mais c’est extrêmement rare. Une seule fois, dans un groupe de chrétiens évangéliques, la question a été plus directe. Je crois que la façon dont le guide montre son intérêt et sa personnalité donne tout de suite la réponse.” Quand il parle des groupes, Claude ne dit pas “guider” mais “accompagner” : “Dans un groupe, je ne suis pas seul. Il y a un guide spirituel, un prêtre le plus souvent. Je vois davantage ma fonction comme celui qui est à côté, aide, explique. Le pèlerinage c’est ensemble avec le prêtre.”

“Tout me manque »

Il s’interrompt et reprend : “Les pèlerins viennent pour un pèlerinage. Ils désirent vivre un parcours biblique, ils veulent de la prière, ils veulent les textes. Ensuite, ils veulent savoir, apprendre. Je vois mon rôle comme secondaire.” Ce que Claude aime dans son travail ? “Tout”. Il aime les gens, les accompagner. “C’est un travail mais c’est plus qu’un travail. Je rencontre un groupe à l’aéroport et tout au long du séjour, je vois son évolution.”

Leur regard évolue, la dynamique du groupe évolue. Claude observe tout et il se réjouit du chemin parcouru : “Avec moi, la confiance s’installe et les questions viennent plus naturellement.” Il ne se lasse pas de répéter la même chose d’un site à l’autre car chaque groupe est différent et réagit différemment. À titre plus personnel, Claude aime être dehors et marcher. Bien sûr il faut quitter sa famille, mais l’expérience vécue avec le groupe est “je ne dirai pas une autre famille, je n’ai pas de relation de ce type”, mais c’est, dans l’espace du pèlerinage, une relation qui compte : “Finalement, on fait le parcours ensemble, on change ensemble.”

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La guerre est venue bouleverser la vie de Claude à plus d’un titre, comme pour tous les Israéliens. Après le choc, arrivent ces heures où l’on pense à sa vie d’avant : “Tout me manque. J’aime être sur les sites, j’aime être avec les groupes, j’aime expliquer, faire découvrir… Cela fait peut-être plus d’un an que je n’ai pas vu le lac de Tibériade !” Comme Claude n’aime pas l’oisiveté, “j’ai repris un travail temporaire à l’université hébraïque.”

Mais surtout, il a repris le chemin des bancs de la même université : “Déjà pendant le Covid, j’ai repris des cours pour finir un diplôme universitaire, ce que je n’avais pas fait étant jeune.” Inscrit en Histoire et Histoire des religions, Claude a obtenu sa licence en 2024 : “Alors je continue en maîtrise”, dit-il avec contentement. “Mais dès que je peux reprendre un groupe, je le ferai.”

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