L’orfèvrerie du Saint-Sépulcre dans votre salon

Sa sortie est prévue le 9 décembre, arrivant à point nommé pour être mis au pied de l’arbre de Noël. Le catalogue d’orfèvrerie du Terra Sancta Museum est le cadeau qui s’impose aux amateurs d’art, d’histoire, de France (mais pas que).
La coordinatrice, Michèle Bimbenet-Privat, Conservatrice générale honoraire du Musée du Louvre (France), nous parle de ce travail.
Article à paraître dans la version papier de Terre Sainte Magazine de Novembre-Décembre 2025
Michèle, vous assurez la coordination scientifique du premier catalogue d’orfèvrerie du Terra Sancta Museum, quel sentiment vous habite au moment de la sortie ?
Le premier serait le bonheur de savoir que tout ce travail a enfin abouti et que, grâce au savoir-faire de l’équipe éditoriale et au talent de la maquettiste Marie Nicol, non seulement le livre concentre les connaissances accumulées par ses onze auteurs, mais il devient également un beau livre, une œuvre d’art en soi.
Mais venir au bout d’un projet, je le sais aussi par expérience, c’est tourner une page et je ne peux pas m’empêcher de ressentir un peu de tristesse après toutes ces années où nos retrouvailles entre auteurs, à Jérusalem et à Paris, furent toujours des rendez-vous heureux et stimulants.
Vous êtes rompue à l’exercice du catalogue d’objets d’art, en quoi ce projet a-t-il été différent ?
Écrire un catalogue est un exercice de style qui ne laisse rien au hasard. Dans le cas de ce travail, la difficulté principale était notre éloignement des œuvres : nos passages à Jérusalem étaient réguliers mais brefs. Il fallait penser à tout, documenter notre travail par des photographies de détails, des notes, des dépouillements des archives de la Custodie. Nous étions parfois un peu fébriles ! Heureusement, frère Stéphane et ses volontaires étaient toujours prêts à nous aider. Les campagnes photographiques de Guillaume Benoît ont été d’une grande aide tant il sait « voir » les œuvres d’art : il pense aux revers, s’intéresse aux détails et soutient notre mémoire.
Lire aussi le dossier de Terre Sainte Magazine : Terra Sancta Museum : le musée à tisser des liens
Ensuite, une fois les textes écrits, la grande difficulté a été de les faire traduire en respectant le style de chacun et en donnant à l’ensemble une bonne cohésion, en particulier dans les descriptions des œuvres, ou encore dans la terminologie du vocabulaire. Un directeur d’ouvrage doit faire ce délicat travail d’adaptation de tous à un projet commun. Je dois dire que les trois traductrices se sont montrées particulièrement efficaces.
Tous les auteurs de ce catalogue sont bénévoles, en quoi est-ce important pour vous et qu’est-ce que cela signifie à vos yeux ?
C’est très gratifiant de penser qu’on peut réunir une pareille équipe de grands spécialistes, universitaires, conservateurs et chercheurs, et de traducteurs également, sans qu’il y ait de l’argent pour les attirer ! C’est rassurant sur la nature humaine ! Ce que cela dit aussi, c’est que nous sommes tous des passionnés : l’intérêt de nos recherches, c’est la découverte, la progression des connaissances, puis la mise à disposition de ces connaissances au public. Je suis très fière que nous puissions aider les franciscains à la mesure de nos moyens : ce qu’ils ont construit en Terre Sainte depuis des siècles est remarquable et ce qu’ils font aujourd’hui à Jérusalem avec ce projet de musée, dans un contexte difficile, l’est également.

Vous êtes membre du Comité scientifique depuis le début, comment avez-vous découvert ce trésor ?
J’ai découvert ce trésor, que nous appelons maintenant une « collection », en 2010. Ces objets étaient alors encore très confidentiels, la plupart n’avaient jamais été montrés, ni jamais vraiment étudiés. Les expositions, depuis celle de Versailles en 2013 jusqu’à celle de New-York en ce moment même, ont permis d’attirer l’attention du public sur l’œuvre accomplie par les franciscains de Terre Sainte depuis des siècles à travers justement la préservation de cette collection. Après tout, ils auraient bien pu détruire tout cela ! Il y a eu des périodes où l’argent manquait cruellement. Mais ils ont conservé la collection intacte, sans même être vraiment conscients de sa valeur artistique et historique.
Parfaitement étudiées, les œuvres trouveront naturellement leur place dans le parcours et la muséographie. En un mot, découvrir, exposer, étudier auront été les trois piliers de la construction du musée. La découverte d’une partie des collections dans ces pages encouragera, je l’espère, à mécèner le projet de musée.
Ce livre nous raconte l’histoire d’un Trésor à Jérusalem, en quoi fait-il écho à la France ? En quoi nous – lecteurs francophones – nous concerne-t-il ?
Les études sur l’orfèvrerie française souffrent cruellement, dans notre pays, de la disparition des œuvres. Sous l’Ancien Régime, les rois de France étaient les premiers à faire fondre l’argenterie de leurs sujets, quand les finances l’exigeaient ou pour financer des guerres. Ensuite la Révolution est passée par là, détruisant en particulier les œuvres religieuses. C’est tout un pan de l’Histoire de l’art qui n’existe plus. C’est pourquoi pour nous, Français, la collection de la Custodie de Terre Sainte est spectaculaire. Imaginez : une chapelle d’argent composée de six flambeaux d’autel, de deux lampes de sanctuaire et de grands bassins à offrandes offerts par Louis XIII et, plus somptueux encore, un bâton pastoral, un calice et un ciboire en vermeil, dons du roi Louis XIV. Il n’existe aucun équivalent de cette collection, ni en France, ni dans le monde entier.
Un livre – Des chiffres
Nombre d’auteurs : 11
Textes en français et traduits de 5 autres langues : espagnol, portugais, italien, allemand, polonais
Nombre d’œuvres : 214

Terra Sancta Museum. L’orfèvrerie du Saint-Sépulcre. Tome 1 : du XVIe au XVIIIe siècle
Éditeur : Aux Feuillantines
• Format : 24 x 32 cm • 480 pages
• Prix de lancement jusqu’au 30 juin 2026 : 79 € (89 € ensuite)
• ISBN 978-2-487027-30-5
Précommande à l’adresse:
aux-feuillantines.com/collection/terra-sancta/
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