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Humiliation et prière

Marie-Armelle Beaulieu
30 mars 2010
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Trois évêques francophones, un canadien, Mgr Pierre Morissette; un français Mgr Michel Dubost; un suisse, Mgr Pierre Bürcher, témoignent de ce qu’ils ont vu et entendu lors de leur visite en Terre Sainte à l’occasion des rencontres de la Coordination Terre Sainte.


Vous avez participé pour la première fois à la Coordination Terre Sainte. Etait-ce également votre premier séjour en Terre Sainte ?

Pour la Coordination Terre Sainte, c’était effectivement la première fois. Mais je suis déjà venu une fois en pèlerinage, seulement c’était il y a une trentaine d’années. Aussi évidemment, les choses ont beaucoup changé depuis cette époque.

Quels ont été les moments forts de cette visite ?

Un des moments forts a eu lieu le lendemain de mon arrivée. J’ai pu rencontrer avec Mgr Dubost, à Bir Zeit, l’abbé Moussalem ancien curé de Gaza. Nous avons eu une assez longue conversation avec lui. Elle m’a permis de commencer à comprendre beaucoup de choses sur la situation des Palestiniens.

Ensuite, dès le lendemain nous avons rendu visite à la paroisse de Zababdeh qui a été très intéressante. De même, le passage à Ramallah m’a marqué.

Vous avez mentionné dans la conférence de presse le fait que vous connaissiez peu la situation du pays « comme beaucoup de Canadiens » avez-vous dit…

Tant qu’on n’est pas venu sur place, on peut écouter les nouvelles, on peut en entendre parler mais quand on vient d’un pays comme le Canada où on a toutes les libertés de mouvement qu’un être humain peut espérer et qu’on arrive dans un pays comme Israël où tout est contrôlé, tout est surveillé… je pense que tant qu’on ne l’a pas vu sur place, on ne peut pas imaginer ce que c’est.

Vous sembliez ému durant la conférence de presse…

Oui parce que je me remémorais les rencontres avec un certain nombre de Palestiniens. Je me souviens avoir dit à cette conférence de presse que le mot qui m’avait frappé c’était le mot humiliation. J’ai entendu beaucoup de Palestiniens dire : « Nous sommes des personnes humiliées. » Et évidemment, je ne peux pas être très à l’aise avec une situation comme celle-là.

Quelles suites allez-vous donner à votre voyage devant la conférence épiscopale qui vous a mandaté ?

Nous avons déjà fait un petit retour à la réunion du bureau de direction. Un des changements que j’ai proposé- il reste à voir si cela sera accepté – c’est sur le mode de représentation de la délégation canadienne, Mgr Kenney (NDRL. évêque auxiliaire de Birmingham, Angleterre), qui est le Président de la Coordination, aurait souhaité que ce soient les mêmes personnes qui  reviennent pendant un certain nombre d’années afin d’assurer une certaine continuité or nous au Canada, de tradition, ça a toujours été le Président de la Conférence qui participe à cette coordination et nous changeons de Président tous les deux ans ce qui ne favorise pas la stabilité. Aussi ai-je proposé au bureau que nous étudiions ce point. Et que peut-être nous envisagions autrement notre représentation à la Coordination afin d’assurer un meilleur  suivi.

Mais est-ce que ce roulement ne permet pas une prise de conscience d’un plus grand nombre d’évêques ?

Effectivement c’est un argument qu’on peut apporter mais je prends en compte le souhait de Mgr Kenney. Pour ma part, je préfèrerais que nous ayons un représentant qui nous représente pendant trois ou quatre ans d’affilée.

Comme évêque du diocèse de Saint Jérôme, allez-vous  travailler à promouvoir davantage les pèlerinages vers la Terre Sainte ?

De fait nous avons depuis trois ans un pèlerinage diocésain – qui d’ailleurs sera en Terre Sainte en février –  j’ai déjà parlé avec mon évêque auxiliaire, Mgr Donal Lapointe, de la possibilité de questionner un peu l’organisation de notre pèlerinage. Je veux m’enquérir du programme du voyage et je souhaiterais qu’on puisse inclure dans les programmes des visites avec les communautés locales chrétiennes et pas simplement la visite des Lieux saints.

Et vous Monseigneur, à titre personnel, qu’est-ce que ce voyage va peut-être changer en vous ?

Ce que cela a déjà changé, c’est que dans ma prière quotidienne la question d’Israël revient maintenant tous les jours parce que c’est une des choses que les Palestiniens nous ont dites : «Ne nous oubliez pas. Priez pour nous.» Et pour moi, c’est resté un appel fort et depuis chaque jour dans ma prière il y a un moment pour la situation en Israël et les chrétiens de Palestine.

 

Dernière mise à jour: 19/11/2023 18:48

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