Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Israéliens, juifs et non-juifs

Par Francesco Pistocchini
30 juillet 2019
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable
Israéliens, juifs et non-juifs

Comme chaque année, au moment de l’anniversaire de l’Indépendance d’Israël, le Bureau central des statistiques israélien communique des données sur la population du pays – taille et composition – au regard de l’année précédente. Après la promulgation en 2018 de la loi controversée selon laquelle “l’exercice du droit à l’autodétermination nationale dans l’État d’Israël est réservé aux seuls citoyens juifs”, les données sur les juifs et les minorités sont encore plus significatives.
Aujourd’hui le pays compte 9 021 000 habitants, dont près de 7 millions (6 697 000, soit 74,2 % de la population) sont juifs. Le quart restant est essentiellement constitué de citoyens arabes (1,89 million, soit 20,9 % de la population), musulmans et chrétiens, et de 434 000 autres habitants (4,8 % de la population) issus de groupes ethniques et religieux peu nombreux, parmi lesquels des chrétiens non-arabes, et des personnes enregistrées comme n’appartenant à aucune religion.

À sa fondation en 1948, le pays ne comptait que 806 000 habitants. L’année suivante, il atteignait 1 million et 2 millions en 1958, en raison de l’arrivée massive de juifs rescapés de la Shoah ou venant des pays arabes. La dernière grande vague d’immigration juive (alyah) depuis 1990, a fait suite à la dissolution de l’Union soviétique. Aujourd’hui, 45 % de la population juive mondiale vit en Israël, mais le pourcentage d’habitants juifs en Israël et dans les Territoires palestiniens est tombé sous la barre des 50 %.

Lire aussi >> Statistiques israéliennes sur la population chrétienne en Israël

En 70 ans, toutefois, la population israélienne a plus que décuplé, et au cours de la dernière année, elle a augmenté de 2 % (l’un des taux les plus élevés parmi les pays occidentaux), essentiellement grâce aux nouveau-nés et, seulement en partie, via les flux migratoires : on estime à 166 000 le nombre de résidents immigrés.
La croissance n’est pas la même selon les différentes communautés. Si dans les 10 dernières années le nombre de juifs a augmenté en moyenne de 1,8 %, la composante arabe a augmenté de 2,4 % (contre 3,4 % dans les années 1990), le nombre de chrétiens de 1,3 %, celui des druzes de 1,7 %.
L’équilibre démographique évolue aussi au sein de la population juive. Avec leurs origines des plus diverses (ashkénaze, sépharade, mizrahì, Beta Israël), les juifs peuvent également être sous-divisés entre religieux, traditionnels et laïcs. Parmi les religieux, le nombre des haredim (ultra-orthodoxes) est en augmentation, comme le montre le tableau à droite. Ce sont eux qui ont maintenu une croissance constante ces 10 dernières années, et ont récemment dépassé le seuil du million. Le taux de fécondité des femmes de cette communauté équivaut à plus du double de celui de la population générale. Selon une estimation du BCSI, les haredim représenteront dans 40 ans (toute chose restant égale) la moitié des juifs du pays.

Les arabes musulmans constituent la principale minorité (environ 1,2 million). Ils sont sunnites pour la plupart et résident principalement dans les petites villes et villages du nord (cf. carte). Les bédouins, environ 250 000 personnes elles aussi musulmanes, appartiennent à une trentaine de tribus réparties dans de vastes régions du sud. Ils sont en train de passer d’un statut de bergers nomades à une vie sédentaire. Les arabes chrétiens (principalement des melkites et des grecs- orthodoxes) sont à peu près 123 000 et vivent majoritairement dans les villes de Nazareth, Haïfa et Shefaram. Les druzes sont environ 122 000 et parlent arabe ; répartis dans une vingtaine de villages du nord, ils constituent une communauté religieuse et culturelle bien distincte, particulièrement intégrée à l’État hébreu et profondément déçue par la loi sur l’État-nation.
Enfin, les statistiques concernant les citoyens d’Israël incluent 4 000 circassiens, des musulmans sunnites aux lointaines origines caucasiennes ; les araméens, une minorité de seulement 200 familles chrétiennes israéliennes qui depuis 2014 ne sont plus identifiées aux arabes ; quelques centaines de samaritains et de Baha’is.♦

Dernière mise à jour: 02/04/2024 12:55

Sur le même sujet