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La Terre Sainte et le SBF, une collaboration ininterrompue

G. Claudio Bottini, Doyen émérite du Studium Biblicum Franciscanum
14 janvier 2021
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La Terre Sainte et le SBF, une collaboration ininterrompue
Bien avant la construction sur fonds russes de l'église du Puits de Jacob à Naplouse, on étudiait ce puits à double résonnance, par les références à Jacob et à la Samaritaine que rencontre Jésus (Jn 4).

Nées de l’audace du même custode de Terre Sainte, le père Ferdinando Diotallevi, les deux institutions le Studium Biblicum Franciscanum, Institut de recherches bibliques et archéologiques et la revue La Terre Sainte, ont entretenu dès leurs débuts des liens étroits. Les travaux des uns trouvaient écho dans la revue, qui a souvent bénéficié - et continue de le faire - de la plume des chercheurs.


Décision, audace et réalisme transparaissent clairement dans la note d’information que le père Ferdinando Diotallevi a confiée – il va sans dire – à la revue La Terre Sainte, pour annoncer l’ouverture de l’Institut. On peut en effet y lire : “Le 7 janvier dernier, dans notre grand et lumineux couvent de la Flagellation, l’année académique du nouvel Institut biblique de la Custodie de Terre Sainte a été inaugurée par un discours du Très Révérend Père Custode et une allocution du Père Gaudenzio Orfali”.

L’Institut entend “participer à la relance actuelle de la recherche palestinienne dans le débat sur les problèmes archéologiques et scripturaires encore en attente de résolution ou insuffisamment clarifiés… L’Institut s’ouvre avec quelques professeurs… et quelques étudiants… Mais qui peut juger le jour dès le premier lever de soleil ? Peut-être tous les sommets n’ont-ils pas été illuminés” (LTS 1924, p. 19-20). L’intrépide custode se référait, sans le dire, au texte du prophète Zacharie qui, à propos du jour de la nouvelle fondation du Temple de Jérusalem par Zorobabel, avait déclaré comme parole du Seigneur : “Qui donc méprisait le jour des modestes commencements ?”-Za 4, 10.

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Les deux initiatives culturelles que sont La Terre Sainte (LTS) et le Studium Biblicum Franciscanum sont nées de l’intuition énergique et décisive de ce custode, le père Ferdinando Diotallevi aux multiples facettes. La revue n’a précédé l’Institut que de quelques années, même s’il avait connu des débuts timides et une courte vie au début du XXe siècle. Il a fallu la ténacité et le courage du religieux pour anéantir toute hésitation et inaugurer le SBF le 7 janvier 1924, quelques mois avant la fin de son mandat. Dans les années qui suivirent, les nouvelles concernant les missions et les activités du père Gaudenzio Orfali, premier directeur du nouvel Institut, se trouvent ici et là éparpillés dans LTS : des nominations (vice-président de la Société orientale de Palestine, représentant de l’École franciscaine d’archéologie, président de la Société archéologique orientale) aux fouilles et aux restaurations qu’il mena notamment à Capharnaüm, jusqu’au souvenir de sa mort dramatique dans un accident de voiture le 20 avril 1926.

Le père Michele Piccirillo ne se contentait pas d’archéologie sur les sites antiques, il s’intéressait aussi à la vie actuelle et, ici, à l’érémitisme encore présent dans le pays.

Ce tragique événement a eu de graves et négatives conséquences sur la vie académique de l’École. Puis la Custodie de Terre Sainte, dans les années 1928-1930, a procédé à une reconstruction radicale du sanctuaire de la Flagellation et à une importante extension du couvent qui servait également de siège académique. LTS en italien le rapporte en novembre 1928 (p. 267-268) et en avril 1930 (p. 83-88, par A. Barluzzi). Les contributions n’étant pas signées, il est difficile de retracer par la suite la collaboration entre l’Institut Biblique Franciscain de la Flagellation – nom sous lequel il est désigné depuis quelques années – et la revue.

Cependant le contenu de certains articles et leur catalogage dans l’Index général de « La Terra Santa » de 1921 à 1940 (en italien), daté de 1946 à Jérusalem, nous permettent de les attribuer aux membres, professeurs et étudiants de l’Étude biblique sans toutefois pouvoir donner de noms. Ils couvrent les nouvelles archéologiques, les excursions, la liturgie et le musée de Jérusalem. On peut distinguer, par exemple, une série d’articles sur les “Fouilles de Capharnaüm et sa reconstruction partielle” parus par épisodes dans divers numéros de 1926-1927 et quelques chroniques détaillées de diverses excursions écrites par des étudiants de l’Institut : “Excursion en Galilée vers la Syrie” publié dans la revue (1930) ; “À travers la Galilée et la Syrie” (1931) ; “Notes d’un voyage au mont Sinaï” (1932) ; “De la tour Antonia à Qalaat Semân” dont l’histoire est étalée sur deux ans (1933 et 1934). Il en est de même pour la série d’articles parus en italien dans LTS de 1932 à 1940, sur la liturgie de l’Église de Jérusalem au IVe siècle, écrits par D. Baldi, directeur du Studium Biblicum de nombreuses années durant, et promoteur tenace de la récupération académique de l’Institut après la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) suivie du premier conflit israélo-arabe (1948-1949).

En 1932, LTS a également accueilli dans ses colonnes les nouvelles concernant l’acquisition par la Custodie de la propriété du mont Nébo et les fouilles archéologiques que les “Professeurs de l’Institut Biblique Franciscain” y mèneront par la suite. On est également informé que la nouvelle année académique 1932-1933 a commencé par une excursion en Galilée et en Syrie, et les noms des nouveaux professeurs sont indiqués. Parmi eux se distingue le père Sylvester Saller dont le nom sera lié à de très importantes fouilles en Terre Sainte.

C’est certainement grâce à la collaboration entre le SBF et la direction (anonyme !) de la revue qu’ont vu le jour quelques articles concernant deux types de fouilles archéologiques : celles du Nébo (le mont comme la ville), les premières confiées à l’Institut (chaque année de 1933 à 1936) ainsi que celles de Tabgha sur le site traditionnel des Béatitudes (1936). Ces contributions sont également anonymes, mais les notes de la rédaction évoquent le père Saller ainsi que le père Bellarmino Bagatti, arrivé à Jérusalem en 1935. Avec ces deux pionniers, l’archéologie est entrée d’autorité dans la revue et y restera jusqu’à nos jours avec les générations successives d’archéologues venus au Studium Biblicum. Dans La Terre Sainte 1938, apparaît la nouvelle de la participation de B. Bagatti au IVe Congrès d’archéologie chrétienne qui s’est tenu à Rome et où il a présenté, non sans succès, le thème “Anciennes habitations monastiques en Terre Sainte” et l’un de ses articles “Restauration du sanctuaire de la Visitation à Aïn Karem” (1939), finalement signé de l’abréviation “b. b.”

Le fait que les contributions bibliques et archéologiques soient rapportées dans la prestigieuse publication bibliographique annuelle éditée par l’Institut Biblique Pontifical de Rome (Elenchus Bibliographicus Biblicus / Elenchus de la Bibliographie Biblique), suffit à témoigner de leur haut niveau culturel.

Dès lors, la collaboration devient de plus en plus assidue et précieuse et les articles porteront le nom de leurs auteurs respectifs. À partir des années 50 surtout, d’autres membres du Studium seront également impliqués dans des articles de nature biblique, patristique, du début du christianisme ou du judéo-christianisme. Les précieux index de la revue parus ultérieurement permettent de retrouver facilement les données.

Le fait que les contributions bibliques et archéologiques soient rapportées dans la prestigieuse publication bibliographique annuelle éditée par l’Institut Biblique Pontifical de Rome (Elenchus Bibliographicus Biblicus / Elenchus de la Bibliographie Biblique), suffit à témoigner de leur haut niveau culturel. En témoigne également, à partir de 2006, la poursuite de la collaboration avec le Studium Biblicum Franciscanum, élevé en 2001 à la Faculté pontificale des sciences bibliques et d’archéologie. Les archéologues et les biblistes collaborent de façon permanente, tant avec des rubriques fixes qu’avec des articles spécialisés.

Dernière mise à jour: 14/03/2024 10:04

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