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Israël-Hamas : les armes se taisent, mais pas les causes de l’embrasement

Cécile Lemoine
21 mai 2021
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Israël-Hamas : les armes se taisent, mais pas les causes de l’embrasement
Des Palestiniens célèbrent le cessez-le-feu dans les rues de Gaza, vendredi 21 mai 2021. on May 21, 2021 ©Abed Rahim Khatib/Flash90

Un cessez-le-feu incertain est entré en vigueur entre le Hamas et Israël vendredi 21 mai, après onze jours de tirs de roquettes. Un retour au calme qui ne soigne pas les maux d'un pays fracturé.


Ils sont descendus par milliers dans les rues de Gaza pour célébrer l’évènement. L’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu sans conditions négocié entre Israël et le Hamas par l’Égypte, dans la nuit de jeudi à vendredi après 11 onze jours de violences consécutifs, est vécue comme une victoire par les Palestiniens : ils ont tenu tête à l’une des armées les plus puissantes du monde.

C’est un fait nouveau. En tirant plus de 4 000 roquettes depuis la bande de Gaza, le Hamas a contraint à plusieurs reprises des centaines de milliers d’Israéliens à s’abriter, et même interrompu le trafic aérien. Les affrontements auront finalement fait 12 morts côté israélien, contre plus de 240 côté palestinien. C’est déjà trop, mais c’est finalement peu comparé à la puissance de feu de l’État Hébreu qui a privilégié des frappes ciblées pour décimer les hauts fonctionnaires du Hamas et détruire le réseau de tunnels souterrain utilisé par le groupe islamiste. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou s’est félicité, dans une conférence de presse donnée vendredi 21 mai, « des efforts extrêmes » réalisés par l’armée pour ne pas nuire aux civils.

Calme déguisé et temporaire

La trêve ne reste qu’un pansement apposé sur une plaie gangrenée. Le calme est revenu, mais pour une durée indéterminée : les symptômes de l’embrasement n’ont pas été traités. « Le cessez-le-feu n’est qu’un calme déguisé et temporaire. Il disparaîtra d’ici peu de temps, quand les violations des droits des citoyens palestiniens recommenceront », estime Hamza Qattina, un avocat Hiérosolymitain interrogé par le média Middle East Eye.

L’affaire de Sheikh Jarrah, ce quartier de Jérusalem-Est que veulent se réapproprier des colons juifs et qui a mis le feu aux poudres dans un premier temps, n’est pas réglée. La Cour Suprême israélienne n’a fait que repousser la date d’un jugement qui traîne depuis plusieurs années et qui pourrait mettre à porte six familles palestiniennes.

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De même, les violences qui ont éclaté entre citoyens juifs et palestiniens israéliens dans les villes mixtes de Lod, Jaffa ou encore Beersheba, sont la grande nouveauté de ce conflit. Elles illustrent des fractures toujours plus profondes entre ces deux communautés dont les droits ne sont pas égaux aux yeux d’un État qui penche de plus en plus vers l’extrême droite. Juifs et palestiniens n’ont pas encore trouvé le socle de justice sur lequel bâtir une paix durable.

Le Hamas a prévenu. L’organisation reprendra ses tirs si la justice israélienne finit par expulser les Palestiniens de Sheikh Jarrah, et si la police s’en prend aux fidèles à Al-Aqsa. Une manière pour le parti au pouvoir à Gaza de pousser son avantage, alors qu’Israël assure avoir sérieusement réduit ses capacités militaires. Reste que si le Hamas a récupéré pour lui une partie du mouvement de protestation palestinien, il a surtout remis en selle Benjamin Netanyahou désireux de rester Premier ministre, alors qu’il était en position fragile faute d’avoir su constituer un gouvernement à l’issue des élections législatives.

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