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Solidarité des Eglises de Jérusalem face à l’occupation du Little Petra Hotel par des colons

Cécile Lemoine
30 mars 2022
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Solidarité des Eglises de Jérusalem face à l’occupation du Little Petra Hotel par des colons
Le patriarche grec-orthodoxe Theophilos III, entouré des chefs des Eglises de Terre Sainte venus exprimés leur soutien à l'hôtel Petra mardi 29 mars 2022 ©Cécile Lemoine/TSM

Une délégation de chefs des Eglises de Jérusalem et de diplomates étrangers a dénoncé, mardi 29 mars, l'intrusion de juifs radicaux dans un hôtel de Jérusalem lors d'une conférence de presse.


Réunis à l’hôtel Imperial à l’initiative du patriarche Grec-Orthodoxe Theophilos III, les chefs des Eglises de Jérusalem et quelques diplomates, dont le Consul général de France, ont protesté mardi 29 mars, contre l’occupation de l’hôtel Little Petra par un groupe de colons radicaux du groupe Ateret Cohanim depuis samedi 26 mars.

La propriété de cet immeuble, situé près de la porte de Jaffa à Jérusalem, est disputée depuis 20 ans devant les tribunaux israéliens. Vendus par l’ancien patriarche grec-orthodoxe, Irénée Ier, dans le cadre d’un accord controversé en 2004, l’hôtel Petra et son voisin l’hôtel Imperial sont depuis revendiqués par Ateret Cohanim. De son côté, le Patriarcat grec-orthodoxe n’a cessé d’accuser la partie adverse de fraude.

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« Le Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem s’est engagé dans des négociations de bonne foi avec le gouvernement israélien pour régler le statut de ces biens du patrimoine chrétien. On nous a assuré qu’il n’y aurait aucun changement dans le quartier chrétien pendant la durée de ces négociations. Les actions d’Ateret Cohanim cette semaine violent cette affirmation. En s’introduisant par effraction dans le Little Petra, ils agissent comme s’ils étaient au-dessus des lois, sans crainte de conséquences« , a dénoncé Theophilos III au cours de la conférence de presse avant d’appuyer : « Il ne s’agit pas seulement d’une menace pour deux hôtels, mais d’une menace pour l’ensemble de la présence chrétienne dans la vieille ville de Jérusalem. »

La porte menant au Little Petra, une partie indépendante de l’hôtel située au sous-sol, a été fracturée par les membres d’Ateret Cohanim dans la nuit du 26 au 27 mars ©Cécile Lemoine/TSM

Affirmant avoir été en contact téléphonique avec le président israélien Isaac Herzog, il a conclu en appelant l’organisation à « cesser ses activités criminelles dans le quartier chrétien » et à quitter les lieux sans attendre.

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Le Custode de Terre Sainte, frère Francisco Patton ofm, a exprimé sa solidarité dans une brève prise de parole : « Nous vous soutenons, nous sommes de votre côté. Nous demandons seulement que la loi soit respectée et que les négociations se déroulent dans le calme. » La délégation de religieux et de diplomates s’est ensuite rendue à l’hôtel Petra où elle a réaffirmé son soutien à la famille Kirresh, qui loue et dirige l’établissement pour le compte du patriarcat grec-orthodoxe.

« Leurs mots sont importants, mais concrètement nous allons devoir attendre une autre décision de justice pour que ces colons quittent le Little Petra. Nous sommes coincées« , soupire Suhad Kirresh, une des quatre soeurs qui gère un immeuble désormais sous haute surveillance policière. « Ateret Cohanim organise des roulements et la police protège les colons qui entrent et sortent« , explique Ibrahim, le fils de Suhad qui a tenté de déloger les occupants du bâtiment dimanche matin avant de se faire arrêter et enfermé durant sept heures au commissariat.

Ibrahim Marouff, sur le toit de l’hôtel Petra, géré par sa mère et ses tantes pour le compte du patriarcat grec-orthodoxe ©Cécile Lemoine/TSM

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