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Violences en Terre Sainte: l’appel à la paix des Eglises

Christophe Lafontaine
5 avril 2022
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Violences en Terre Sainte: l’appel à la paix des Eglises
Des policiers israéliens vus lors d'affrontements avec des manifestants à la porte de Damas dans la vieille ville de Jérusalem, pendant le mois sacré musulman du Ramadan, le 3 avril 2022 © Olivier Fitoussi/Flash90

Les Eglises à Jérusalem ont condamné le 2 avril les récents « actes de violence aveugles » en Terre Sainte et redoutent un embrasement. Elles appellent au « respect mutuel » et à une politique de tolérance religieuse.


« Au cours de ces semaines à venir qui sont sacrées pour nos traditions religieuses respectives, nous encourageons toutes les personnes de bonne foi à marcher sur le chemin de la paix qui est si central dans le symbolisme de Jérusalem, ‘‘la ville de la paix’’». Les patriarches et les chefs des Eglises chrétiennes à Jérusalem ont publié une déclaration commune samedi suite aux attentats et violences qui ont éclaté en Terre Sainte ces deux dernières semaines et au regard de calendriers religieux intenses qui se superposent ce mois-ci pour les trois religions monothéistes.

Les signataires souhaitent que les fidèles juifs, chrétiens et musulmans de Terre Sainte puissent « être de véritables témoins du monde de la vision commune de Paix/Shalom/Salaam qui est inscrite au cœur de [leurs] croyances religieuses distinctes mais entrelacées ».

Faisant ainsi explicitement référence aux attentats meurtriers de la fin du mois de mars en Israël, qui ont causé depuis le 22 mars la mort de 11 personnes, les patriarches et chefs des Eglises chrétiennes, après avoir condamné ces « actes de violence aveugles » qui « ont à leur tour conduit à de violents affrontements dans toute la région », ne cachent pas leur inquiétude et mettent en garde.

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« Avec cette augmentation soudaine des effusions de sang, écrivent-ils, nous partageons l’inquiétude généralisée que les tensions continueront d’augmenter pendant la rare confluence des grandes fêtes religieuses entre les trois religions abrahamiques : Ramadan, Pessa’h et Semaine Sainte/Pâques ». Et ils invitent ardemment les fidèles des trois religions «à manifester le respect mutuel et le souci du prochain qui sont au cœur des enseignements de chacune ».

Tenir l’esplanade des mosquées accessible, dixit le roi de Jordanie

Le communiqué appelle également les autorités gouvernementales de tutelle à exercer « des politiques de tolérance religieuse, de limitation de la force et d’atténuation du conflit». Avant-hier, le roi Abdallah II de Jordanie, qui revendique le rôle de « protecteur » des Lieux Saints chrétiens et musulmans à Jérusalem, a reçu un appel téléphonique du Premier ministre israélien Naftali Bennett, a fait savoir un communiqué du palais royal.

Le roi a souligné « la nécessité de mettre fin à toute mesure susceptible de provoquer des violences, d’aggraver le conflit et de compromettre les perspectives de paix ». Le souverain hachémite a également « exhorté à prendre les mesures nécessaires pour faciliter l’accès des fidèles musulmans à la mosquée Al-Aqsa, sans aucun obstacle, en particulier avec le début du mois sacré du Ramadan, qui est marqué par une augmentation du nombre de fidèles et de visiteurs musulmans venant à Al Haram Al Sharif [ndlr : esplanade des mosquées] ».

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Le roi avait déjà reçu à Amman la semaine dernière Isaac Herzog, le président Israélien, et avait rencontré à Ramallah Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité Palestinienne, pour traiter de la situation sécuritaire.

La guerre de mai 2021 est dans tous les esprits

Le contexte actuel fait craindre une répétition de la guerre de mai 2021 « Opérations gardiens des murs » qui avait opposé durant 11 jours le Hamas de Gaza à Israël et qui avait donné lieu à de nombreuses violences meurtrières entre Juifs israéliens et citoyens palestiniens d’Israël dans les villes mixtes en Israël.

Dimanche, des heurts ont éclaté lors de la deuxième nuit du Ramadan entre policiers et Palestiniens à proximité de la porte de Damas à Jérusalem, l’un des accès directs au quartier musulman. Le 31 mars, 70 Palestiniens ont été blessés dans des affrontements avec l’armée israélienne dans le secteur de Naplouse et un Palestinien a été tué par les forces israéliennes à Hébron, toujours en Cisjordanie, lors d’une manifestation contre la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés.

Samedi, trois membres du Jihad islamique palestinien ont été tués lors d’une fusillade avec les forces de sécurité en Cisjordanie, soupçonnés de vouloir mener un attentat en Israël.

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