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Réactions et craintes après le double attentat à Jérusalem

Christophe Lafontaine
24 novembre 2022
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Réactions et craintes après le double attentat à Jérusalem
Police et personnel de sécurité sur les lieux d'un attentat terroriste à Jérusalem, le 23 novembre 2022 ©Olivier Fitoussil/Flash90

Deux explosions à Jérusalem, non revendiquées, ont fait au moins un mort et plus d’une vingtaine de blessés, le 23 novembre. Nombre de pays les ont condamnées et, craignant une escalade, s’inquiètent de la situation.


Hier en début de matinée, à une demi-heure d’intervalle, deux stations de bus de Jérusalem ont été frappées par deux violentes déflagrations. Des bombes « de haute qualité » selon la police israélienne, et chargées de clous, ont blessé une vingtaine de personnes et tué un adolescent israélo-canadien. Un homme blessé est toujours dans un état critique. « Nous soupçonnons qu’il s’agisse d’une attaque combinée », a déclaré dans un communiqué la police israélienne, qui a lancé une chasse à l’homme.

Les engins explosifs auraient été commandés à distance. Pour l’heure, les attentats n’ont pas été revendiqués. La police a renforcé ses effectifs à Jérusalem et relevé le niveau d’alerte dans tout le pays. Et, « la grande question qui est sur toutes les lèvres (…) est : sommes-nous au début d’une nouvelle vague d’attentats ? », a écrit hier matin le quotidien Haaretz.

Depuis avril 2016, aucune attaque de ce type ne s’est produite à Jérusalem. Mais les deux explosions interviennent dans le contexte délicatdes négociations pour la formation d’un gouvernement israélien de droite dure, et sur fond de tensions accrues depuis des mois avec plus de 2000 raids de l’armée israélienne en Cisjordanie occupée, à la suite d’une recrudescence d’attaques armées palestiniennes anti-israéliennes.

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Ces raids ont fait plus de 125 morts du côté palestinien, un bilan sans précédent depuis sept ans, selon l’Onu. Aussi, il y a moins de 10 jours, une attaque au couteau dans la colonie d’Ariel a vu la mort de trois hommes et du terroriste palestinien. Ce week-end, Hébron a vu de violents heurts entre colons israéliens et résidents arabes. Et dans la nuit précédant le double attentat à Jérusalem, deux jeunes Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes à Naplouse, alors que des soldats israéliens escortaient des fidèles juifs vers le sensible Tombeau de Joseph.

Dans la même nuit, un groupe armé palestinien a kidnappé à l’hôpital de Jénine, la dépouille d’un jeune druze Israélien, mort dans un accident de voiture. Le corps a finalement été rendu aujourd’hui.

Un suivi attentif de la situation sécuritaire

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a déclaré sur Twitter son « immense tristesse » après la mort du jeune Aryeh Schupak en présentant ses condoléances à ses proches. « Le Canada condamne cette violence dans les termes les plus forts», a-t-il ajouté. Tor Wennesland, le coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a également condamné via Twitter les « horribles attaques terroristes à Jérusalem »

Karine Jean-Pierre, porte-parole de la Maison Blanche, dans une déclaration, a dénoncé la double attaque et affirmé que « les Etats-Unis [avaient] offert toute l’aide appropriée au gouvernement d’Israël alors qu’il enquête sur les attentats et qu’il œuvre à traduire les auteurs de ces attaques devant la justice ».

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Le Service européen d’action extérieure, l’organe diplomatique de l’Union européenne (UE), a condamné dans un communiqué « dans les termes les plus forts » l’attentat. L’UE s’est aussi dit « préoccupée par la dangereuse escalade de la violence en Israël et dans le territoire palestinien occupé ». Comme la Turquie qui n’a pas caché ses inquiétudes et qui a aussi condamné « l’attaque terroriste visant des civils », dans un communiqué de sonministère des Affaires étrangères.

Dans une déclaration du Quay d’Orsay, la France a dit suivre « avec attention l’évolution de la situation. Elle réitère son soutien constant à la sécurité d’Israël et sa détermination à rester engagée pour lutter contre le terrorisme et garantir la stabilité et la sécurité de toute la région ».

Le Hamas n’a pas revendiqué les attentats mais les a salués

Sur la scène locale, le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui règne sur la bande de Gaza, n’a pas revendiqué les attentats mais, s’en est félicité, les considérant dans un communiqué comme « le prix des crimes et des agressions » d’Israël « contre notre peuple ». Même son de cloche chez le Jihad islamique palestinien.

Le Premier ministre sortant YairLapid a promis que les forces de sécurité allaient capturer les auteurs des attentats et Benjamin Netanyahu désigné pour former un gouvernement à la suite des élections législatives du 1er novembre a déclaré qu’il ferait « tout pour rendre la sécurité à tous les citoyens israéliens et nous le ferons rapidement ».

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« Nous devons former le gouvernement le plus tôt possible car le terrorisme, lui, n’attend pas », a soutenu de son côté,hier, Itamar Ben Gvir, étoile montante de l’extrême droite, qui vise le ministère de la sécurité publique et plaide pour des « assassinats ciblés » de membres de groupes terroristes palestiniens. « Nous devons exiger un prix de la terreur », a-t-il lancé.

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