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Un fortin grec brulé par les Maccabées découvert à Lakish

Christophe Lafontaine
16 novembre 2021
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L'excavation dans la forêt de Lakish, vue aérienne. ©Vladik Lifshits, Autorité des antiquités d'Israël



Après la révolte des Maccabées contre les Séleucides de 175 à 140 av. J.-C., des batailles ont continué. Des archéologues révèlent ainsi des « preuves tangibles » d’une bataille entre les deux camps à Lakish vers 112 av. J.-C.


Une panoplie d’armes, des poutres en bois brûlées, des dizaines de pièces de monnaie et une structure fortifiée hellénistique incendiée. Ce sont les traces d’une bataille qui s’est déroulée dans la forêt de Lakish, au centre-sud de l’actuel Israël, à une soixante de kilomètres au sud de Jérusalem, il y a près de 2 100 ans. Les vestiges sont actuellement mis au jour dans le cadre de fouilles de l’Autorité des antiquités d’Israël (AAI).

Selon Saar Ganor, Vladik Lifshits et Ahinoam Montagu, directeurs des fouilles au nom de l’AAI, le bâtiment hellénistique est la « preuve tangible d’une bataille entre les Hasmonéens et les Séleucides. »

Les Maccabées, famille juive, fondèrent la dynastie des Hasmonéens au pouvoir en Judée jusqu’à environ 40 avant J.-C. Les Séleucides étaient, quant à eux, une dynastie de l’époque hellénistique régnant alors sur une vaste portion du Moyen-Orient, et issue de Séleucos Ier, l’un des Diadoques, c’est-à-dire l’un des dauphins, d’Alexandre le Grand.

Ligne fortifiée

Les archéologues ont estimé que le bâtiment retrouvé dans la forêt de Lakish, faisait partie d’une ligne fortifiée érigée par les commandants de l’armée hellénistique pour protéger d’une offensive hasmonéenne, Maresha, aujourd’hui un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco, qui fut la plus grande ville hellénistique de la région et la capitale de l’Idumée, région qui s’étendait du sud des monts de Judée au nord du Néguev. Sur le sommet d’une haute colline, le site fortifié jouissait stratégiquement d’une vue sur l’ancienne route qui reliait la plaine côtière à la ligne montagneuse au centre du pays. 

Cependant, selon les constatations sur le terrain, « les découvertes du site montrent que les défenses séleucides ont échoué ; le bâtiment excavé a été gravement brûlé et dévasté par les Hasmonéens », font remarquer les archéologues.

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Le bâtiment de 15 m² était un vrai fort avec des murs extérieurs d’une largeur d’au moins trois mètres, construits en grosses pierres. Les murs, inclinés, empêchaient les ennemis de les escalader, a indiqué l’AAI. Sept salles composaient l’intérieur du fort. Les cloisons ont été conservées « jusqu’à une hauteur exceptionnelle d’environ deux mètres », soulignent les archéologues. Les fouilles ont également mis au jour une cage d’escalier qui n’a pas été conservée mais qui prouve qu’il y avait un deuxième étage. Le bâtiment devait avoir une hauteur d’environ cinq mètres de haut.

Un fort détruit par le chef hasmonéen Jean Hyrcanus

Les archéologues ont également mis au jour des centaines d’artéfacts, notamment de la poterie, des lance-pierres, des armes en fer, et des dizaines de pièces de monnaie datées de la fin du IIe siècle avant J.-C. « La dévastation de l’édifice est probablement liée à la conquête de la région par le chef hasmonéen Jean Hyrcanus vers 112 avant J.-C. », estiment les archéologues.

Objets retrouvés dans les fouilles de la forêt de Lakish : poteries, pierres de fronde, armes… ©Davida Eisenberg-Degen, Autorité des antiquités d’Israël

 

Les conquêtes de Jean Hyrcanus, décrites dans les Livres des Maccabées et dans les récits de l’historien Flavius Josèphe, ont conduit à l’expansion de l’Etat hasmonéen vers le sud.

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L’oncle de Jean Hyrcanus, Judas Maccabée fut à la tête des forces juives pendant la révolte des Maccabées de 175 à 140 av. J.-C., qui menèrent une résistance contre la politique d’hellénisation pratiquée par les Séleucides au IIe siècle av. J.-C. La révolte fut marquée par plusieurs batailles débouchant sur la victoire des Maccabées et à l’établissement de la première entité juive souveraine indépendante.

Mais aucun Séleucide ne reconnut l’autonomie juive, et plusieurs tentatives de leur part ont été menées pour récupérer la Judée, parfois avec succès, parfois sans – comme ce fut a priori le cas lors de la bataille de Lakish -, et ce, jusqu’en 64 av. J.-C., où fortement amoindri par d’inextricables querelles de succession, le royaume passa aux mains des Romains. La destruction de la forteresse de Lakish est donc l’un des témoins des batailles que la dynastie des Maccabées a continué à livrer même après avoir retrouvé l’indépendance de la Judée au IIe siècle av. J.-C. 

Dans le sillage du récit de Hanoukka

L’un des points de départ de la Révolte des Maccabées fait suite à la consécration par Antiochus IV des Séleucides en 168 av. J.-C. du temple de Jérusalem à Baalshamin, une divinité phénicienne, et de ses décrets antijuifs ordonnant d’abolir la Torah et imposant d’offrir des porcs en holocauste, en plus d’interdire la circoncision. En 165 av. J.-C., même si les guerres allaient encore se poursuivre de longues années, les Maccabées remportèrent une victoire militaire et se rendirent au Temple pour purifier le lieu saint. Ils consacrèrent un nouvel autel. C’est le sens du mot Hanoukka qui signifie « dédicace ».

Les Maccabées allumèrent la ménorah avec la seule fiole d’huile consacrée qui restait. Se produisit le miracle permettant aux prêtres du Temple de faire brûler pendant huit jours une quantité d’huile normalement à peine suffisante pour une journée. C’est pourquoi Hanoukka est également appelée « fête des lumières ».

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A l’aune de cela, les archéologues Saar Ganor, Vladik Lifshits et Ahinoam Montagu, ont rapprocher les découvertes de Lakish à la grande histoire des Maccabées, estimant que le site des fouilles « fournit des preuves tangibles des histoires de Hanoukka » qui sera fêtée dans moins de deux semaines, à partir du 28 novembre au soir.

Les fouilles ont été menées dans le cadre du projet de la route des rois de Judée, actuellement en développement, en coopération avec le Fonds national juif, financé par le ministère de Jérusalem et du patrimoine, avec l’aide de lycéens. Après les fouilles, le bâtiment fera l’objet d’une restauration et sera ouvert au grand public.

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