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Les secrets des plaques en céramique dans la Vieille Ville de Jérusalem

Christian Media Center
5 juin 2025
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Travail de colorisation avant cuisson d'un plat de céramique arménienne ©Hadas Parush/Flash90

Elles contribuent à donner leur cachet aux rues de la vieille ville de Jérusalem. Les céramiques arméniennes sont un trésor partagé entre la communauté arménienne, qui en connaît tous les secrets, et les habitants de Jérusalem qui se les sont appropriées.


Les plaques murales en céramique de la Vieille Ville de Jérusalem révèlent les secrets d’un art ancestral, transmis depuis plus d’un siècle au sein d’une famille arménienne.

Hagop Karakashian, Chrétien arménien de Jérusalem

Je suis issu de la troisième génération de la famille Karakashian, spécialisée dans la céramique arménienne à Jérusalem. Tout a commencé en 1919, sous le Mandat britannique, lorsque le gouverneur de l’époque, Sir Ronald Storrs, exprima le souhait de restaurer les carreaux Qashani du Dôme du Rocher. Pour ce faire, il invita à Jérusalem un maître céramiste arménien, David Ohannessian, originaire de la ville de Kütahya, en Turquie, afin qu’il examine le projet et en réalise une étude préliminaire. À l’issue de cette étude, il fut décidé de remplacer 48 000 carreaux entourant le Dôme. Ohannessian retourna alors à Kütahya pour constituer une équipe d’artisans, parmi lesquels se trouvaient mon grand-père, Megerditch Karakashian, et Nishan Balian, spécialiste du modelage de l’argile.

La maîtrise de cet art a été une voie de survie pour trois familles arméniennes, qui ont échappé aux atrocités perpétrées par les Ottomans lors des massacres de leur peuple.

Hagop Karakashian, Chrétien arménien de Jérusalem

Les trois familles quittèrent la Turquie durant les massacres des Arméniens perpétrés par les Ottomans et arrivèrent à Jérusalem, où elles se distinguèrent en réalisant des échantillons de carreaux à soumettre à l’approbation des autorités britanniques. Les Anglais apprécièrent grandement leur travail et approuvèrent leurs modèles, mais les Awqaf islamiques empêchèrent la poursuite du projet, arguant que les chrétiens arméniens n’étaient pas autorisés à travailler sur une propriété religieuse islamique (waqf).

Ce refus fut néanmoins à l’origine du premier atelier de céramique en Terre Sainte, fondé en 1919.

Hagop Karakashian, Chrétien arménien de Jérusalem

La deuxième génération était représentée par mon père et mon oncle. En 1966, mon père Stepan Karakashian, fut chargé par la Jordanie en 1966 de réaliser des plaques en céramique dans la Vieille Ville, en arabe et en anglais.

Hagop Karakashian, Chrétien arménien de Jérusalem

En 1967, avec l’arrivée des Juifs, le maire israélien de l’époque, Teddy Kollek, demanda à mon père d’ajouter les noms des rues également en hébreu, au-dessus de l’arabe et de l’anglais. Cette disposition témoigne donc que la langue hébraïque n’a été ajoutée qu’après 1967.

Ces plaques murales trilingues offrent aux pèlerins une image vivante du tissu social et religieux de la Ville Sainte.

Hagop Karakashian, Chrétien arménien de Jérusalem

Je crois que le nombre de plaques réalisées par mon père s’élève à environ 250, car Jérusalem compte de nombreux quartiers et ruelles.

Concernant la présence arménienne dans la ville de Jérusalem, Hagop affirme :

Hagop Karakashian, Chrétien arménien de Jérusalem

Beaucoup de jeunes ont quitté Jérusalem pour émigrer aux États-Unis, en Australie et au Canada, en raison de l’instabilité politique de la région, du manque d’opportunités professionnelles et, par conséquent, de la difficulté à fonder une famille. Malheureusement, le nombre d’Arméniens a ainsi diminué. Mais malgré tout, nous sommes toujours là et nous espérons que la guerre prendra fin et que le tourisme recommencera comme avant, afin que nous puissions rester et continuer à vivre ici.

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